Lévy (Henry Léopold)
Peintre français (Nancy 1840 – Paris 1904).
Il entra en 1856 à l'École des beaux-arts, où il fut élève de Picot et de Cabanel, et il fut remarqué au Salon de 1872, où il exposait une Hérodiade (esquisse au musée de Nancy). Il peignit des décors à l'hôtel de ville de Dijon et prit part à la décoration de plusieurs édifices parisiens : Panthéon (Couronnement de Charlemagne), Hôtel de Ville, église Saint-Merri. L'élégance sinueuse de son dessin, traduit dans un clair-obscur frémissant par une touche souple et hachée, est bien caractéristique ; le choix de ses thèmes (Jésus dans le tombeau, 1873, musée de Reims ; Sarpédon enlevé par le Sommeil et la Mort, 1874, Orsay ; Œdipe s'exilant de Thèbes, 1892, id.) le place parfois, comme Gustave Moreau, près des peintres symbolistes, dans une ambiance qui évoque les poètes parnassiens.
Lewis (Percy Wyndham)
Peintre, romancier, critique et écrivain politique britannique (Amherst, Nouvelle-Écosse, Canada, 1882 – Londres 1957).
De père américain et de mère anglaise, il est à Londres élève de la Slade School. Puis, de 1902 à 1909, il voyage en Allemagne, en Hollande, en Espagne et en France et se familiarise avec les écrivains dénonciateurs du Romantisme. De retour en Angleterre en 1909, il continue à se rendre tous les ans à Paris, publie ses écrits dans The English Review, tandis qu'il expose régulièrement avec le Camden Town Group et l'Allied Artists Association : il présente en 1912, lors de la seconde exposition " Manet et les Post-Impressionnistes ", les illustrations pour son ouvrage Timon d'Athènes. Fortement marqué par le Cubisme et le Futurisme, il rompt avec ces groupes, déçu par leur manque d'ambition. Soutenu par le philosophe Hulme, Ezra Pound et un noyau d'artistes désireux d'implanter un nouvel esprit dans l'art anglais, il fonde en 1913 le Rebel Art Center puis, en 1914, le Vorticisme, tout en participant au London Group Show. Avec les peintres Edward Wadsworth, David Bomberg, Christopher Nevinson et les sculpteurs Henri Gaudier-Brzeska et Jacob Epstein, il va faire du Vorticisme le premier mouvement d'avant-garde anglais, avec lequel il parvient à l'Abstraction en 1913. S'inspirant des formes de la machine, ses œuvres montrent bientôt un enchevêtrement de structures géométriques qui expriment des rythmes puissants et fortement contrastés (The Crowd, 1915, Londres, Tate Gal.). En juin 1915, il participe à l'exposition du Vorticisme à la Doré Gallery de Londres, puis il publie au cours de l'été 1914 le premier numéro de la revue Blast, qui contient le manifeste du Vortex anglais et associe littérature et arts plastiques. Le second et dernier numéro paraît un an plus tard, entièrement consacré à l'engagement dans la guerre. Peintre des armées jusqu'en 1917, Lewis adapte son style aux tableaux de batailles et retrouve une appréhension plus directe du sujet (Battery Position in a Wood, 1918, Londres, Imperial War Museum). La participation de l'artiste aux activités du Ten Group confirme ce retour à la Figuration et l'orientation vers le portrait et l'autoportrait (Self Portrait, 1921, Manchester City Art Gal. ; portrait d'Edith Sitwell, 1923-1935, Londres, Tate Gal. ; Ezra Pound, 1939, id.). Abandonnant progressivement la peinture au profit de préoccupations politiques et littéraires, Lewis ne reprend celle-ci que pour illustrer ses écrits (Reddition de Barcelone, 1936, id. ; Inferno, 1937, Leicester Art Gal.). Il se consacre surtout à des autobiographies (Blasting and Bombardiering, 1914-1923, publié en 1937 ; The Artist from Blast to Burlington House, publié en 1939) dans lesquelles il se justifie et revendique la paternité du Vorticisme. Devenu aveugle en 1954, il publie la même année son dernier essai, The Demon of Progress in the Arts. Wyndham Lewis est surtout représenté à la Tate Gal. de Londres.
Lewitt (Sol)
Artiste américain (Hartford 1928-New York 2007).
Avec D. Judd, D. Flavin et C. Andre, Sol Lewitt est un des plus importants représentants du Minimal Art. Son activité englobe aussi bien le dessin que la sculpture et l'édition. Après des études artistiques, Lewitt travaille comme graphiste dans le cabinet de l'architecte Pei et commence ses premières peintures en 1962, inspirées du Constructivisme comme des théories du Bauhaus. Dès ses premières expositions en 1963, il utilise un vocabulaire graphique très réduit : la ligne horizontale, verticale ou diagonale et le carré, et exploite toutes les combinaisons possibles : variations sur le cube pour des sculptures en tôle émaillée ou en bois peint en blanc, faites à partir d'un module de base fabriqué en série industriellement (Part Piece [open cubes] in form of a cross, 1966-1969, Paris, M. N. A. M. [cinq cubes évidés disposés en forme de croix]) ; variations sur la ligne, passant progressivement de la toile au mur. L'année 1968 voit la réalisation des premiers " Wall Drawings ", dessins exécutés directement sur le mur à partir d'indications écrites de l'artiste et réalisés par des assistants, l'œuvre devant disparaître après l'exposition. Une telle attitude procède d'une conception que Lewitt a été le premier à définir comme l'Art conceptuel dans deux textes célèbres publiés en 1967 et 1969, où il explique que l'idée ou le concept de l'œuvre, d'où est évacué tout contenu subjectif, importent plus que sa réalisation. Radicales et complexes au début — comme celle faite en 1972 à la galerie Art and Project d'Amsterdam : Dix mille lignes droites d'une longueur approximative de 12 cm, distribuées sur toute la surface du mur, dessinées au crayon —, les œuvres de cette dernière décennie, depuis l'importante rétrospective au M. O. M. A. de New York en 1978, se simplifient et prennent des dimensions monumentales. Ainsi la série des " Wall Drawings " présentée à l'A. R. C. (M. A. M., Paris, 1987) : 24 pyramides tronquées de 350 × 350 cm environ, peintes à partir d'une combinaison de lavis d'encre grise, rouge, jaune et bleue. L'explosion d'une dimension esthétique et ludique, jusque-là contenue, démontre que Sol Lewitt a eu l'intelligence d'enfreindre les limites d'un système volontairement contraignant tout en observant la même logique de base. Ses dessins (1958-1992) ont été présentés à Paris (M. N. A. M.) en 1994, et une importante réalisation éphémère, 25 Years of Wall Drawings, 1969-1994 a été présentée (Paris, Renn Espace d'art contemportain) en 1994-95.