Burri (Alberto)
Peintre italien (Città di Castello 1915 – Nice 1995).
Après une formation de type scientifique, il effectue ses premières recherches picturales en 1944, durant sa détention aux États-Unis. Établi à Rome en 1948, il développe après 1950 la technique du collage et introduit dans sa peinture l'utilisation d'éléments hétéroclites empruntés à la réalité quotidienne : matières vulgaires dégradées par l'usage tel que bois brûlé et chiffons (première série des Tableaux noirs), toile à sac lacérée et papier calciné (série des grandes Toiles à sac, 1952-1956, auxquelles il ajoute de vastes taches rouges). Ses recherches, qui intéressent immédiatement la critique, font naître des rélexions sur l'" esthétique du déchet ", déterminantes pour l'Art brut et le Nouveau Réalisme. Entre 1950 et 1960, la peinture d'avant-garde européenne, et surtout la peinture espagnole, est particulièrement sensible à cette nouvelle forme de langage pictural. À cette époque, il s'établit un étroit courant d'échanges entre l'œuvre de Burri et les mouvements les plus avancés de la peinture : son itinéraire correspond à l'évolution de l'Art brut, du Tachisme et de l'Informel. Il assimile et développe ces expériences en les soumettant toujours à une rigoureuse logique picturale et conserve au tableau sa signification traditionnelle. À partir de 1956, il inaugure le thème des Combustions en même temps que la série des Fers ; dans ses œuvres plus récentes, il utilise même les matières plastiques, qu'il intègre dans ses compositions. Burri atteint alors un équilibre personnel entre le geste fortuit et un savant support formel (Grand Blanc plastique, 1969). Après ses travaux sur l'argile séché et crevassé, ses œuvres des années 70 et 80 à base de Cello-tex retrouvent curieusement l'usage de certains motifs graphiques traditionnels (spirale) ou présentent sous forme stylisée des évocations du corps féminin ou de motifs sexuels. Fondateur du groupe Origine en 1951, il a participé à toutes les manifestations du mouvement. Il expose d'abord à Rome en 1947 (gal. Margherita), puis à New York (gal. Marlborough) et à Paris (gal. de France). Une première rétrospective a eu lieu en 1960 à la Biennale de Venise, suivie notamment en 1972 par celles de Turin et de Paris. Burri est représenté dans la plupart des grands musées des États-Unis (Cambridge, Mass., Fogg Art Museum ; Pittsburgh, Museum of Art et Carnegie Inst. ; Buffalo, Albright-Knox Art Gal.) et d'Europe (Londres, Tate Gal. ; Rome, G. A. M. ; Paris, M. N. A. M.).
Burrini (Giovanni Antonio)
Peintre italien (Bologne 1656 – id. 1727).
Élève de Canuti, puis de Pasinelli, il se consacra surtout à la fresque. Des différents cycles décoratifs qu'il exécuta entre 1680 et 1695, le plus significatif est celui de la villa Albergati à Zola Predosa. Cette œuvre de jeunesse dénote une nette tentative de renouvellement de la peinture bolonaise, en comparaison avec le courant dominant du classicisme local. Dans ses rares œuvres de chevalet (Herminie chez les bergers, Bologne, P. N. ; Suzanne et les Vieillards, id. ; Martyre de sainte Euphémie, Ravenne, S. Eufemia), son pinceau, dense et vibrant, rappelle Véronèse, Tintoret, les jeunes Carrache, et révèle sa sympathie pour les artistes non bolonais de tendance baroque comme Luca Giordano. Il influença la peinture de G. M. Crespi. Il fut l'un des fondateurs de l'Accademia Clementina en 1709.
Bury (Pol)
Artiste belge (Haine-Saint-Pierre 1922-Paris 2005).
Il suit les cours de l'école des Beaux-Arts de Mons en 1938 et fait la connaissance du poète Achille Chavée en 1939. Il subit l'influence de Magritte et, en 1945, participe à l'Exposition internationale du Surréalisme. En 1949, il collabore aux activités du groupe Cobra, mais, dès 1945, il avait abordé les problèmes du mouvement dans la peinture. Il participe en 1955, avec des œuvres abstraites utilisant des éléments mobiles, à l'exposition Le Mouvement, organisée à Paris par la galerie Denise René, en compagnie d'Agam, de Soto et de Tinguely. Son œuvre appartient ensuite au mouvement cinétique, dont il sera l'un des représentants les plus originaux. Ses sculptures, en bois ou en métal, sont composées d'éléments géométriques mus par des moteurs électriques. Les points, les boules mais aussi les tiges, les bâtons, les colonnes sont associés à des supports de formes libres. L'idée est souvent de créer une image paradoxale reposant sur un contresens ou une impossibilité (défi à l'apesanteur, équilibre irréalisable) qui témoigne bien des origines surréaliste de l'artiste. Toutes ces œuvres sont animées d'un mouvement lent, organique qui déplace les éléments de façon quasi imperceptible.
À partir de 1976, Pol Bury s'est intéressé à l'art des fontaines, qu'il a largement contribué à renouveler avec beaucoup d'originalité et de poésie en mariant le mouvement de l'eau à celui des formes sculptées (Paris, Palais Royal : 2 fontaines en acier inoxydable face aux Colonnes de Buron). Pol Bury a également publié une suite de textes de caractère polémique : l'Art à bicyclette et la révolution à cheval (Paris, 1972) ; le Petit Commencement, le vélo de Joseph Staline et le circuit idéologique (La Louvière, 1976) ; les Horribles Mouvements de l'immobilité (Paris, 1977).
Busch (Wilhelm)
Dessinateur et peintre allemand (Wiedensahl, près de Hanovre, 1832 – Mechtershausen, près de Seesen, 1908).
Busch est l'humoriste le plus populaire et le plus important de l'Allemagne du XIXe s. Formé tout d'abord à l'Académie de Düsseldorf, il entra en 1852 à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, dans l'atelier de Wappers ; là, il fut profondément marqué par les maîtres du XVIIe s. (Rubens, Brouwer, Téniers et surtout Hals). À Munich où il fut élève à l'Académie en 1854, il adhéra à l'association des artistes Jung München, qui publia ses premières caricatures. Ses histoires en images parurent d'abord dans Fliegende Blätter (l'Hiver dur, 1858) et dans Münchener Bildermorgen. En 1865, la publication de Max und Moritz le rendit célèbre. Tout en conservant un atelier à Munich, Busch se retira dans son village natal, qu'il ne quitta qu'en 1898 pour Mechtershausen. Il y réalisa ses histoires les plus connues : Saint Antoine de Padoue (1870), Die fromme Helene (la Pieuse Hélène, 1872), Tobias Knopp, Julchen (1876), Fipps der Affe (Fipps le Singe, 1879), Plish und Plum (1882), Balduin Bählamm, Maler Klecksel (le Peintre Klecksel, 1884). Satiriques, elles dénoncent l'imperfection du caractère humain, bien au-delà de la petite bourgeoisie du Biedermeier, où l'artiste les a situées. Son observation aiguë trahit le pessimisme d'un Schopenhauer, souvent atténué par un humour noir. Le dessin au trait, ferme et simplifié, qui se prête aussi à des flexions expressives, est accompagné par des vers devenus des citations célèbres. Busch, qui continua de peindre, cacha au public ses tableaux, qui ne furent connus qu'après sa mort. Ce sont des paysages et des personnages dans l'esprit hollandais, traités d'une touche libre et véhémente, et imprégnés d'une atmosphère lumineuse. Il a laissé une autobiographie (Was mich betrifft, 1886, Frankfurter Zeitung) reprise en 1893-1894 (Von mir über mich). Son œuvre dessiné et peint est conservé au Wilhelm Busch Museum, fondé en 1937 à Hanovre.