Laethem-Saint-Martin
Village de la Flandre, dans la vallée de la Lys, non loin de Gand.
Le sculpteur George Minne, illustrateur de Maeterlinck, s'y établit en 1898 et y rencontra Albijn Van den Abeele, qui peignait avec une ferveur naïve les sites de sa région natale. En 1899, le poète symboliste Karel Van De Woestyjne s'y installa avec son frère Gustave ; enfin le paysagiste Valerius De Saedeleer y séjourna de 1904 à 1908. Les préoccupations de ce premier groupe se rattachent au Symbolisme, fortement imprégné de religiosité, de la fin du XIXe s. À Bruges, en 1902, l'exposition des primitifs flamands fut une révélation pour G. Van de Woestyne et pour De Saedeleer, qui s'inspirèrent étroitement des maîtres anciens, et en particulier de Bruegel (De Saedeleer : Paysages d'hiver aux fermes, 1907, coll. part. Asse ; Van De Woestyjne : l'Aveugle, 1910, musée d'Anvers). Albert Servaes, à Laethem en 1905, partageait les convictions religieuses de ses devanciers, mais il s'exprima bientôt avec plus d'ampleur ; ses Ramasseurs de pommes de terre (1909, Bruxelles, M.R.B.A.), dont la mise en page relève encore du Symbolisme, annoncent, par la recherche du caractère synthétique de la scène, l'Expressionnisme. Mais ses futurs représentants, quand ils séjournent à Laethem, ne manifestent pas de telles ambitions. Gustave De Smet, familier de Laethem à partir de 1901, et Frits Van den Berghe, qui le rejoint en 1904, se satisfont alors d'un Impressionnisme sage, dans des paysages, des scènes d'intérieur où l'on retrouve parfois l'atmosphère d'intimité des Nabis (Van den Berghe : la Petite Ève, 1904). Dernier venu, en 1909, Constant Permeke chercha une voie personnelle, d'abord dans les exemples proposés par De Saedeleer et Servaes, mais plus encore par Bruegel (l'Hiver en Flandre, 1912, musée d'Anvers). La petite colonie fut dispersée en 1914. Après l'armistice, la vallée de la Lys fut de nouveau très fréquentée par les mêmes artistes qui s'installèrent ou travaillèrent temporairement à Laethem, Astene, Afsnée ou Deurle. Le concept de l'école de Laethem se cristallisa à partir de deux expositions (à Laethem en 1924, à Bruxelles en 1925) et il a connu depuis une singulière fortune. En 1960, en 1961 et en 1964, la municipalité de Laethem a organisé des expositions destinées à préciser la portée des œuvres qui y virent jadis le jour.
Lafontaine (Marie-Jo)
Artiste belge (Anvers 1950).
De 1975 à 1979, elle étudie à l'École nationale supérieure d'architecture et des arts visuels " la Cambre " à Bruxelles. Ses premiers travaux, dès 1976, sont des tapisseries, des peintures monochromes (influencées par Robert Ryman et Brice Marden), des sculptures et des photomontages. En 1979, elle débute ses installations vidéo (la plupart en noir et blanc), dont le sujet repose sur la violence et l'érotisme. Son inspiration vient souvent des philosophes et des écrivains (Nietzsche, Baudrillard) qui ont exploré ce dualisme entre corps et esprit : la machine (la Batteuse de palplanches, 1979) ; les gens (Round around the Ring, 1981 ; A las cinco de la tarde, 1984 ; Savoir, retenir et fixer ce qui est sublime, 1989) ; les robots (Rêve d'Héphaïstos, 1982). Parallèlement à ses travaux vidéo, elle poursuit la sculpture (les Gardiens du jeu, 1986).
Lafrensen (Nicolas)
ou Nicolas Lavreince
Miniaturiste et dessinateur suédois (Stockholm 1737 – id. 1807).
Il fut d'abord élève de son père, le miniaturiste Nicolas Lafrensen le Vieux, puis vint étudier à Paris (1762-1769). En 1770, le roi Gustave III le nomma miniaturiste de la Cour. En 1774, Lafrensen fut de retour à Paris où il s'établit jusqu'en 1791, gagnant, dès les premières années, la faveur de la société parisienne par ses miniatures galantes et ses petites peintures de genre, à la gouache et à l'aquarelle, sur papier ou parchemin, dont les motifs s'inspirent des plaisirs de la vie mondaine et s'apparentent aux sujets de Fragonard, de Boucher et de Baudoin (l'École de danse, Louvre ; Fête dans le parc de Trianon, 1784, musée de Linköping ; la Toilette du matin, v. 1785, Stockholm, Nm). Ces œuvres connurent une grande diffusion à partir de 1770, grâce aux gravures de reproduction en noir et en couleurs, dues, entre autres, à Janinet et à de Launay. Lafrensen traita les mêmes thèmes dans ses miniatures sur ivoire pour couvercles de petits coffrets et de bonbonnières (Déjeuner de chasse, Londres, Wallace Coll.). Ses peintures, aux tons très doux, révèlent une grande finesse de métier et sont souvent d'un vif intérêt documentaire. Après son retour à Stockholm, en 1791, il devint le portraitiste-miniaturiste attitré et très sollicité de la Cour (Gustave III, Stockholm, Nm). Puis son style se modifia, abandonnant la formule douce et sensible au profit de l'influence néoclassique. À la fin de sa carrière, son art, encore fortement imprégné de " rococo ", fut éclipsé par les nouveaux courants artistiques, et Lafrensen renonça à peindre plusieurs années avant sa mort. La plus grande partie de ses œuvres se trouve à Stockholm (Nm). L'artiste est également représenté à Paris (Louvre et musée des Arts décoratifs) et à Londres (Wallace Coll.).
Laget (Denis)
Peintre français (Valence 1958).
Formé aux Beaux-Arts de Saint-Étienne et un temps fidèle à cette ville ouverte à l'art contemporain, Laget connaît une carrière précoce (l'Ami au blanc visage, 1983). Dès 1984, il expose au musée de Toulon ses premiers travaux sur le thème d'anges ailés, d'une consonance nabi. À partir de 1985, son œuvre s'empreint de gravité avec la série des portraits aux yeux clos sur une extase mortelle et celle des crânes des vanités, qui deviennent thèmes dominants. Résolument peintre au sein du mouvement de retour à la peinture, Laget traite ses Memento mori avec fougue et une richesse de la pâte, malgré la modestie du format et l'austérité en gris neutre de cadres d'étain déjetés qui viennent en contraindre la préciosité. Ce métier aussi fouillé que maîtrisé l'autorise à relever dans ses dernières peintures le défi de ce lieu commun de la nature morte qu'est le hareng saur. Laget séjourne à la villa Médicis en 1989-90. Le F. N. A. C. conserve un ensemble de 21 toiles de l'artiste (les Plagiaires de la foudre, 1987). Il a exposé au musée de Toulon (1984), au musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne, à l'abbaye Sainte-Croix, aux Sables-d'Olonne (1986), au musée des Beaux-Arts de Carcassonne (1988-89) et à Rome, villa Médicis (1990), à Budapest (musée Kiscelli, 1996).