Maître de la Seo d'Urgel
Peintre espagnol (actif en Cerdagne à la fin du XVe s.).
Influencé par l'école de Perpignan, il est le décorateur des volets de l'orgue de la cathédrale de la Seo d'Urgel (v. 1490, Barcelone, M. A. C. et coll. part.). Il est l'auteur d'un retable provenant de Notre-Dame-de-Grâce de Puigcerdá, dont 2 panneaux subsistent : l'Annonciation et la Pénitence de saint Jérôme (Barcelone, M. A. C.). Outre d'une profonde connaissance de l'art flamand, cet artiste fait preuve d'une savante organisation de l'espace et d'une délicatesse dans le modelé qui l'apparentent aux premiers peintres de la Renaissance.
Maître de la Sisla
Peintre espagnol (actif en Castille à la fin du XVe s.).
Les qualités stylistiques et émotionnelles du Retable de la Vierge (Prado) provenant du monastère de la Sisla ont incité les historiens à l'isoler dans la production hispano-flamande anonyme en lui attribuant un auteur auquel ils ont donné le nom de son couvent d'origine. Le graphisme précis, le modelé délicat et l'expression idéalisée et profondément spirituelle des personnages font de cet ensemble, inspiré sans doute par des gravures de Schongauer, un chef-d'œuvre que J. Gudiol a proposé de rapprocher de la production, encore mal connue, du Maître de Saint Ildefonse.
Maître de la Trinité de Londres
Peintre autrichien (actif en Styrie au début du XVe s.).
Il est ainsi désigné d'après la remarquable Trinité peinte v. 1420, acquise en 1922 par la N. G. de Londres. Ce retable fut considéré par Ch. Holmes comme une œuvre d'origine bourguignonne ou française, mais est revendiqué en 1924 par W. W. Hugelshofer comme appartenant à l'école de Vienne. En font peut-être partie, mais peints par une autre main, les volets (la Vierge et l'Enfant, Saint Étienne, Saint Laurent et une Religieuse) du château de Rastenberg (Basse-Autriche). K. Oettinger attribue à ce maître la merveilleuse Madone à l'auréole de Saint-Lambert, d'inspiration colonaise (v. 1410, musée de Graz), et son volet avec des Saints et deux donateurs, attribution qui n'a pu être acceptée après la confrontation de ces œuvres lors de l'exposition du Conseil de l'Europe à Vienne, en 1962. G. Schmidt pense que, en dehors du tableau de Londres, aucune œuvre ne peut être attribuée au Maître avec certitude, mais rattache celui-ci à un grand atelier de Vienne où " Maître Hans " aurait également travaillé. La Trinité de Londres fut aussi attribuée au Maître du Panneau votif de Saint-Lambert.
Maître de la Véronique de Munich
Peintre allemand (actif à Cologne au début du XVe s.).
Il est ainsi désigné d'après son œuvre principale, la Sainte Véronique de Munich (Alte Pin.), provenant de l'église Saint-Séverin de Cologne et qui, probablement, était à l'origine une porte de tabernacle ou de reliquaire. Artiste éminent, il fut autrefois identifié avec le " Maître Wilhelm " de Cologne cité dans les archives entre 1358 et 1378, puis, sans plus de succès, avec d'autres peintres colonais historiquement connus, et notamment Herman Wynrich von Wesel.
C'est, semble-t-il, vers 1410 que ce maître peignit le tableau de la Véronique, un des trésors de l'art allemand et l'un des tableaux les plus caractéristiques du style Gothique international. La sainte, dont le gracieux visage s'incline légèrement, présente le linge miraculeux sur lequel s'est imprimée la Sainte Face. Grave et sereine, elle contraste avec le visage du Christ où se lit la souffrance ; deux groupes de petits anges, placés dans les coins inférieurs, donnent à cette composition une certaine profondeur.
On attribue en outre à ce maître le petit triptyque de la Vierge à la fleur de vesce entre sainte Catherine et sainte Barbe (Cologne, W. R. M.). Un autre exemplaire de la Véronique (Londres, N. G.) a été discuté, mais semble être, plutôt qu'une copie de celle de Munich, un ouvrage antérieur dans la carrière du peintre. Une petite Crucifixion animée de nombreux personnages (Cologne, W. R. M.), un grand retable représentant le Christ en croix entre la Vierge, saint Jean et sept apôtres (id.), un Christ de douleur entre la Vierge et sainte Catherine (musée d'Anvers) et un petit triptyque portatif représentant la Vierge entourée de saints (Kreuzlingen, coll. Kisters) lui reviennent probablement aussi.
À cet artiste, qui fut le plus important de Cologne au début du XVe s. avant Lochner, avaient aussi été données quelques œuvres marquantes de cette époque, comme le Calvaire Wasservass ou le retable de la Sainte Parenté, aujourd'hui rendus à des maîtres baptisés du nom de ces deux derniers tableaux.
Maître de la Vie de Marie
Peintre allemand (actif à Cologne de 1460 à 1490 env.).
Anonyme comme tous les peintres de Cologne (sauf Lochner), il fut le plus éminent et aussi le plus influent de la seconde moitié du XVe s. et tire son nom d'un retable provenant de l'église Sainte-Ursule et conservé aujourd'hui à Munich (Alte Pin.) à l'exception d'un seul panneau (Présentation au Temple), qui se trouve à Londres (N. G.). Sur les 8 panneaux de ce retable, exécutés v. 1465 pour le Dr Johannes von Schwarz-Hirtz, patricien de Cologne, sont peintes des scènes de la Vie de Marie. Renonçant à suivre la tradition de Stephan Lochner, le maître, sous la vivifiante impulsion de l'art flamand, inaugure à Cologne la dernière phase de la peinture gothique tardive. Son influence sur des peintres tels que le Maître de la Passion de Lyversberg, le Maître de la Légende de saint Georges et le Maître de Saint Bruno est déterminante. Mais son rayonnement dépassera le cadre de la ville et gagnera les provinces limitrophes, où il se révélera déterminant pour de nombreux artistes. L'influence de 2 personnalités dominantes de l'art flamand, Rogier Van der Weyden et Dirk Bouts, est sensible dans toutes ses œuvres, ce qui permet de supposer qu'il se forma aux Pays-Bas. De Rogier, il a retenu la rigoureuse stylisation des plis cassés et des contours aux arêtes vives, le dessin des mains et l'élégance aristocratique des gestes. La Vierge de l'Annonciation s'inspire manifestement de celle du retable exécuté par Rogier v. 1460 pour l'église Sainte-Colombe de Cologne. Mais les affinités entre le Maître de la Vie de Marie et Bouts sont plus grandes encore. Plus bourgeoises, plus tendres et moins éprises de grandeur que chez Rogier, les Vierges peintes par le maître se rapprochent davantage des types que l'on rencontre chez Bouts, dont il partage le goût des figures aux membres graciles, rangées verticalement les unes à côté des autres. Comme lui, il répugne aux groupes compacts, à la profusion des gestes qui compromet la sérénité de la scène ; comme lui, surtout, il renonce à remplir l'espace environnant.
Avant le Retable de la Vie de la Vierge, le maître avait réalisé le triptyque de la Crucifixion exécuté v. 1460 pour l'hôpital Saint-Nicolas de Cues (en place). Il s'y efforce d'éviter tout mouvement vif dans la représentation des multiples personnages. Les silhouettes se détachent avec netteté en une double rangée ; et le paysage au-dessus de leur tête paraît sans lien avec le premier plan et ne semble pas servir de cadre à l'action.
Outre ces retables, on attribue au Maître de la Vie de Marie une série de triptyques et panneaux, dont quelques portraits (musée de Karlsruhe et Munich, Alte Pin.), les premiers de l'école de Cologne. Il semble aussi être l'auteur de quelques peintures murales et de vitraux ornant plusieurs églises de Cologne.
Tributaire des artistes flamands, le Maître de la Vie de Marie a apporté à Cologne, encore imprégnée par la forte présence de Lochner, les moyens de rompre avec la tradition vieillie du Gothique international, qu'il représentait, pour adopter un nouveau langage, moderne par la représentation plus réaliste qu'il permettait, mais conforme au goût colonais pour la stylisation, et capable d'exprimer une vision intellectuelle et lyrique du monde.