Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Campendonk (Heinrich)

Peintre allemand (Krefeld  1889  – Amsterdam  1957).

De 1905 à 1909, il est élève de l'École des beaux-arts de Krefeld, où il a comme professeur Johan Thorn-Prikker, peintre symboliste. En 1911, il adhère sur l'invitation de August Macke au groupe Blaue Reiter. Il rejoint à Sindelsdorf Kandinsky et Marc. Cheval bondissant, 1911 (musée de Sarrebruck), montre une maîtrise du trait et de la couleur mais une composition figée qui le différencie des autres membres du groupe. Il adopte ensuite, en 1912, une mise en forme cubiste (Nature morte à la contrebasse, musée de Münster). À ces influences se mêlent celle des peintures populaires sous verre bavaroises, dont il aime les couleurs vives et la figuration naïve, celle de Chagall, à qui l'apparente une certaine fantaisie poétique, parfois celle de Kandinsky, à qui il emprunte des motifs de composition abstraits (le Sixième Jour, 1914, musée de Duisburg). La guerre interrompt son activité. Il part en Italie de 1920 à 1922 et sera fort impressionné par les peintures de Giotto et les mosaïques de Ravenne. Professeur à l'École des beaux-arts de Krefeld en 1922, il remplace quatre ans plus tard Thorn-Prikker à l'Académie de Düsseldorf. Révoqué par les nazis, il émigre à Amsterdam (1937), où il poursuit son œuvre, fidèle à son optique figurative forgée dans les années 1920. Particulièrement doué dans le domaine décoratif, il obtient le grand prix pour un vitrail présenté à l'Exposition universelle de 1937 à Paris. Il est définitivement reconnu sur le plan international lorsqu'il succède à Kandinsky en 1944 à la vice-présidence de la société anonyme fondée à New York en 1920. Il est représenté à Amsterdam (Stedelijk Museum) à Bâle, à Eindhoven (Stedelijk Van Abbe Museum), à Cologne (W. R. M.), à New York (M. O. M. A. et Guggenheim Museum) et à Strasbourg.

Camphuysen (les)

Peintres néerlandais.

 
Rafael Dircksz (Gorinchem 1598  – Amsterdam 1657). Peintre de nocturnes, il travailla dans le goût de Van der Neer : Clair de lune (Dresde, Gg), Paysage de rivière (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum).

 
Son frère Govert Dircksz (Gorinchem 1623/24 – Amsterdam 1672) fut probablement son élève. Il travailla à Amsterdam de 1646 à 1651, puis séjourna à Stockholm de 1652 à 1663, où il devint peintre de la Cour en 1655, et rentra à Amsterdam, où il mourut. Portraitiste, paysagiste, animalier, peintre d'intérieurs paysans (exemples à Copenhague, S. M. f. K. et à Bruxelles, M. R. B. A., daté 1650), il a laissé aussi quelques gravures. Il se montre très proche de Potter, dans ses paysages pastoraux, et réalise un chef-d'œuvre dans sa Ferme au soleil couchant de la Wallace Coll. de Londres, où l'effet de lumière du soir atteint une fermeté et une poésie inconnues de Potter. Il est aussi représenté à l'Ermitage : Paysage boisé ; à Rotterdam (B. V. B.) : la Halte ; au musée de Kassel : Bétail dans un paysage ; au musée de Lille : Guillaume II à la chasse.

 
Un Goffridus (Amsterdam 1657-1658 ? – v. 1698) fut peintre de portraits.

Campi (les)

Famille de peintres italiens établis à Crémone.

Le fondateur de la lignée, Galeazzo (Crémone v. 1470 - id. 1536) , resta toujours lié à la tradition de la fin du quattrocento crémonais, fut influencé par Pérugin et Costa, fortement marqué par l'art de son maître Boccaccio Boccaccino (Madone, Crémone, S. Agostino ; Polyptyque, Crémone, S. Maria Maddalena). Il eut trois fils, L'aîné, Giulio (Crémone 1500 - id. v. 1573) , marqué à ses débuts par l'œuvre de Pordenone, illustra avec éclectisme les influences successives du Maniérisme sur l'école crémonaise : Madone et saints (1527, Crémone, S. Abbondio). Il reprend ensuite la manière plus éclatante du style de cour exploité par Giulio Romano (fresques de la Vie de sainte Agathe, Crémone, S. Agata, 1537). Son expression s'affine enfin lorsqu'il ressent à travers C. Boccaccino l'influence du Parmesan (fresques de la Vie du Christ à S. Margherita, 1547, et fresques de S. Sigismondo, 1557). Parmi ses autres œuvres importantes, on peut encore citer diverses peintures du dôme de Crémone et un cycle de fresques à S. Maria delle Grazie à Soncino (Crema).

 
Antonio (Crémone 1524 – Milan ? 1587) , frère du précédent, montre à ses débuts la même attirance pour le style romaniste, tout en l'accentuant par un vérisme brutal. À partir de 1566 (Pietà, dôme de Crémone), il s'attache à des recherches d'effets dramatiques en exploitant le luminisme issu de l'école bresciane et de la manière tardive de Titien, effets que l'on retrouve amplifiés dans ses grandes toiles milanaises (Scènes de la vie de la Vierge, 1557, S. Marco ; Martyre de saint Laurent et Décollation de saint Jean-Baptiste, 1579-1581, S. Paolo ; Scènes de la vie de sainte Catherine, 1583, S. Angelo). Dans ces œuvres et quelques autres (Saint Jérôme, Prado ; Sainte Conversation, Brera ; Saint Sébastien, Milan, Castello Sforzesco), R. Longhi a souligné l'existence d'éléments de " vérité " précaravagesques, cependant durcis par une tendance " illusionniste ", caractéristique du Maniérisme nordique. La toile du Louvre, complexe dans son programme iconographique (les Mystères de la Passion, de la Résurrection et de l'Ascension) commandée par saint Charles Borromée (1569, Louvre (témoigne de sa participation au) mouvement de réforme catholique de Milan.

 
L'adhésion de leur frère Vincenzo (Crémone v. 1525/1530 – id. 1591) au goût brescian est moins éclatante, mais sous l'influence de Savoldo elle s'avéra plus intime et plus efficace (Saint Matthieu et l'ange, Pavie, S. Francesco). Il est marqué par le même éclectisme dont fit preuve sa famille, comme le démontrent le caractère romaniste de sa décoration à fresque de S. Paolo (Milan, 1588) et plus encore ses " bodegones " (la Marchande de fruits, la Marchande de poissons, les Marchands de poissons, la Marchande de volailles, Kirchheim, en Bavière, château Fugger ; la Marchande de fruits, Brera), dont certains critiques contestent cependant l'attribution, nettement dérivées d'Aertsen et de Beuckelaer.

 
Bernardino (Crémone 1522 – id. 1591) , élève de Giulio (sans être parent des Campi), témoigne, avec une cohérente monotonie, de la veine émiliano-parmesane et se rattache en même temps au Maniérisme flamand des peintres romanistes d'Anvers et d'Utrecht (Frans Floris). On lui doit les fresques de la coupole de S. Sigismondo de Crémone et différents tableaux dans d'autres églises de la ville.