Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bonfigli (Benedetto)

Peintre italien (documenté à partir de 1445  – Pérouse 1496).

Bien que mentionné pour la première fois en 1445, il semble, avant cette date, être déjà un artiste consacré. En 1450, en effet, il est à Rome, au service du pape Nicolas V : puis, de retour à Pérouse (1453), il reçoit une commande des Prieurs de la ville consistant à peindre à fresque la nouvelle chapelle du Palais public avec une Crucifixion et les Scènes de la vie de saint Louis de Toulouse. Un avis favorable de Lippi en 1461 lui assura le reste de la décoration de la chapelle (Scènes de la vie de saint Ercolano), travail qui l'occupa jusqu'à sa mort. C'est une de ses œuvres les plus significatives, ayant pour toile de fond la Pérouse gothique ; il y donne libre cours à sa verve narrative et à son humour. En collaboration avec Caporali, il exécuta en 1467-68 un triptyque (Madone et Saints) pour l'église S. Domenico (Pérouse, G. N.). De 1464 à 1482 sont mentionnées de nombreuses bannières de procession qui furent commandées à Caporali par les habitants de Pérouse et des localités voisines (Corciano, Pacciano, Montono). Ces gonfalons, sur lesquels se retrouvait un thème de prédilection, la Vierge de miséricorde, servaient dans les processions, lorsque la peste ou une autre calamité sévissait, ou étaient utilisés comme ex-voto.

   Parmi les autres œuvres, non datées, de Bonfigli, on peut citer la Nativité (Settignano [Florence], fondation Berenson) et l'Adoration des mages (Londres, N. G.), une autre Adoration, la Vierge entourée de saints et l'Annonciation, qui figurent à la G. N. de Pérouse. Les composantes culturelles de l'art de Bonfigli se décèlent aisément dans ses œuvres : l'influence de Fra Angelico est faible, tandis que celle de Domenico Veneziano, à Pérouse v. 1438, apparaît déterminante. La critique ancienne considérait la culture siennoise comme une des données essentielles de sa formation ; pourtant, cet apport ne semble pas capital lorsque l'on considère la chute du prestige de l'enseignement siennois, ramené aux environs de 1450 à un niveau provincial. À la fin de sa vie, Bonfigli se rapprocha de la manière de Fiorenzo di Lorenzo et du jeune Pérugin ; son dessin se fit plus appuyé, ses couleurs plus éclatantes. Cependant, il conserva toujours ses formes délicates et fragiles baignant dans la lumière claire de ses portiques Renaissance ou se détachant sur des paysages de montagnes ou de châteaux, vus à vol d'oiseau. L'esprit gothique et celui de la Renaissance s'y mêlent indissolublement.

Bonheur (Marie Rosalie, dite Rosa)

Peintre et sculpteur français (Bordeaux 1822  – By, Seine-et-Marne, 1899).

Peintre et sculpteur animalier, élève de son père puis de Léon Cogniet, Rosa Bonheur se révèle au Salon de 1841 par une facture indépendante et personnelle. Dès 1848, l'État lui commande le Labourage nivernais pour le musée de Lyon (auj. au musée d'Orsay), où, à l'exemple des grands réalistes (Courbet et Millet), elle allie un sens aigu de l'observation à un traitement romantique de la lumière. Sa passion pour la vie animale (le Repos du cerf, 1863, Detroit, Institute of Arts ; la Fenaison, 1855, musée de Fontainebleau) la mène à une réputation internationale lorsque, en 1858, on expose en Angleterre et aux États-Unis le Marché aux chevaux (1853, New York, Metropolitan Museum). Ses œuvres se trouvent dans les musées d'Amsterdam, de Saint-Pétersbourg, de Hambourg, de Londres, et aux musées de Blois, de Bordeaux, de Lille et de Bourg-en-Bresse, et au château de Fontainebleau.

Bonies (Bob Nieuwenhuis, dit)

Artiste hollandais (La Haye 1937).

Dans la lignée directe de Mondrian et du mouvement De Stijl, Bonies réalise des compositions géométriques abstraites de couleurs primaires. Dès 1965, il utilise la laque pour appliquer les couleurs sans trace de la main et obtenir ainsi une intensité optimale (Acrylique sur toile, 1965). Il joue de la combinaison des couleurs, des ombres et des différents volumes (Acrylique sur toile, 1981 ; Gris, blanc, rouge, 1987). Ses œuvres se trouvent dans de nombreux musées et collections privées et publiques (Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Stockholm, etc.).

Bonifacio de' Pitati, dit Bonifacio Veronese

Peintre italien (Vérone 1487  – Venise 1553).

Des documents prouvent sa présence à Venise en 1528. Déjà, dans ses premières œuvres, où se révèlent les influences de Savoldo et de Lotto, Saintes Conversations du Louvre, de l'Ermitage et de l'Ambrosienne de Milan, il apparaît parfaitement intégré dans la culture vénitienne, dont il adopte le chromatisme tonal et la souple organisation des masses colorées. Bien que probablement élève de Palma Vecchio, il semble avoir été plutôt influencé par les couleurs sensuelles et fluides de Titien. La narration, nullement dramatique mais soucieuse d'élégance et d'effets éclatants de couleurs (carmins, outremer, blancs brillants), devient romanesque dans les peintures exécutées à partir de 1530 pour le palais des Camerlenghi au Rialto, auxquelles participeront, outre Bonifacio, nombre de ses élèves, parmi lesquels on comptera Jacopo Bassano et Tintoret. Le style de sa maturité emprunte à la fois à Raphaël et à Pordenone. Son sens robuste de la couleur se manifeste dans le Jugement de Salomon, le Massacre des Innocents, la Madone des Tailleurs (1533, seul tableau signé et daté), tous trois à l'Accademia, Venise, le dernier, tableau d'autel typiquement vénitien à la symétrie bellinienne. Bonifacio est aussi l'auteur d'innombrables scènes mythologiques, allégoriques, historiques peintes sur les cassoni avec une précision de miniaturiste. Le maniérisme apparaît dans ses dernières œuvres avec l'élongation des silhouettes. Par la suite, le langage de Bonifacio, bien que plus complexe, ne changera pas, mais il donnera naissance à des images toujours plus fastueuses et idylliques dans lesquelles les événements dramatiques, comme la Découverte de Moïse (Milan, Brera), le Retour du fils prodigue (Rome, Gal. Borghèse) ou la Parabole du mauvais riche (Venise, Accademia), Loth et ses filles (Norfolk, Virgina, USA) sont mis en scène avec une affectueuse intimité.