Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Meurice (Jean-Michel)

Peintre français (Lille 1938).

Préparée par les œuvres sur papier de 1961, la Barnum est, en 1963, la toile fondatrice de l'œuvre de Meurice. Ces horizontales tracées d'un geste, saturant l'espace de leurs variations colorées, deviendront son principal répertoire. Cet aspect systématique et réflexif de son travail l'enlève à l'abstraction lyrique pour l'ancrer dans les parages de Support-Surface. À partir de 1965, avec les films d'aluminium, puis de 1969, avec les vinyles, Meurice traverse une période plus matisséenne, dans un vocabulaire de formes simples données par pliage et découpage, et recomposées par collage. Couleur, texture, support, jeu du cadre dans l'œuvre, du tableau flottant dans l'espace, de ses déformations aléatoires dues à ses matériaux hétérogènes sont le contenu de son expérimentation.

   En 1971-72, le retour au seul motif des bandes horizontales combine deux techniques, la teinture, incluant la couleur masse dans les fibres, et la peinture des reprises au pinceau. Peu à peu, les pliages, occasionnant des lacunes, des décalages, introduisent des schémas de compositions et de rythmes, que peuvent souligner des motifs de feuilles en réserve. Meurice a mené depuis 1963 une activité de cinéaste (portraits d'artistes, documentaires socio-politiques) et publié de nombreuses notes de travail. Il a exposé à l'abbaye Sainte-Croix, Les Sables-d'Olonne, 1975 ; à la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, 1977 ; au musée Picasso, Antibes, 1988.

Meyer-Amden (Otto)

Peintre et graveur suisse (Berne 1885  – Zurich 1933).

Tout en effectuant son apprentissage de lithographe, il va suivre les cours du soir de la Kunstgewerbeschule de Zurich. Il a l'occasion de poursuivre ses études à Munich et d'effectuer de nombreux voyages. De 1907 à 1912, il se trouve à Stuttgart, où, en 1909, il suivra les cours d'Adolf Hölzel à l'Académie. À cette époque, il noue des contacts avec Willi Baumeister et Oscar Schlemmer. Son art se rapprochera ensuite de celui de Schlemmer dans sa représentation de personnages stylisés dans des espaces plus ou moins mis en perspective. Il se fixe en Suisse en 1912 et, de 1928 à 1933, il vit à Zurich. Meyer-Amden est représenté principalement dans les musées suisses.

Meyer de Haan (Jacob)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1852  – id. 1895).

Ami de Pissarro, il rencontre Gauguin à Paris au début de 1889 et le suit à Pont-Aven, puis au Pouldu. Devenu son compagnon fidèle, son soutien financier et l'un de ses modèles favoris, il subit fortement son influence (Cour de ferme au Pouldu, 1889, Otterlo, Kröller-Müller), évoluant vers un synthétisme japonisant raffiné, proche de celui de ses amis les Nabis (Autoportrait, v. 1890 ; Maternité ; Natures mortes, musées de Rennes et de Quimper). Gauguin a exécuté 2 portraits peints de Meyer de Haan dont l'un est conservé à Hartford, Wadsworth Atheneum, et un portrait sculpté de l'artiste (Ottawa, N. G.).

Meynier (Charles)

Peintre français (Paris 1768  – id.  1832).

Au sortir de l'atelier de Vincent, il remporta le premier prix de Rome ex æquo avec Girodet (1789). Le séjour romain qu'il fit alors fut interrompu par la Révolution, et Meynier rentra à Paris en passant par Florence. L'artiste ne cessa ensuite de produire pour satisfaire à de nombreuses commandes et exposa au Salon, de 1795 à 1827. En 1805, il peignit le portrait de Ney pour la salle des Maréchaux aux Tuileries (Versailles) et en 1807 participa au concours ouvert pour la Bataille d'Eylau (id.), et dont le vainqueur fut Gros. Qu'ils soient historiques, mythologiques (Œdipe présenté à la reine de Corinthe, 1814, musée d'Amiens), religieux (Communion de Saint Louis, 1817, chapelle du Grand Trianon de Versailles) ou allégoriques, tous les genres nobles de tradition classique ont été abordés par Meynier. Mais la seconde partie de sa carrière fut dominée par les décorations pour les plafonds du Louvre : la France protégeant les arts (1819, salle Percier), le Triomphe de la peinture française (1820, salle Duchâtel), les Nymphes de Parthénope (1827, salle G des Antiquités égyptiennes), où s'imposent l'équilibre de la composition et la fermeté de l'exécution. L'artiste collabora avec Abel de Pujol au décor en trompe l'œil monochrome exécuté dans la salle principale de la Bourse de Paris : les Quatre Parties du monde.

mezzotinte

Le mezzotinte (autref. écrit mezzotinto), ou manière noire, est un procédé de gravure en creux. La planche de cuivre est dépolie à l'aide d'un berceau ; la surface légèrement rugueuse retient l'encre ; l'épreuve est alors entièrement noire. Le graveur polit ensuite plus ou moins certaines parties au brunissoir, ce qui lui permet d'obtenir toute la gamme des valeurs du noir au blanc. Parfois, le trait est gravé à l'eau-forte ou au burin avant l'application du mezzotinte, ou même après.

   Ce procédé fut inventé (v. 1642) par l'Allemand Ludwig von Siegen, mais ni lui ni le prince Rupert ne semblent s'être servis du berceau. Ceux-ci travaillaient avec une roulette allant du blanc au noir et utilisaient peu le brunissoir. C'est à Abraham Blootling qu'on attribue l'invention de la méthode définitive, que sans doute le Français Wallerant Vaillant pratiquait à la même époque. Blootling se rendit en Angleterre en 1672-73 et y introduisit la technique nouvelle. C'est là que celle-ci connut son développement le plus brillant, d'où son nom en France de manière anglaise. Tous les portraitistes célèbres en Angleterre à partir de Peter Lely furent abondamment gravés par les mezzotintistes. Sous l'influence de Reynolds, James McArdell puis d'autres graveurs produisirent un grand nombre de planches admirables. Richard Earlom reproduisit le célèbre Liber veritatis de Claude Lorrain, en mezzotinte sur une préparation à l'eau-forte (1777).

   Par esprit d'émulation, Turner entreprit son Liber studiorum, ouvrage inachevé, dont les planches parurent de 1807 à 1819. L'artiste gravait en général lui-même l'eau-forte et achevait certaines planches au mezzotinte, mais le plus souvent il confiait ce travail à des graveurs professionnels. Il faut enfin mentionner les admirables mezzotintes de David Lucas, exécutés sous la direction de Constable, qui corrigeait les épreuves des planches en progrès jusqu'à quinze et vingt fois. La première série de paysages, publiée en 1833, constitue le meilleur de cette collaboration. Le mezzotinte a périclité après la disparition de Lucas. Quelques graveurs modernes l'ont ressuscité au XXe s.