Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Vignon (Victor)

Peintre français (Villers-Cotterêts 1847  – Meulan 1909).

Disciple de Corot, ami de Pissarro et de Cézanne, Vignon fit partie du mouvement impressionniste. Il travailla v. 1880-1885 à Auvers-sur-Oise et dans la région. Ses paysages rappellent, par leur calme et leur solidité, ceux de Pissarro. Vignon est représenté au musée d'Orsay (Paysage à Auvers, Chemin des Frileuses à Évecquemont), au musée de Bayonne (coll. Personnaz), au musée de Reims et, par plusieurs toiles, au musée d'Aix-les-Bains.

Viladomat (Antonío)

Peintre espagnol (Barcelone 1678  – id. 1755).

Issu d'une famille de doreurs, il étudia dans des ateliers locaux jusqu'à l'arrivée en 1703 du grand décorateur italien Fernando Bibbiena — appelé par l'archiduc Charles à son éphémère cour de Barcelone pendant la guerre de la Succession —, qui exerça sur lui une influence considérable. Très habile dessinateur, dont le néo-classique Mengs devait louer la correction, Viladomat eut des activités multiples : portraitiste, paysagiste, peintre de scènes de genre — comme la charmante série des Quatre Saisons (Barcelone, M. A. C.), qui put inspirer Goya pour certains cartons de tapisserie et peintre de nature morte, influencé par l'école napolitaine. Pourtant, il reste avant tout un peintre religieux, très lié à la tradition du Siècle d'or. Si la plupart de ses décorations d'églises ont disparu depuis le XIXe s., 3 ensembles importants permettent d'apprécier son art : les 25 tableaux de la Vie de saint François peints de 1722 à 1724 pour le couvent des Frères mineurs de Barcelone et passés au M. A. C. ; une autre Vie de saint François, de plus petit format, à l'église de Berga ; les scènes de la Vie de la Vierge et de la Passion à S. Maria de Mataró (1727-1737). Superficiellement touché par le Baroque, Viladomat conserve la gravité, la vigueur réaliste, parfois la sobre grandeur des meilleurs maîtres valenciens ou castil lans du XVIIe s., un Espinosa ou un Fray Juan Rizi. Certaines scènes de la vie de saint François — comme le Repas de saint François et sainte Claire ou la Mort de saint François — comptent parmi les " nocturnes " les plus saisissants de la peinture espagnole. Fondateur d'une école de dessin prospère, jouissant d'une grande renommée, Viladomat eut de nombreux disciples, dont les meilleurs furent les frères Tramullas. Il apparaît comme la figure la plus significative de la première moitié du XVIIIe siècle à Barcelone.

Villalba (Dario)

Peintre espagnol (San Sebastián 1939).

Étudiant à l'École des beaux-arts San Fernando de Madrid, il complète sa formation, au début des années 50, à l'université Harvard (Boston). Il vit aux États-Unis jusqu'en 1954 et se consacre à la peinture à partir de 1957. L'année suivante, il travaille à Paris dans l'atelier d'André Lhote.

   L'œuvre personnelle de Villalba s'impose à partir des années 70 à travers des photographies noir et blanc de grand format qui représentent des personnages dans des attitudes et des comportements particulièrement expressifs et émotifs (Louisiana Museum au Danemark, 1975). On peut déceler dans ces œuvres réalistes l'influence du pop art. Son œuvre évolue après 1980, lorsqu'il commence à réaliser des collages dont la grande qualité graphique et picturale le place dans une tradition espagnole de la peinture matiériste et d'une expression violente qui confère à la fois à son œuvre son originalité et sa filiation historique (Espace baroque, 1986).

   Alors que le M.E.A.C. de Madrid organise en 1970 une importante exposition de l'artiste, il reçoit en 1973 le premier prix international de la Biennale de São Paulo. Représenté par la galerie Mordo de Madrid, son œuvre a été exposé en Italie, à New York, Bâle, Cologne. Il a participé à de nombreuses expositions de groupe en Europe et aux États-Unis. Il est présent dans les musées des Beaux-Arts d'Ostende, de Genève (musée d'Art et d'Histoire), de Madrid (M.E.A.C.) et de Séville (musée d'Art contemporain).

Villavicencio (Pedro Nuñez de)

Peintre espagnol (Séville 1640  – id. avant 1698).

Ce gentilhomme, fils d'une illustre famille de militaires, figure parmi les membres fondateurs de l'Académie de peinture de Séville en 1660, au côté de Murillo, dont il restera l'ami plus encore que le disciple et qui deviendra son exécuteur testamentaire. En 1661, il entre dans l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et effectue plusieurs voyages en Italie et à Malte, où il dut rencontrer Mattia Preti. Deux peintures sont en relation directe avec Preti : Judith et la tête d'Holopherne (1674, Séville, coll. part.) et la Pietà avec la Madeleine (Prado).

   À la différence des autres satellites de Murillo, Villavicencio semble avoir retenu surtout les sujets profanes inspirés par l'enfance. Son œuvre la plus connue, les Jeux d'enfants (Prado), qu'il offrit au roi Charles II, affirme une certaine indépendance par rapport au maître : personnages plus nombreux, plus animés et traités davantage en scène de genre, lumière plus grise et tourmentée.

   D'autres toiles reflètent des influences italiennes, en particulier celle du Danois Bernardo Keil, établi à Rome depuis 1656 : les Joueurs de cartes et les Joueurs de dés (musée de Leicester), Jeune Garçon attaqué par un chien (musée de Budapest) et son pendant (Modène, Gal. Estense), Enfant jouant avec un chat (Loko Park).

Villegas Marmolejo (Pedro de)

Peintre espagnol (Séville 1519  – id. 1596).

Il fut l'un des représentants les plus caractéristiques du Romanisme sévillan dans la seconde moitié du XVIe s. Un éventuel voyage en Italie n'est confirmé par aucun document. Homme cultivé, il compta parmi ses amis le poète Mal Lara et le solitaire d'Aracena, le grand humaniste chrétien Arias Montano, qui parle souvent de lui avec éloges ; il collectionna les antiques et réunit une bibliothèque latine renommée. Comme peintre, moins ingénieux et moins ambitieux dans ses compositions religieuses que son émule en raphaélisme Luis de Vargas, il séduit davantage par la majesté mélancolique de compositions plus contemplatives que narratives. Ses œuvres principales sont, avant tout, le Retable de la Visitation (1566), à la cathédrale de Séville (où la scène principale est accompagnée du Baptême du Christ, de plusieurs saints et de portraits de donateurs), la Virgen de los Remedios (Séville, S. Vicente) et les tableaux de S. Lorenzo, la Sainte Famille et l'Annonciation de 1593, qui est sa dernière œuvre connue.