Vigée-Lebrun (Élisabeth)
Peintre français (Paris 1755 – id. 1842).
Elle a laissé la source la plus précieuse qui soit pour une biographie : ses Souvenirs (1835-1837), qui racontent sa vie année par année. Elle fut élève de son père, Louis Vigée, de J. Vernet et de Greuze, et elle épousa en 1776 le célèbre marchand de tableaux J.-B. Lebrun. Avant même d'être reçue, en 1783, à l'Académie (la Paix ramenant l'Abondance, 1780, Louvre), elle devint en 1779 le peintre officiel de la reine, dont elle a laissé plus de 30 effigies (pour la plupart originales), et des dames de la Cour (Marie-Antoinette et ses enfants, 1787, Versailles). Personnage très parisien (son souper grec est resté fameux à travers toute l'Europe), elle exécuta aussi de beaux portraits d'artistes : Hubert Robert (1788, Louvre). Sous la Révolution, elle se réfugia à l'étranger (Italie, 1789-1793 ; Vienne, 1793-94 ; Saint-Pétersbourg, 1795-1802), devint membre de diverses académies (Académie de Saint-Luc à Rome, Académie de Saint-Pétersbourg), portraiturant la société des cours et des émigrés (Élisabeth Alexeevna, 1798, musée de Montpellier). Rentrée en France en 1802, elle continua de voyager à travers l'Europe (Angleterre, en 1802-1805, où elle rencontra B. West et admira les œuvres de Reynolds ; Hollande, en 1805 ; Suisse, en 1808-1809). Dans la plus grande partie de ses portraits, l'artiste conserve le métier délicat du XVIIIe s. et y apporte la même sensibilité nouvelle que ses contemporains étrangers, tels P. Batoni ou A. Kauffmann : Mme Vigée-Lebrun et sa fille, 1786 (Louvre). Elle laissa plusieurs autres Autoportraits (id. ; Offices ; Rome, Académie de Saint-Luc ; Ermitage). Les musées français et russes conservent les deux plus grands ensembles de sa production.
Vignali (Jacopo)
Peintre italien (Pratovecchio 1592 – Florence 1664).
Élève de Matteo Rosselli, puis maître de Carlo Dolci, il est l'une des figures les plus significatives de la peinture florentine de la première moitié du XVIIe s. dans la tendance de tendresse ambiguë et de naturalisme décoratif amorcée par Cigoli.
Ses peintures — surtout des sujets religieux ou dramatiques, à lumières fortement contrastées, sur fonds fumeux, et imprégnés de dévotion et de sensualité — révèlent quelques effets d'authentique émotion : toiles animées (Saint Pierre réveillé par l'ange, l'Ange et saint Jean l'Évangéliste, les Anges libérant les âmes du purgatoire) de S. Gaetano (v. 1637) ou la grande Madeleine de S. Annunziata (v. 1642), frémissante de passion contenue. Dans la dernière phase de son activité, Vignali fut influencé par des artistes plus jeunes, comme Martinelli, Riposo et même son élève Carlo Dolci. Outre les œuvres conservées à Florence (Pitti, Casa Buonarroti, Seminario Minore, Casino di S. Marco ; églises S. Simone, S. Stefano in Pano, Misericordia) et en Toscane (S. Casciano Val di Pesa, Castellina, Badia a Ripoli), on trouve des tableaux de Vignali notamment à l'Ermitage, au Vassar College Art Gal., à la Bob Jones University, Greenville (South Carolina) [Triomphe de David], au musée de Ponce à Porto Rico (Céphale et l'Aurore), au musée du Puy.
vignette
Nom réservé à l'origine à l'ornement du livre qui se trouve en haut de la page en tête de chapitre, mais qui s'est étendu à tout ornement qui n'occupe pas toute la page (bandeaux, culs-de-lampe). Littré dit que de son temps on emploie ce terme même pour les illustrations en pleine page lorsqu'elles sont entourées d'un cartouche. Les vignettes connurent un développement immense à l'époque romantique.
Vignon (Claude)
Peintre français (Tours 1593 Paris 1670).
Des artistes français de la première moitié du XVIIe s., Vignon est l'un de ceux dont le style est le plus aisé à reconnaître et qui a le plus produit. Mais il est aussi l'un de ceux qui se sont montrés les plus ouverts aux influences les plus variées, des maniérisants parisiens et des caravagesques comme des maîtres de Rembrandt, des Fetti, Guerchin, Simon Vouet, etc.
Après un apprentissage à Paris, il est en Italie dès 1610, et à Rome en 1617, l'année de son Martyre de saint Matthieu (musée d'Arras), qui fait penser à Borgianni et à Serodine. L'année suivante, il grave, d'après son ami Simon Vouet, les Amants (l'original est sans doute auj. à Rome dans la coll. Pallavicini). De 1619 date son étonnante Adoration des mages (musée de Dayton [Ohio], gravée par l'artiste lui-même, dessin préparatoire au Louvre), qui avait pu passer, non sans raison, comme étant l'œuvre de Domenico Fetti. En 1622, sans doute, l'artiste remporte avec les Noces de Cana (Potsdam, tableau détruit en 1945) le concours organisé par le prince Ludovisi. Il semble, durant ces mêmes années, avoir entrepris un aventureux voyage en Espagne.
Le 21 janvier 1623, Vignon signe, à Paris, son contrat de mariage avec Charlotte de Leu. Les 2 tableaux datés que nous connaissons de cette année-là, le Saint Ambroise (Minneapolis, Inst. of Art) et Jésus parmi les docteurs (musée de Grenoble), marquent une évolution vers une peinture plus claire et plus décorative, que confirment les tableaux datés de 1624 (Esther devant Assuérus, Louvre ; la Transfiguration, église de Châtillon-Coligny [Loiret] ; l'Adoration des mages, Paris, église Saint-Gervais). Désormais, Vignon produira pour les églises de la France entière (les jésuites seront de fidèles clients) plusieurs dizaines de tableaux par an, se faisant aider, pour suffire à la commande, par ses nombreux enfants (les auteurs du XVIIe s. en mentionnaient 34, nés de ses deux mariages). Mais l'artiste ne se limite pas aux seuls tableaux religieux (Circoncision, Lyon, cathédrale Saint-Jean ; Adoration des mages, église de Fère-en-Tardenois [Aisne] ; série de tableaux d'Arc-et-Senans [Doubs] ; Lavement des pieds, 1653, musée de Nantes), il aborde aussi l'histoire médiévale ou récente (Godefroy de Bouillon, Paris, église Saint-Roch ; galerie de Thorigny-sur-Vire, 11 tableaux détruits pendant la dernière guerre), comme l'histoire ancienne (Antoine et Cléopâtre, Sarasota, Ringling Museum ; la Mort de Sénèque, Louvre ; Crésus, 1629, musée de Tours ; les Sept Sages de la Grèce, les Femmes fortes, séries connues par la gravure et le dessin), s'attaque à la mythologie (les Adieux, Dijon, musée Magnin), au portrait (François Langlois, coll. part., en prêt au Wellesley College, États-Unis), dessine et grave d'abondance. Cette activité le conduit à entrer à l'Académie, non pas parmi les fondateurs, mais cinq ans plus tard, en 1653, où il est reçu en qualité d'ancien et de professeur. Quand Vignon disparaît, ses amis de Rome ne sont plus, ses protecteurs parisiens, Louis XIII et Richelieu, sont morts depuis longtemps, et sa manière de peindre, avec une touche grasse et d'épais empâtements, sans que jamais les couleurs ne soient mélangées, où l'or rutile sur les fonds sombres, devait paraître bien désuète. Il faudra attendre 1934 (exposition des Peintres de la réalité) pour que l'originalité de l'artiste soit de nouveau admise et que l'on se souvienne qu'il avait connu Rembrandt, dont il parle avec admiration dans une lettre à son ami le marchand Langlois (il fait figure de précurseur en la matière). Des tableaux comme le Jeune Chanteur du Louvre ou les Deux Buveurs d'une coll. part. anglaise auraient dû cependant suffire à lui assurer, parmi les caravagesques de l'époque, une bonne place.
Peu d'artistes de ce groupe ont eu, en effet, une telle imagination, une aussi grande facilité et une fougue comparable. Claude Vignon était apprécié aussi en tant que grand connaisseur. Les musées de Tours, Arras et Toulouse ont consacré à Vignon une importante exposition en 1993-94.