Maître des Portraits Princiers
Peintre flamand (actif à la fin du XVe s.).
L'œuvre de ce maître regroupé par Friedländer en 1926 comprenait primitivement un Portrait de jeune homme (Rotterdam, B. V. B.), le Portrait d'Englebert de Nassau (1487, Rijksmuseum) ainsi que les personnages princiers représentés dans le volet des Noces de Cana du Triptyque du repas des Dix mille (Melbourne, N. G.). Actuellement, on peut ajouter aux 2 portraits d'Amsterdam et de Rotterdam ceux de Louis de Gruuthuse (musée de Bruges), de Philippe de Clève et d'Adolphe de Clève Ravesteyn (musées de Berlin). Plutôt que de vouloir assimiler l'œuvre du Maître des Portraits princiers à l'œuvre de jeunesse du Maître de la Légende de sainte Madeleine, il semble préférable de considérer ce groupe de portraits comme un groupe dû à un maître distinct, probablement bruxellois, actif vers 1490 et influencé par Van der Weyden. Notons cependant que le modelé fin et l'absence de monumentalité de ces portraits pourraient faire rechercher le nom du Maître des Portraits princiers dans le milieu des miniaturistes.
Maître des Privilèges
Peintre de Majorque (deuxième quart du XIVe s.).
Millard Meiss a proposé de grouper autour du plus célèbre manuscrit enluminé majorquin, le Livre des Privilèges (Palma, Archives historiques), l'œuvre d'un artiste de talent, chef d'un atelier à Majorque, qui exécuta des manuscrits enluminés et des panneaux peints. Au frontispice du texte catalan sont étroitement liées les peintures ornant le Manuscrit des lois palatines promulguées par le roi Jacques III de Majorque en 1337 (Bruxelles, Bibl. royale). Au frontispice du texte latin se rattachent davantage le Retable de sainte Quiterie (Palma, musée de la Société archéologique lulienne) et le Retable de sainte Eulalie (cathédrale de Palma). Ces œuvres révèlent par les types des visages, au nez aquilin et aux yeux bridés, un art fortement marqué par le style de Duccio, tandis que les silhouettes, gracieusement inclinées, et les dessins des marges évoquent les miniatures gothiques françaises. Deux noms ont été proposés pour le Maître des Privilèges, sans aucune certitude : Romeu des Poal, originaire de Manresa, copiste du texte latin du Livre des Privilèges, et Jean Loert, le seul peintre cité dans les textes du deuxième quart du XIVe s. à Majorque.
Maître des Vitae Imperatorum
Enlumineur italien (actif en Lombardie entre 1430 et 1450).
Il est l'auteur des miniatures qui illustrent les Vitae imperatorum de Suétone (Paris, B. N., ms. it. 131), datées de 1431. Il travailla à Milan pour Filippo Maria Visconti (Enfer de Dante, Paris, B. N., ms. it. 2617) et son entourage (Bible de Marie de Savoie, Chambéry, bibl. municipale, en collaboration avec Belbello da Pavia). Son œuvre, fort abondant (Pontifical, Cambridge, Fitzwilliam Museum), révèle un artiste habile, formé dans la grande tradition lombarde de Giovannino de' Grassi et de Michelino da Besozzo.
Maître d'Osormort
Peintre espagnol (actif en Catalogne au XIIe s. [?]).
On attribue à la même main plusieurs ensembles de fresques romanes de la région de Vich et du nord de la province de Gérone : le décor des absides de San Saturnino d'Osormort (Figures d'apôtres et scènes relatives au Péché originel, transportées au musée de Vich), de Santa Maria d'El Brull (Majestas Domini et Épisodes de l'enfance du Christ, opposés à la Création placée sur l'arc triomphal) et de San Juan de Bellcaire (Pentecôte sur les parois, Trinité au cul-de-four). La palette et surtout le style, assez mouvementé, ont permis d'établir des rapprochements avec les peintures de Saint-Savin-sur-Gartempe et de Brinay.
La chronologie de ces œuvres reste discutée : se fondant sur l'analyse de l'architecture des églises, sur la date de la consécration de celle d'El Brull (1062) et sur les rapports avec celle de Saint-Savin — elle-même mal datée —, J. Ainaud propose la fin du XIe s. ; Cook et J. Gudiol-Ricart les fixeraient aux environs de 1175, Antony envisage le XIIIe s.
Maître du Champion des Dames
Enlumineur français (actif dans la région de Lille, et peut-être dans le sud-est de la France, au milieu du XVe s.).
Il a illustré plusieurs ouvrages, le plus souvent sur papier, de dessins rehaussés d'aquarelle ou de grisailles, avec une verve pleine d'esprit et d'élégance (le Champion des dames de Martin Lefranc, bibl. de Grenoble ; Conquête de la Toison d'or, Paris, B. N.).
Maître du Château de Lichtenstein
Peintre autrichien (actif de 1430 à 1450).
Il doit son nom à 2 panneaux représentant la Mort et le Couronnement de la Vierge, conservés au château de Lichtenstein dans le Wurtemberg. L'œuvre de cet artiste comprend en outre 14 panneaux d'un retable illustrant des Scènes de la vie de la Vierge et de celle du Christ, dispersés entre différents musées et collections (Berlin, Wrocław, Moscou, Philadelphie, Raadi près de Tartou et Vienne). Un autre cycle comprend 7 tableaux de la Passion, répartis entre les musées de Bâle, de Graz et de Munich. Il s'agit de vestiges de 2 retables exécutés en collaboration. Les origines stylistiques du maître restent obscures. Il est possible qu'il ait travaillé à Vienne avec le Maître de la Présentation, bien que son art présente des particularités souabes (apparentées à Lucas Moser). Au début de sa carrière, l'artiste est entièrement dominé par l'influence du " style doux " ; mais il subira par la suite des impulsions venues des Pays-Bas, tout en demeurant cependant lyrique et sentimental. L'histoire de ces panneaux ne pouvant être éclaircie au-delà du XIXe s., il n'est pas possible de préciser la destination initiale de ces retables, ni d'émettre des hypothèses concernant les origines du Maître du Château de Lichtenstein et sa formation.
Maître du Codex de Saint Georges
Peintre italien (actif en Toscane, première moitié du XIVe s.).
Le peintre tire son nom du Codex conservé à l'Archivio Capitolare de Saint-Pierre, au Vatican (Archivio di San Pietro, c. 129) : le cardinal Stefaneschi en écrivit le texte en Avignon, v. 1320, et commanda les miniatures qui devaient l'illustrer. L'une de celles-ci (f° 85 r) s'inspirerait peut-être de la fresque avec Saint Georges et le dragon (auj. perdue) que Simone Martini avait peinte sous le portique de Notre-Dame des Doms.
On a attribué à cet artiste des codex qui pourraient s'insérer dans sa production de jeunesse entre 1310 et 1315 : un codex à Rome (bibl. du Vatican) ; quelques enluminures d'un graduel, exécuté en 1315 pour la Badia, à Settimo (maintenant à Rome, Santa Croce in Gerusalemme) ; la couverture du livre de statut de l'arte des monetieri (daté v. 1314 ; Florence, archivio di stato), un Pontificale à Boulogne (bibl.). Une série de 17 miniatures à Berlin lui est également assignée. Ces rapports avec Avignon sont confirmés par d'autres pages enluminées (Messale, New York, Pierpont Morgan Library ; Pontificale, Paris, B. N.) et par des petits panneaux d'une facture exquise (l'Annonciation, Bruxelles, anc. coll. Stoclet ; l'Annonciation, Deux Saints, Cracovie, musée Czartoryski) ; Vierge à l'enfant et des saints à Florence (Santa Maria del Carmine) ; 4 panneaux de même format, répartis entre New York et Florence (la Crucifixion et la Mise au tombeau, Metropolitan Museum, Cloisters ; Noli me tangere et le Couronnement de la Vierge, Florence, Bargello), montrent des affinités avec la culture siennoise de la période 1320-1340. Mais on observe aussi des éléments florentins (Vierge et l'Enfant sur un trône entre des anges, saint Jean-Baptiste et saint Pierre et deux autres saints, Louvre).
La critique tend d'ailleurs aujourd'hui à insister sur les rapports de son art avec la manière de Giotto au moment du Retable Stefaneschi (Rome, Vatican) et la culture florentine des premiers élèves de celui-ci, tout en estimant qu'il a pu exécuter certaines de ses œuvres à Avignon même, où résidait le cardinal Stefaneschi.