Aachen (Hans von)
Peintre allemand (Cologne 1552 – Prague 1615).
D'une famille originaire d'Aix-la-Chapelle (Aachen), il se forme à Cologne dans l'atelier du Flamand Jerrigh avant de partir pour l'Italie en 1574. Après avoir étudié Tintoret et Véronèse à Venise, il se rend à Rome, où il entre en contact avec le milieu maniériste flamand (Paul Bril, Hans Speckaert) et avec Spranger, dont l'art l'influencera. Il séjourne ensuite à Florence.
De retour en Allemagne (1588), il travaille à Munich pour Guillaume V, duc de Bavière, ainsi qu'à Cologne et à Augsbourg, où il peint pour les Fugger. Portant souvent l'empreinte du maniérisme italien (Résurrection du fils de la veuve, 1590, musée de Nuremberg), les œuvres peintes à cette époque témoignent parfois d'une inspiration plus personnelle (Jugement de Pâris, 1588, musée de Douai). Fixé à Prague à partir de 1596, peintre de chambre de l'empereur Rodolphe II, Hans von Aachen devient avec le Flamand Spranger le chef de file du maniérisme rodolfinien ; il crée des compositions où la subtilité des thèmes allégoriques et mythologiques (Victoire de la Vérité sous la protection de la Justice, 1598, Munich, Alte Pin. ; Allégorie de la fragilité des richesses, Stuttgart, Staatsgal.) est mise en valeur par la sinuosité des lignes et la préciosité du coloris (Vénus et Cupidon, musée de Nuremberg, Bacchus, Cérès et l'Amour, Vienne, K. M.). Artiste éclectique, Hans von Aachen a joué un rôle important dans l'évolution du maniérisme allemand et de l'art de cour à la fin du XVIe s. L'importance de ses scènes de genre ne doit pas être sous-estimée (Couple riant, Vienne, K. M. ; Le Couple mal assorti, Karlsruhe, Kunsthalle et Linz, Landesmuseum).
Aarts (Johan Joseph)
Peintre néerlandais (La Haye 1871 – 1934).
Professeur à l'Académie de La Haye — dont il a été l'élève —, Aarts y enseigne dès 1895 une technique divisionniste en larges touches colorées, adoptée après le retour de Toorop en Hollande en 1890. Deux ans plus tard, il expose à La Haye avec les néo-impressionnistes français et belges, et participe à la création d'un petit groupe de peintres aux côtés de ses compatriotes Bremmer et Viljbrief.
Ses toiles sont conservées dans les musées d'Amsterdam et de Rotterdam, mais la majeure partie de son œuvre se trouve au musée Kröller-Müller d'Otterlo (Paysage de landes, 1895).
Abbati (Giuseppe)
Peintre italien (Naples 1836 –Florence 1868).
Formé à Venise l'atelier académique de Michelangelo Grigoletti, puis à Naples (1853) dans celui de son père Vincenzo, il prend part à l'expédition des Mille de Garibaldi avant de se fixer à Florence (1860), où il participe au mouvement rénovateur des Macchiaioli, dont il est un des plus illustres représentants.
On lui doit des portraits, des études de personnages et surtout de lumineux paysages de Toscane et des vues d'églises ou de cloîtres florentins, chefs-d'œuvre de subtile construction et de fine poésie. Giuseppe Abbati est représenté par plusieurs tableaux à Florence (G. A. M.) et à Rome (id.).
Abeele (Albijn van den)
Peintre belge (Laethem-Saint-Martin 1835 – id. 1918).
Bourgmestre puis secrétaire communal de son village natal, il écrivit plusieurs romans et nouvelles avant de se consacrer, déjà quadragénaire, à la peinture. Son œuvre (env. 200 numéros), tout entière inspirée par les paysages de Laethem-Saint-Martin et de ses environs, décrits avec un respect attendri, se signale par une sensibilité très délicate aux valeurs et un faire minutieux (Derniers Rayons de soleil et montée de la lune, 1904). On a voulu le considérer, un peu abusivement, comme un " Douanier Rousseau " flamand. Il est représenté dans les musées belges (Deinze, Gand).
Abel de Pujol (Alexandre)
Peintre français (Valenciennes 1785 – Paris 1861).
Élève de David, il obtient le prix de Rome en 1811. Il collabore à la décoration du musée Charles X au Louvre (l'Égypte sauvée par Joseph, 1827), et la protection de Louis-Philippe lui valut une part importante des peintures du musée historique de Versailles (1837). Il travaille également pour la Bourse et pour l'église Saint-Sulpice. L'artiste est bien représenté au musée de Valenciennes (bel Autoportrait, 1806).
Aberli (Johann Ludwig)
Peintre graveur suisse (Winterthur 1723 – Berne 1786).
Il est l'un des principaux représentants de l'école bernoise au moment où la Suisse sort de son isolement culturel et où, pour la première fois, on peut parler d'" écoles " locales. Il s'orienta vers la carrière de paysagiste sous l'influence du graveur Adrian Zingg, en compagnie duquel il fit un séjour à Paris (1759) et fréquenta l'atelier du graveur J. G. Wille. À son retour, ses dessins aquarellés exécutés d'après nature dans les Alpes bernoises connurent un grand succès auprès des voyageurs étrangers et des habitants du pays. Pour en assurer une large diffusion, Aberli fut amené à les reproduire selon un procédé de gravure au trait dont les tirages étaient ensuite lavés et retouchés au pinceau, de manière à imiter le dessin. Véritable rénovateur, Aberli est au paysage ce que Freudenberger, Dunker et König sont à la scène de genre. La publication de la Vue du château de Thoune en 1766 marque les débuts de ce qu'on a appelé la " manière d'Aberli ", point de départ d'une école de paysagistes suisses dont la production prend fin v. 1840. Ce ne sont pas de simples études topographiques, mais des descriptions de la Suisse avec ses neiges éternelles, ses sommets majestueux, ses pâturages ensoleillés, et des scènes narratives d'un monde paysan heureux (Vue de Wimm, largement diffusée, et la Vallée de l'Oberhasli, Bâle, Kunstmuseum). Ces paysages sont à la fois le reflet de l'art de l'étranger et la contribution suisse au développement stylistique européen. En plus des planches, gravées et coloriées de sa main ou par les collaborateurs de son atelier, Aberli a laissé un œuvre abondant, conservé aux musées de Winterthur, de Berne et dans la Collection fédérale d'estampes de Zurich. Il a dessiné et publié des séries de costumes (Paysans des environs de Berne, 1773).