Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Albert (Jos)

Peintre belge (Bruxelles 1886  – id. 1981).

Après ses études à l'académie Saint-Joest-ten Noode, où il s'inscrit en 1903, Jos Albert va connaître de 1909 à 1918 des débuts marqués par l'Impressionnisme et le Fauvisme. Intérieur de 1914 le montre influencé par l'art de Rik Wouters : il est proche à ce moment du groupe des Fauves brabançons et participe en 1914 au dernier Salon de la libre esthétique à Bruxelles. Il connaît ensuite une période marquée par le Cubisme, au cours de laquelle, sans perdre la référence au sujet, il s'attache à la construction de l'image et assombrit sa palette (Nature morte aux poissons, 1922, musée de Grenoble). En 1923, il expose à la gal. le Centaure à Bruxelles mais, passé cette date, il adopte une manière réaliste qu'il ne va plus quitter. Peints de façon méticuleuse, ses sujets sont pris dans la vie quotidienne : natures mortes, scènes de genre (la ménagère, 1926, coll. part., Bruxelles), où resurgit la tradition flamande issue de Pieter Aertsen et de Joachim Beuckelaer, paysages qui se situent dans la lignée de Bruegel ainsi que de la peinture hollandaise du XVIIe siècle (Paysage brabançon, 1929, musée des Beaux-Arts de Gand ; Chemin à Grimbergen, 1944). Jos Albert est alors, avec toutes ses nuances personnelles, le représentant belge de la Neue Sachlichkeit et du Réalisme magique. La dernière partie de sa carrière reste franchement traditionnelle dans les sujets illustrés et la facture employée. En 1977, un Hommage à Jos Albert a été organisé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. L'artiste est surtout représenté dans les musées belges.

Albertinelli (Mariotto di Bigio di Bindo)

Peintre italien (Florence 1474  – id. 1515).

Élève de Cosimo Rosselli, Albertinelli intègre la " compagnie " à l'atelier de Fra Bartolomeo jusqu'en 1500 et de nouveau de 1509 à 1513, collaborant notamment à la fresque du Jugement dernier (1499-1501, Florence, museo di San Marco). Les deux peintres ont un intérêt commun pour le classicisme du Quattrocento tardif qu'Albertinelli interprète avec son style micrographique digne des exemples flamands contemporains. Ils participent aux réalisations de l'Annonciation (1497, dôme de Volterra) et de la Sainte Famille (Los Angeles, County Museum). L'une de ses premières œuvres personnelles est une Vierge à l'Enfant avec sainte Catherine d'Alexandrie et sainte Barbe, formant triptyque (1500, Milan, museo Poldi-Pezzoli), et une Vierge à l'Enfant, des anges et des saints (Chartres, musée des Beaux-Arts). L'artiste reprend, dans la Crucifixion (1505, Florence, Chartreuse) et Saint Jérôme et saint Zénobe adorant l'Enfant Jésus dans les bras de la Vierge (1506, Paris, Louvre), en les durcissant quelque peu, les recherches du maître, toutes de clarté et d'équilibre. Vers la fin de la première décennie du Cinquecento, sa peinture subit l'influence de la période florentine de Raphaël pour la couleur et le clair-obscur ainsi que des études sur la lumière de Léonard de Vinci (Annonciation, 1510 et Madone et quatre saints, Florence, Accademia). À la fin de sa vie, il travaille à Viterbe et à Rome, mais il ne reste aucune trace de ses dernières œuvres.

Albright (Ivan Le Lorraine)

Peintre américain (North Harvey, Illinois, 1897  – Chicago 1983).

Descendant d'une longue dynastie d'artisans et de peintres allemands émigrés aux États-Unis au XVIIIe s., il représente l'exemple le plus singulier de la tradition américaine, nommée " réalisme magique ", dans la lignée d'un Thomas Eakins, qui fut le maître de son père, Adam Albright, et dont, dès l'âge de huit ans, il copia les œuvres. Dans sa peinture, l'obsession du détail atteint une précision hallucinante qui fait basculer l'apparent naturalisme du sujet traité du côté du fantastique et souvent du cauchemar (Femme, 1928, New York, M. O. M. A.). Littéraire et volontiers spiritualiste, l'œuvre d'Albright, que Dubuffet a décrite comme une " géhenne de formes entièrement livrées au délire ", raconte la vanité et la ruine de toute chair à travers les infinis avatars du temps. Ivan Albright a été élu académicien de la National Academy of Design en 1950 et membre du National Institute of Arts and Letters en 1957. En 1964, une rétrospective de son œuvre a été organisée par l'Art Inst. de Chicago. Parmi ses principales œuvres, citons Into the World there Came a Soul Called Ida (1929-30), Fleeting Time, Thou Hast Left Me Old (1929-30, Metropolitan Museum), That which I should Have Done I Did not Do (1931-1941, Chicago, Art Inst.).

Alcañiz (Miguel)

Peintre espagnol (connu de 1408 à 1447).

Son activité s'exerça, d'après les documents connus, à Valence à partir de 1408 ; il est cité à Barcelone en 1415 puis à Majorque entre 1443 et 1447. L'identification de sa personnalité, faite à partir du Retable de saint Michel, commandé en 1421 par la ville de Jérica (prov. de Teruel) et dont le musée de Lyon conserve les panneaux latéraux, a permis de lui attribuer avec vraisemblance quelques-unes des œuvres les plus importantes du style Gothique international de Valence, et en particulier un diptyque avec la Vierge et l'Enfant (Barcelone, coll. Fontana) et une Crucifixion (Pittsburgh, Museum of Art), le Retable de saint Marc (Valence, coll. Serra de Algaza) et le Retable de la sainte Croix (musée de Valence), que l'on peut dater autour de 1408, date de la mort de son donateur, Nicolas Pujades. On doit également à Alcañiz un important retable commandé par Vicente Gil, partagé aujourd'hui entre le Metropolitan Museum et l'Hispanic Society de New York, qui fit désigner son auteur sous le nom de " Maître de Gil " avant son identification avec Alcañiz. De son séjour à Majorque datent des éléments de prédelle consacrée à la Vierge (1442, église de l'Alcudia) et le Retable de la Vierge de Miséricorde (musée de Pollensa et couvent de la Concepción à Palma). Son style est un excellent exemple de la nervosité du Gothique international, où viennent se fondre, d'une part, l'expressionnisme nordique introduit par Marzal de Sax et, d'autre part, le raffinement d'origine toscane que l'on retrouve dans le retable anonyme de Bonifaccio Ferrer. Les rapprochements avec certaines formes de l'art toscan sont si évidents que l'on a été jusqu'à identifier Alcañiz avec le Maître du Bambino Vispo (Starnina), après avoir d'abord supposé qu'il a fait dans sa jeunesse un voyage en Italie.