Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Nouveau (Heinrik Neugeboren, dit Henri)

Peintre et compositeur hongrois (Brasov-Kronstadt, Transylvanie, 1901 – Paris 1959).

De 1921 à 1925, il étudie à l'Académie de musique de Berlin, puis vient à Paris, où il travaille la composition à l'École normale de musique avec Nadia Boulanger jusqu'en 1927 ; il retourne alors en Allemagne et fréquente le Bauhaus de Dessau, où il rencontre Klee et Kandinsky. En 1929, il revient définitivement à Paris, laissant une œuvre musicale (sous le nom de Neugeboren) et picturale importante, mais aussi un certain nombre d'écrits, dans son Journal, qu'il avait commencé à quinze ans. Ses premières œuvres de peintre sont des collages non figuratifs exécutés à partir de 1923. Il interrompt en 1946 sa production musicale pour se consacrer exclusivement à la peinture. Henri Nouveau a peint plus de 700 tableaux : ses premiers collages ont été suivis par des pastels de 1925 à 1930 et ensuite par des peintures à l'huile sur papier de petits formats. Sa sensibilité poétique et un penchant pour l'humour ont souvent tempéré la rigueur de ses compositions géométriques. À la demande de Picabia, H. Nouveau participe en 1946 au premier Salon des réalités nouvelles, où il continua d'exposer chaque année. À part quelques participations à des expositions de groupe à l'étranger, il n'a fait que 2 expositions personnelles à Paris, chez Colette Allendy en 1950 et à la gal. Arnaud en 1951, et une à Bruxelles en 1955. Après sa mort, la gal. de France lui consacra une rétrospective, suivie par d'autres dans plusieurs musées de province et de l'étranger, notamment à Leverkusen et à Amsterdam, tandis que sont données des auditions de ses compositions de musique de chambre.

nouveau réalisme

Depuis Marcel Duchamp, le " Ready Made " (objet manufacturé) est tombé dans le domaine public, et le concept de la création résidant dans la seule responsabilité du choix de l'artiste est entré dans les mœurs. Vers 1960, maints artistes travaillaient dans cette voie ; aussi le critique d'art Pierre Restany eut-il l'idée de les réunir et de publier le premier Manifeste du Nouveau Réalisme, le 14 avril 1960, à Milan. Le groupe est officiellement constitué le 27 octobre de la même année. Il comprend Arman, Dufrêne, Hains, Villeglé, Klein, Raysse, Spoerri, Tinguely, Rotella et César. Les deux premières manifestations collectives eurent lieu en novembre-décembre 1960 au Festival d'avant-garde de Paris, et, en mai 1961, à la gal. J. sous le titre " Quarante Degrés au-dessus de Dada ". Les nouveaux réalistes se sont manifestés, par la suite et à plusieurs reprises, en juin 1961 à Stockholm, en juillet 1961 à Nice. À Paris, ils participent en 1961 et 1962 au Salon Comparaisons, qui leur réserve une salle spéciale, ainsi qu'aux expositions Paris-New York (juill. 1961, gal. Rive droite) et Donner à voir I (juin 1962, gal. Creuze). Plusieurs artistes se sont ultérieurement joints au groupe : Niki de Saint-Phalle, Deschamps, enfin Christo. À l'instant même où il accorde une valeur esthétique au simple choix, le Nouveau Réalisme refuse toute transposition, toute adaptation à un langage, tout style.

   Le style est dans la réalité brute, dans la rue. Le Nouveau Réalisme est en effet un art de citadin. C'est l'omniprésence de certains éléments de la vie urbaine — affiches, palissades, terrains vagues, détritus, voitures, sigles de la circulation — qui a déterminé ce que Restany a baptisé " la poésie d'une civilisation urbaine ".

   Cette attitude interfère naturellement avec celle du pop art américain, qui, lui aussi, est né de la concentration urbaine. Ayant acquis une incontestable autorité et attiré adhésions multiples autant que critiques acerbes, le Nouveau Réalisme, grâce à l'autorité de Pierre Restany, qui en codifia le caractère spécifique par des textes d'une grande lucidité et d'une passion convaincante, fut accueilli dans plusieurs musées d'art moderne : La Haye, Vienne, Berlin, Bruxelles. Son existence effective s'est amenuisée au fur et à mesure que certains de ses membres acquéraient une notoriété personnelle : César, Arman, Christo et Raysse en particulier.

   La mort d'Yves Klein en 1962 ébranla sérieusement l'autonomie d'un groupe qui fut, très vite, absorbé par la mode. Le mouvement fut dissous en 1970 à Milan (lieu de sa création en 1960). S'il apporta une certaine " hygiène de la vision ", pour reprendre un terme adopté par Martial Raysse, il fut, également, l'un des ferments les plus corrosifs de l'art de cette époque.

Nouveaux Fauves (les)

Ce mouvement, baptisé Nouveaux Fauves (" die Neuen Wilden ") lors d'une exposition de la Neue Galerie d'Aix-la-Chapelle en 1980, est né au début des années 60 en Allemagne de l'Ouest et surtout à Berlin et à Düsseldorf.

   Rejetant l'uniformité internationale, une nouvelle génération d'artistes tentait d'inventer une démarche qui leur fût propre et qui s'inscrivait dans le contexte allemand. Avec eux, la peinture, une fois de plus, offrait l'opportunité de formuler, révéler et communiquer les expériences spécifiques et les souffrances de la vie contemporaine. Les premières manifestations marquantes du mouvement furent les deux expositions de G. Baselitz et de Eugen Schönebeek, Pandämonium I et II (1961 et 1962), qui furent chaque fois l'occasion d'un manifeste. Ces deux artistes seront bientôt rejoints par K. H. Hödicke, B. Koberling, M. Lupertz, puis par P. Kirkeby, A. R. Penck, A. Kiefer et S. Polke. En libérant leur peinture de tout dogme esthétique, ces artistes créaient les fondations pour la réémergence d'un art allemand qui reflétait leur héritage culturel et leur position spirituelle.

   La deuxième génération regroupe, dans les grandes métropoles, de jeunes artistes nés après 1950. À Berlin d'abord, autour de la galerie de la Moritzplatz, des artistes comme Salomé (Wolfgang Cilarz), Rainer Fetting, Luciano Castelli, Helmut Middendorf, Bernd Zimmer traduisent dans leurs œuvres une vision onirique de l'agitation dépravée de la grande ville, une dialectique de l'érotisme magnifiquement extériorisé, et une conscience de soi " brisée ". En 1980, à Cologne, l'atelier du Mülheimer Freiheit est crée par Peter Bömmels, Walter Dahn et Jiri Georg Dokoupil. Les membres de ce groupe pratiquent un travail efficace et collectif. Avec eux, le terrain de la peinture est transformé en champ d'exercices de différents motifs de styles.

   Très vite exposés dans les grandes galeries allemandes, ces artistes participèrent aux grandes manifestations internationales : Documenta 7 de Kassel (1982) et Zeitgeist, internationale Kunstausstellung, Berlin (1982).