Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Dekkers (Ger)

Peintre néerlandais (Borne 1929).

Il effectue ses études à l'École des beaux-arts d'Enschede. Depuis le début des années 1970, Ger Dekkers a recours à la photographie pour s'exprimer : il photographie le paysage néerlandais en utilisant une méthode fondée sur les particularités de l'appareil photographique. Chaque thème (digues, jetées, chemins, routes...) est photographié sous plusieurs angles, l'objectif étant déplacé latéralement ou verticalement de façon systématique selon un principe déterminé. L'idée est d'obtenir des séquences qui à la fois décrivent la réalité et composent une image constituée de lignes, de surfaces et de couleurs qui se recomposent pour elles-mêmes. Ger Dekkers a exposé à Amsterdam au Stedelijk Museum en 1974 ainsi qu'au Rijksmuseum Kröller-Müller d'Otterlo en 1977.

Del Marle (Aimé Félix Mac)

Peintre français (Pont-sur-Sambre, Nord 1889  – id. 1952).

Issu de la bourgeoisie aisée, il s'installa, après des études classiques, à Paris, où il connut Apollinaire et Severini, qui, en 1912, partagea son atelier rue Dutot. Lié à Marinetti et à Boccioni, il adopta avec enthousiasme l'esthétique futuriste en 1913, interprétant diverses scènes urbaines, des combats de catch, des impressions musicales, des portraits. Seul véritable " futuriste français " selon Apollinaire, il expose la même année chez Clovis Sagot et publie le 13 juillet, dans Paris-Jour, le " Manifeste futuriste à Montmartre ", s'élevant contre " cette vieille lèpre romantique ". Il présente le Port aux Indépendants de 1914, tableau qui représente la somme de ses recherches futuristes. Mobilisé, il reste en correspondance avec Marinetti et partage ses idées sur le rôle de la guerre, attitude qu'une expérience des tranchées modifiera : en 1916-17, il publie un journal antimilitariste, Tac à Tac Teuf Teuf. De nouvelles relations, Kupka en 1920, Mondrian et Van Doesburg vers 1922, décidèrent de son adhésion au mouvement De Stijl. Avec Donce Brisy, il anime à Lille un petit groupe de néo-plasticiens original et une revue, Vouloir, créée en 1924 et qui devient en 1927 Revue mensuelle d'esthétique néo-plastique. Préoccupé par les possibilités pratiques et sociales de ce mouvement, il crée des meubles et des décorations architecturales. En 1926, il collabore à la décoration de l'appartement de Léonce Rosenberg. Après un bref arrêt de son œuvre et sa conversion au catholicisme, il recommence à peindre des tableaux figuratifs qui deviendront bientôt surréalistes avant de revenir à l'Abstraction et au Néo-Plasticisme, à partir de 1945. Il fut associé à la revue Art d'aujourd'hui et l'un des principaux animateurs du Salon des réalités nouvelles ainsi que le principal initiateur du groupe Espace en 1951. Son dernier projet de décoration néo-plastique, les polychromies intérieures et extérieures des usines et des cités Renault à Flins, fut achevé après sa mort. Une petite rétrospective de son œuvre a été présentée au Salon des réalités nouvelles, à Paris, en 1953, et à Valenciennes en 1957. L'artiste est représenté dans les musées de Cholet, Grenoble, Paris (M. N. A. M.).

Del Pezzo (Lucio)

Peintre italien (Naples 1933).

Il débute en liaison avec le Gruppo 58. En effet, ses premières expériences — des assemblages d'objets disparates (cordes, engrenages, fragments d'ex-voto) — se rattachent aux recherches " néo-surréalistes " de ce mouvement. Elles interprètent le principe des accumulations dadaïstes à travers des suggestions ironiques et populaires (Tavola ricordo II). À partir de 1962 un sévère dépouillement des moyens picturaux préside à une conception architecturale plus rigoureuse. C'est la naissance des tableaux-objets, montages de morceaux de bois aux formes simplifiées monochromes blancs pour la plupart, relevés dans la période suivante de détails aux couleurs pures et vives. La peinture métaphysique est transposée par des moyens d'expression personnels, par l'introduction d'une iconographie inédite empruntée au monde du jeu (quilles, tir à la cible) et par l'intervention d'éléments tirés de l'architecture " Liberty " ou " constructiviste " (console, stuc) : Grande Raccolta metafisica (1963).

   Plus tard, les références à l'Op'Art mènent aux puzzles ironiques (série des " échelles chromatiques " : Grande Squadra d'argento, 1965). Son œuvre est conservée à Rome (G. A. M.), à Paris (M. N. A. M.), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à New York (M. O. M. A. ; Guggenheim Museum).

Del Po (Giacomo)

Peintre italien (Rome 1652  – Naples 1726).

Il réside à Rome jusqu'en 1683 et manifeste dans ses premières œuvres un éclectisme incertain, à mi-chemin entre P. da Cortona et Maratta. Cette attitude est encore évidente dans les peintures qui marquent ses débuts en Campanie. Les 2 toiles de S. Antonino de Sorrente (la Peste de Sorrente, le Repos pendant la fuite en Égypte), peintes en 1685-1687 et 1689 dans la tradition romaine, offrent cependant quelques timides notations giordanesques. Sa manière s'infléchit nettement vers le style napolitain en 1693, comme en témoignent les toiles de S. Agostino degli Scalzi de Naples (l'Annonciation). Là, l'influence de Solimena est sensible ; chaque élément classique est évincé au profit de l'accentuation des contrastes de lumière. La Déposition de S. Maria di Ognibene (Naples), les toiles (Sainte Catherine refusant d'adorer les idoles) de S. Caterina a Formiello (Naples) marquent la naissance d'une composition encore plus fluide, plus étroitement liée à l'art de Giordano. L'atmosphère fantastique, l'audacieux chromatisme métallique animent des figures d'un mysticisme ambigu et sensuel, dérivé de Corrège et filtré à travers les Génois et les maniéristes lombards.

   Dans les décorations des palais privés, dont il ne reste qu'un plafond (palais De Matteis), mais qu'on peut juger par les esquisses peintes (Naples, museo di S. Martino), Del Po met plus particulièrement l'accent sur les effets d'illusion, comme le faisait Giordano dans la dernière période de son activité. Il procède de la même manière dans les peintures de S. Teresa agli Studio (1708).