Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Barceló (Miquel)

Peintre espagnol (Felanitx, Majorque, 1957).

Ses œuvres récentes ont été présentées à Paris (G.N. du Jeu de Paume) en 1996 et le Centre Pompidou lui a consacré une exposition " Impressions d'Afrique " la même année. Étudiant en 1973 aux Arts et Métiers de Palma, de 1974 à 1975 à l'école des Beaux-Arts de Barcelone, il expose pour la première fois au musée de Palma de Majorque en 1976. Remarqué lors de l'exposition " Otras Figuraciones " (Fundacion Caixa de Pensions, Madrid, 1981), il est invité à participer à la Documenta de Kassel en 1982. Avec cette date coïncident le début de sa carrière internationale et son départ d'Espagne. Ses œuvres abordent des genres traditionnels, paysages et portraits, et plus particulièrement la nature morte, pour laquelle il utilise une grande diversité de techniques. Vers 1981-82, de nombreuses œuvres font état de collages (toiles rapportées, papiers, objets). Des peintures plus tardives réalisées de 1984 à 1985 sont de grandes compositions où se mêlent sujets classiques et thèmes autobiographiques : paysages, natures mortes, autoportraits, peintures du musée du Louvre et des grandes bibliothèques (Bibliothèque à la mer, 1984 ; le Louvre, Grande Galerie, 1985). Plus que le sujet, le traitement de la matière est l'objet véritable de la recherche picturale de Barceló. Chaque toile est pour lui " une table d'expérience " (Blanc de zinc, blanc de plomb, 1992). Barceĺo pratique aussi la sculpture. De nombreuses galeries ont exposé son œuvre (gal. Yvon Lambert à Paris de 1983 à 1987 ; gal. Bischofberger à Zurich de 1984 à 1988 ; gal. Castelli à New York en 1986 et 1987). Sous l'intitulé " Barceló Barcelona ", la ville de Barcelone consacre à l'artiste une importante exposition en 1987, organisée à l'intérieur de la Casa de la Caritat. Ses propres œuvres s'y trouvent confrontées à des pièces du patrimoine catalan, soulignant la richesse des sources et des citations qui traversent sa peinture.

Barendsz (Dirk)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1534  – id.  1592).

Barendsz, fils d'un peintre, partit pour l'Italie à 21 ans et y resta sept ans. On retrouve curieusement son nom parmi les graffiti de la Domus Aurea. Élève du Titien à Venise vers 1555, il retourne à Amsterdam en 1562. Peintre cultivé, son œuvre essentielle reste le monumental triptyque de l'Adoration des bergers (v. 1550-1560, musée de Gouda), sa seule peinture religieuse conservée et l'un des très rares tableaux d'église hollandais épargnés par les iconoclastes du XVIe s. Barendsz y apparaît comme une personnalité prébaroque exceptionnelle marquée par la double influence de la grande manière vénitienne et de l'expressionnisme de Heemskerck. Son Banquet de 1566 (Rijksmuseum), d'un puissant réalisme comparable à celui de Pieter Pietersz, constitue, après Anthonisz, un jalon important dans l'histoire du portrait collectif aux Pays-Bas, qui conduira à Hals et à Rembrandt. Ses quelques dessins connus (Rijksmuseum ; Londres, V. A. M.) attestent une nette parenté avec les réunions galantes d'un Hieronymus Francken par leur contenu mi-allégorique, mi-moralisateur ; ils introduisent directement à la peinture de genre mondaine, si cultivée au début du XVIIe s. dans les cercles de Haarlem et d'Amsterdam. L'œuvre de Barendsz reste malheureusement perdue aux trois quarts, ce qui empêche de rendre à l'artiste sa véritable place, celle d'un Maerten de Vos hollandais, au premier rang de tous les maniéristes nordiques. On a pourtant redécouvert récemment 24 esquisses monochromes (quatre sont au Louvre) d'une série qui devait en comporter 40, œuvres préparatoires pour une Vie du Christ, gravée par Jan I Sadeler.

Barlow (Francis)

Peintre et illustrateur britannique (Lincolnshire ou Londres, mentionné à partir de 1648  Londres 1704).

Peut-être formé chez le portraitiste William Sheppard, il entra dans la corporation des Peintres de la Cité en 1650 et, v. 1652, acquit son indépendance dans l'exercice de sa spécialité, la peinture animalière (oiseaux, poissons, scènes de chasse). De 1660 à 1680, il exécuta sur ces thèmes des toiles décoratives peintes dans le style hollandais et destinées à des maisons de campagne du Surrey, notamment Ham House, Richmond et Pyrford (les œuvres de cette dernière se trouvent aujourd'hui dans la maison voisine de Clandon Park). Barlow fut aussi un dessinateur et un illustrateur très fécond, collaborant au Multae et Diversae Avium Species (1658) et exécutant, à partir de 1666, les dessins pour une édition des Fables d'Ésope. On l'a appelé à juste titre le père de la " sporting painting " en Angleterre.

Barna

Peintre italien (actif en Toscane, 1re moitié du XIVe s.).

Les sources anciennes mentionnent, à partir de Ghiberti, un maître Barna (qui serait mort en 1381, date sans doute erronée), qui aurait été l'auteur du cycle de fresques de l'Ancien Testament de la collégiale de San Gimignano. La critique récente a restitué ce cycle à Bartolo di Fredi et, pensant qu'il s'agissait d'une erreur de lecture, a attribué à Barna le cycle du Nouveau Testament de la même église, attribution elle aussi controversée. On a proposé d'identifier ce mythique Barna avec Barna Bertini, présent dans les archives en 1340 à San Pellegrino.

   Malgré son inconsistance biographique, sa personnalité artistique dans l'entourage de Simone Martini est aujourd'hui bien cernée et son corpus d'œuvres cohérent, même s'il ne fait pas l'unanimité de la critique.

   Un petit nombre de panneaux a été groupé autour du nom de " Barna " : la Vierge à l'Enfant (Asciano, musée) ; quatre Saints en trône (Palerme, anc. coll. Bordonaro ; musées de Pise et d'Altenburg) qui proviendraient d'un autre polyptique (peut-être à l'origine à l'église de San Paolo à Ripa d'Arno, près de Pise) dont feraient aussi partie le Christ bénissant (Douai, musée), deux Saints ermites (Altenburg, musée) et une Sainte Madeleine au Petit Palais à Avignon ; un diptyque à Florence (musée Horne). Dans la deuxième partie de sa production, Barna semble proche du Maître de la Madone du Palazzo Venezia comme le montrent le diptyque de la Crucifixion et déposition (Oxford, Ashmolean Museum) et l'Annonciation et six saints (musées de Berlin), Assomption (Munich, Alte Pin.), le Mariage mystique de sainte Catherine (Boston, Museum of Fine Arts), la Vierge à l'Enfant (Portland, musée), le Christ portant sa croix (New York, Frick coll.).

   La tendance actuelle est d'intégrer ses œuvres dans la " bottega " des Memmi (Bellosi). Certains auteurs pensent pouvoir identifier Barna avec le frère de Lippo, Federico Memmi (Moran, Volpe), ou avec Lippo Memmi lui-même (Caleca, Boskovits).

   Un beau Polyptyque à San Niccoĺo de Casciana Alta, près de Pise, fait le lien entre le groupe Barna et le groupe " Memmi ".