Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
D

diptyque

Tableau formé de deux volets joints par des charnières et que l'on peut rabattre l'un sur l'autre.

   Ce genre de tableau, généralement de petites dimensions, fut très en faveur dans l'Antiquité, mais surtout à Byzance ainsi qu'au Moyen Âge et à la Renaissance. On lui donnait encore, au XVe s., le nom de livrets ou tableaux cloants. Peu encombrants, ces tableaux pouvaient être emportés en voyage. C'étaient surtout de petits tableaux d'autel ou des portraits.

dissolvant

Constituant liquide simple ou mixte, volatil dans des conditions normales de séchage, non filmogène et utilisé pour disperser le liant des vernis et des peintures (syn. : solvant). Les principaux dissolvants sont l'acétone et l'alcool (esprit de vin, esprit de bois, alcool butylique, butanol et alcool amylique et méthylique), l'acide phénique, le benzol, seuls ou en mélange.

divisionnisme

Nom donné à la théorie de base du Néo-Impressionnisme. Mise au point par Seurat et Signac d'après les travaux scientifiques de Chevreul, Maxwell, Helmholtz et Rood avec l'aide du physicien Charles Henry, elle prônait la reconstitution de la lumière par la loi du contraste simultané des couleurs et du mélange optique.

divisionnisme lombard

Une ouverture authentique et un dialogue avec les courants d'avant-garde se manifestèrent en Lombardie grâce à un groupe d'artistes convertis par le dynamisme enthousiaste de V. Grubicy aux principes chromatiques du Divisionnisme français. Le Divisionnisme italien fit sa première apparition à la Triennale de la Brera de 1891, avec des œuvres divisionnistes de Segantini, de Morbelli et de Previati. L'interprétation des principes divisionnistes était enrichie par le goût des recherches luministes et était compliquée par un écho des inquiétudes spiritualistes qui commençait à imprégner tout le Réalisme européen. La " touche divisée " trouva en Lombardie une application bien plus instinctive que systématique et avec des nuances différentes ; du pointillé menu de Segantini, partagé entre l'attrait du " vrai " et celui d'un symbolisme d'inspiration nordique, aux longues fibres lumineuses qui enveloppent les figurations symboliques de G. Previati ; de la trame serrée de touches de couleur par laquelle Morbelli illumine son réalisme humanitaire à la scansion passionnée de Pellizza da Volpedo, fidèle à l'inspiration sociale, et le plus porté de tous à la traduction géométrique de purs phénomènes lumineux.

Dix (Otto)

Peintre allemand (Untermhaus  1891  –Singen, près de Constance, 1969).

Il se forma d'abord chez un décorateur de Gera (1905-1909), puis à l'école des Arts décoratifs de Dresde (1910-1914) et surtout dans les musées en observant les œuvres des primitifs allemands. Dans ses premières œuvres, il subit l'influence du groupe Die Brücke et plus encore celle du Futurisme, de 1914 à 1919. Comme les autres artistes de sa génération, il fut profondément marqué par la guerre — dont il a laissé maints témoignages (env. 600 dessins, aquarelles, gouaches) et à laquelle il prit part —, puis par le climat politique, confus et violent, de l'Allemagne après l'armistice. De 1919 à 1922, il poursuit ses études à l'Académie de Dresde et participe régulièrement aux expositions de la sécession de Dresde. Le mouvement dada le compte aussi parmi ses artistes : en 1920, il fait partie de la Première Foire internationale Dada. Les tableaux de 1920 reflètent une double influence de l'Expressionnisme et du Dadaïsme (la Barricade ; les Mutilés de guerre, disparus ; les Joueurs de skats mutilés jouant aux cartes ; la Rue de Prague à Dresde, Stuttgart, Städtische Galerie ; Marchand d'allumettes I, Stuttgart, Staatsgal). Puis sa manière de peindre se modifie pour peindre l'horreur de l'après-guerre : il adopte un style réaliste, comme en témoigne la Tranchée (1920-1923, disparue apr. 1938). En 1923, il est nommé professeur à l'Académie de Düsseldorf. L'exposition de la Nouvelle Objectivité organisée en 1925 à Mannheim présente certaines de ses œuvres. La même année, il effectue un voyage d'étude en Italie avant de s'établir à Berlin. Il s'impose désormais par ses qualités de portraitiste (l'Urologue-dermatologue Koch, 1921, Cologne, W. R. M. ; Sylvia von Harden, 1926, Paris, M. N. A. M. ; les Parents de l'artiste, 1924, musée de Hanovre) et par ses évocations de la vie nocturne, de la ville moderne (la Grande Ville, 1927, Stuttgart, Gal. der Stadt). L'œuvre gravé (premier bois en 1913 ; belle série de bois en 1919 : le Cri) culmine dans les eaux-fortes des années 20 : suites sur les Filles et les Artistes du cirque (1922), et, surtout, les 50 pièces de la Guerre, d'une vérité et d'une intensité exceptionnelles (1923-24 ; éditées en 1924 à Berlin, pleinement révélées en 1961). Afin d'atteindre une qualité de peinture la plus impersonnelle possible, Dix adopta les techniques anciennes : détrempe et glacis en peinture, pointe d'argent pour le dessin, à laquelle il doit de très belles pages (études de nouveau-né, son fils Ursus, 1927 ; plantes très durériennes, nus, paysages). À juste titre considéré comme le principal chef de file de la Neue Sachlichkeit, rattaché au vérisme, l'aile la plus engagée du mouvement, l'artiste abandonna quelque peu cet esprit, après 1930, au profit d'un relatif adoucissement, même dans le thème de la Guerre (4 panneaux à Dresde, Gg, 1929-1932), et d'emprunts de plus en plus nets aux maîtres anciens (thèmes de la tentation de saint Antoine, de saint Christophe, de la Vanité), où se distinguent les nus, d'une étrange poésie cranachienne (peintures et pointes-d'argent), les paysages, surtout dessinés (Paysage idéal du Hegau, 1934). Nommé professeur à l'Académie de Dresde en 1927, il fut destitué de son poste par les nazis en 1933 et se retira en 1936 à Hemmenhofen, sur les bords du lac de Constance. En 1937, il figura à l'exposition de l'Art dégénéré. En 1938, plusieurs de ses œuvres furent confisquées. Il resta toutefois en Allemagne, bénéficiant de la protection d'un professeur de l'Académie de Berlin. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il fut fait prisonnier à Colmar. À partir de 1946, il pratiqua un expressionnisme tardif illustrant notamment la Passion du Christ. Dix a laissé de la société allemande avant le nazisme la représentation la plus saisissante. Cette vision, à la fois impartiale, non engagée et d'une vérité parfois à peine supportable, a été mieux comprise au moment des diverses réactions figuratives, face au subjectivisme de l'abstraction des années 45 à 60, et il est significatif que Dix, comme Bacon plus tard, se soit souvent référé à la philosophie de Nietzsche. L'artiste est surtout représenté dans les musées allemands, ainsi qu'à New York (M. O. M. A.).