Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bellows (George Wesley)

Peintre américain (Columbus, Ohio, 1882  – New York 1925).

Proche de son maître, Robert Henri, sous l'autorité duquel il étudia à la New York School of Art de 1904 à 1906, et immédiatement reconnu comme l'un des artistes réalistes de la scène américaine, Bellows devint un des protagonistes de l'Ash Can School (l'école de la poubelle) avec Forty Two Kids (1907, Washington, The Corcoran Gal. of Art). Cette scène de genre, qui aurait pu apparaître vulgaire et peu esthétique, plut au public à cause de son thème populaire. Avec cette œuvre, il obtint le prix de la National Academy en 1908 et devint l'année suivante l'un des membres de cette institution. Outre les scènes de genre dans lesquelles il dépeint les activités de la société américaine, Bellows a réalisé des scènes champêtres (Blue Morning, 1909, Washington D. C., N. G.), de nombreux nus et des portraits (Elinor, Jean et Anna, 1920, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). À partir de 1916, Bellows a exécuté de nombreuses lithographies, dans lesquelles les formes sont encore plus simplifiées (Allan Donn Puts to Sea, v. 1922, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). Bellows œuvra beaucoup pour le développement des arts aux États-Unis et il participa en 1912 à l'organisation de l'exposition de l'Association of American Painters and Sculptors, laquelle aboutit à l'exposition de l'Armory Show à New York en 1913.

Bellucci (Antonio)

Peintre italien (Pieve di Soligo, Trévise, 1654  – Venise 1726).

Élève de Zanchi, il fut influencé par Liberi et par Giordano. Une certaine grâce académique et des effets dramatiques de clairs-obscurs marquèrent sa production de décorateur sur toile et à fresque. Sa carrière se déroula à Venise, à Vérone (Joseph et la femme de Putiphar, Vérone, Castel Vecchio), puis, à partir de 1705, à Vienne, à Düsseldorf (tableaux dans les musées d'Augsbourg et de Munich et dans la coll. Schönborn à Pommersfelden) et à Londres.

Belvedere (Andrea)

Peintre italien (Naples 1652  –id. 1732).

Il est le dernier grand représentant de l'école napolitaine de nature morte du XVIIe s. Sa manière, issue de la tradition locale des peintres du genre, de Porpora à Giuseppe Recco, emprunte aussi les raffinements des peintres de fleurs. On relève parfois dans son œuvre quelques accents romantiques et une tendance précoce au rythme rococo, due à l'assimilation de certains thèmes décoratifs que la peinture française (Monnoyer), à la même époque, transmettait à l'Espagne. Il fut attaché à la Cour madrilène de 1694 à 1700. À son retour à Naples, il exécuta ses derniers tableaux de fleurs (Prado), puis renonça à la peinture pour se consacrer presque exclusivement au théâtre. Surtout peintre de fleurs, il peignit également des tableaux de genre (poissons, fruits). Un groupe important de ses natures mortes est conservé à Sorrente (musée Correale) ; il est aussi représenté au Prado, au Louvre, à Naples (Capodimonte et musée de S. Martino), à Florence (Pitti, musée Stibbert), à Malte (musée de La Valette).

Bembo (les)

Famille de peintres italiens (originaires de Crémone, XVe s.).

Ils représentent, bien que de manière différente, la dernière phase du Gothique tardif lombard au moment où commence à s'imposer l'art de Foppa et où se perçoit déjà un écho de la nouvelle culture padouane. La personnalité de Bonifacio (connu de 1447 à 1477), qui fut au service de Francesco et Galeazzo Sforza au château de Pavie et à l'église S. Agostino de Crémone, est controversée. En effet, de ses travaux connus par des documents, seuls subsistent les Portraits de Francesco Sforza et de Bianca Maria Visconti (1461-1467, Crémone, S. Agostino). Cependant, on lui attribue toute une série d'œuvres : les Cartes des tarots, souvent contestées (Bergame, Accad. Carrara ; Brera ; New York, Pierpont Morgan Library), les dessins illustrant l'Histoire de Lancelot (Florence, B. N., ms. palat. 566), les panneaux de plafond relatant des Scènes bibliques (musées de Crémone, de Trente, de Torcello) et les Saints Alexis et Julien (Brera) correspondraient à la première période de son activité, dans la tradition lombarde, comparable à celle des frères Zavattari. Les fragments de fresques de la chapelle Cavalcabo de S. Agostino à Crémone et le triptyque comprennent le Couronnement de la Vierge (musée de Crémone), la Rencontre d'Anne et de Joachim et l'Adoration des mages (États-Unis, coll. part.). Ils offrent une vision plus ample et une conception plus évoluée de la représentation de l'espace, reflétant l'intérêt que Bonifacio porta à l'œuvre de Masolino à Castiglione Olona avec déjà, en outre, une note padouane. Bonifacio est enfin sans doute le principal responsable de la décoration picturale de la chapelle ducale au Castello Sforzesco à Milan.

   La personnalité de son frère Benedetto (connu de 1462 à 1493) est moins complexe et sa culture orientée vers l'art vénéto-padouan (Squarcione, Jacopo Bellini, les Vivarini). En 1462, il peint le polyptyque provenant du château de Torrechiara, près de Parme (Milan, Castello Sforzesco), et les fresques de la Sala d'oro du Castello Sforzesco. Il est également l'auteur de la Madone avec saint Georges et saint Thomas, fragment de polyptyque, du musée de Crémone.

Bemmel (les Van)
ou les von Bemmel

Famille de peintres et graveurs allemands d'origine hollandaise.

 
Willem (Utrecht 1630  – Wöhrd, près de Nuremberg, 1708). Il fut l'élève de H. Saftleven à Utrecht et subit l'influence de Jan Both. Il vécut en Italie de 1647 à 1653 (Venise, Rome et Naples), puis en Angleterre, et fut peintre à la cour du landgrave de Hesse à Kassel durant six ans. Après un bref séjour à Augsbourg, il s'installa en 1662 à Nuremberg où il fut membre de l'Académie de Sandrart. Il fut exclusivement paysagiste et ne peignit pas les personnages, chevaux et soldats qui animent ses compositions, mais les fit exécuter par d'autres, notamment J. H. Roos et, à la fin de sa vie, son fils Johann Georg. Il fut très actif, comme le prouve le nombre important de ses peintures conservées dans les collections privées et publiques (Nuremberg, Augsbourg, Francfort, Dresde). Très apprécié de ses contemporains, il exécuta des dessins pour des amateurs, paysages classiques et idéalisés à la manière de J. Both, mais aussi vues topographiques (Vue de la forteresse de Nuremberg, v. 1690, Brunswick). Il a aussi gravé à l'eau-forte une série de paysages, datée de 1654.

 
Ses deux fils, Johann Georg (Nuremberg 1699 – id. 1723) et Peter (Nuremberg 1685 – Ratisbonne 1754) , peignirent et gravèrent aussi des paysages, perpétuant ainsi la tradition des paysagistes hollandais italianisants en Allemagne du Sud.