Borovikovski (Vladimir Loukitch)
Peintre russe (Mirgorod 1757 – Saint-Pétersbourg 1825).
Peintre d'iconostases en son Ukraine natale, appelé en 1787 par Catherine II à Saint-Pétersbourg, il se forma auprès de Levitski et de Lampi. Ses portraits de femme (Catherine II en promenade à Tsarskoïe Selo, 1796, Moscou, Tretiakov Gal. ; Princesse Kourakine, 1795, id. ; Madame M. I. Lopoukhina, 1797, id.) offrent des ressemblances avec ceux de Gainsborough, tandis que ses effigies officielles masculines (Paul Ier, 1800, Saint-Pétersbourg, Musée russe ; N. P. Cheremetiev, 1819, château d'Ostankino) témoignent de l'ascendant de Batoni. Des affinités avec Mme Vigée-Lebrun apparaissent dans les portraits postérieurs à 1800 (Princesses Kourakine, Louvre).
Borrani (Odoardo)
Peintre italien (Pise 1832 – Florence 1905).
Élève de Pollastrini et de Bianchi à l'Académie de Florence, il participe avec ce dernier à la restauration des fresques du cloître et de la basilique de Santa Maria Novella (1850). Adhérant au groupe des Macchiaioli dès 1853, il fait partie, avec Lega, Signorini et Abbati, des paysagistes dits " de Pergentina " (faubourg de Florence que ces peintres avaient l'habitude de fréquenter). Après un séjour à Montelupo en 1861, puis à Castiglioncello en 1862, chez Diego Martelli, en compagnie de ses amis (Meules à Castiglioncello), il ouvre avec Lega en 1876 une galerie de peinture à Florence et partage désormais son temps entre Rome et Rimini. Dessinateur, il travaille également pour L'Illustrazione italiana et la manufacture de faïences de Doccia. Les G. A. M. de Rome et de Florence conservent ses petits paysages, exécutés en plein air, remarquables par leurs effets de lumière finement observés et leur liberté d'interprétation (Hauteurs, Florence, G. A. M. ; Rimini, La Marecchia, id. ; Le Mugnone, Rome, G. A. M.). Il a peint également des tableaux historiques et des scènes de genre beaucoup moins proches du style tachiste et plus académiques (le 26 Avril 1859 ; l'Analphabète). Borrani a figuré dans quelques expositions collectives sur les Macchiaioli, à Rome (G. A. M.) en 1956, à Florence (palais Strozzi) en 1971-1973 et à Paris (Grand Palais) en 1978-1979.
Borrassá (Luis)
Peintre espagnol (Gérone v. 1360 –Barcelone v. 1425).
Originaire d'une famille de modestes artistes de Gérone, il fut le premier représentant en Catalogne du Gothique international. Différents documents le mentionnent comme l'auteur de 48 retables exécutés entre 1383 et 1424 ; une douzaine subsistent en partie ou dans leur intégrité, mais de nombreuses peintures lui sont attribuées avec vraisemblance. Tout en gardant des contacts avec Gérone, l'artiste s'établit à Barcelone v. 1383 et organise un important atelier, dont les débuts sont mal connus (le grand retable qu'il exécute alors pour l'église du couvent de S. Damián n'existe plus). De cette première époque date la partie latérale d'un retable (v. 1385-1390, Paris, musée des Arts décoratifs) représentant la Nativité, l'Adoration des mages, la Résurrection et continuant la tradition italianisante de Destorrents et des frères Pedro et Jaime Serra. On attribue également à cette période le Retable de l'archange Gabriel de la cathédrale de Barcelone et celui de la Vierge et saint Georges (Villafranca del Panedès). En 1402 est documenté le Retable de la Vierge de Copons (Valence, coll. Montortal). Un caractère vigoureux anime une prédelle, la Déploration du Christ (1410), ajoutée ultérieurement au Retable du Saint-Esprit de Pedro Serra (collégiale de Manresa). Avec cette œuvre, l'artiste atteint sa pleine maturité. D'un thème alors courant en peinture comme en sculpture, Borrassá a fait un tableau tragique dans son réalisme, où la douleur de chacun s'exprime de façon différente ; les couleurs intenses s'équilibrent de part et d'autre de la Vierge. Désormais, Borrassá se rallie au style international, où interviennent des éléments flamands, parisiens, bourguignons. Les déplacements d'artistes, le mécénat des princes favorisèrent les contacts étrangers que Borrassá dut avoir à Gérone, où séjournait la cour du futur roi d'Aragon, Jean Ier, et de sa femme, Violante de Bar, nièce de Charles V.
Le Retable de saint Pierre (1411-1413, Tarrasa, église S. María), conservé partiellement, accuse un dynamisme accru. La technique de Borrassá, souple et fluide, révèle une maîtrise alors exceptionnelle en Espagne. L'apogée de sa carrière semble être marqué par le Retable de sainte Claire (1415), exécuté pour le couvent des Clarisses de Vich ; l'œuvre avait 6 m de haut et comportait 4 registres superposés de panneaux ; elle est maintenant exposée en fragments au musée de Vich.
Les œuvres suivantes sont plus discrètes : le Retable de saint Jean-Baptiste (v. 1415-1420, Paris, musée des Arts décoratifs), conservé en entier, présente l'image squelettique du Précurseur se détachant sur l'habituel fond d'or. Le Retable de saint Michel de Cruilles (1416, musée de Gérone), où se reconnaît la main d'un collaborateur, ajoute à la figure traditionnelle de l'archange combattant le démon de curieux épisodes : Messe des âmes du purgatoire et Persécution de l'Antéchrist.
Borrassá domine toute la production barcelonaise de 1390 à 1420 env. Le type de ses retables à étages superposés, son chromatisme brillant, ses procédés techniques servirent d'exemples à ses nombreux élèves et imitateurs, qui cependant ne réussirent pas toujours à retrouver la même aisance narrative, aisance qui lui faisait heureusement mêler la violence et la grâce mondaine, ni le raffinement de sa manière. Son influence s'exerça avec bonheur sur des artistes catalans tels que Juan Mates ou le Maître du Roussillon ; son successeur à la tête de l'activité picturale de Barcelone, Bernardo Martorell documenté de 1427 à 1452, lui doit également beaucoup.
Bortnyik (Sandor)
Peintre hongrois (Marosvasarhely 1893 – Budapest 1977).
Sandor Bortnyik, qui a effectué ses études à l'académie de Budapest, entre en contact dès 1915 avec Lajos Kassák. Il participe en 1917 au groupe Ma, ainsi qu'à la revue fondée par Kassák avec lequel il collabore aux côtés également de Bela Uitz : il y publie des gravures sur linoléum. Son art est alors très marqué par l'Expressionnisme. En 1919, à la fin de la révolution hongroise, il émigre à Vienne. Ses œuvres se situent dans l'esprit du Suprématisme : abstraites, proches de celles de Kassák et de Moholy-Nagy, elles sont intitulées Bild-architektur. En 1922, Bortnyik expose à la galerie Der Sturm, à Berlin. Il se fixe à Weimar à partir de 1922, participe au Congrès des constructivistes-dadaïstes, qui se tient dans cette ville en marge du Bauhaus : il restera à Weimar jusqu'en 1924. Sa peinture évolue à partir de 1923 dans la direction du Purisme et de Fernand Léger. Ses tableaux seront ensuite composés de plans abstraits disposés dans l'espace et montrent un usage retrouvé de la perspective ; en 1924, ils témoignent tout autant de la connaissance du Constructivisme, en particulier de l'art de Lissitsky, que du Stijl, pour constituer un espace illusionniste dans lequel évoluent des mannequins issus de la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico.
En 1925, Bortnyik est de retour à Budapest, où il se consacre à une activité de peintre, de designer et de typographe et réalise des décors de théâtre. En 1928, il fonde l'école Mühely (l'Atelier) sur le modèle du Bauhaus, où seront notamment enseignées toutes les techniques du graphisme et de la publicité. Cette école fermera ses portes en 1938. Après la guerre, Bortnyik est professeur à l'École des arts et métiers de Budapest. De 1946 à 1956, alors qu'il est le directeur de l'École supérieure des beaux-arts, il revient à une peinture figurative plus classique.