Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

cubo-futurisme

Mouvement pictural russe qui fit, à partir de 1912, une synthèse des principes cubistes (décomposition et géométrisation de l'objet), futuristes (dynamisme des plans et des lignes) et néoprimitivistes (schématisme et naïveté). Les principaux représentants du Cubo-futurisme sont Tatline, Malévitch, Olga Rozanova, Alexandra Exter, Lioubov Popova.

Cucchi (Enzo)

Peintre italien (Morra d'Alba, près d'Ancône, 1950).

Cucchi entame une carrière artistique à l'âge de 18 ans après avoir remporté le premier prix dans une exposition de groupe à Ancône. Il fréquente épisodiquement l'académie Macerata, période d'expérimentation dans la lignée de l'art conceptuel, et travaille comme restaurateur. La galerie Incontri Internazionali d'Arte à Rome accueille sa première exposition personnelle, " Ritratto di casa " (1977). L'année suivante, il rencontre la plupart des artistes de la " trans-avant-garde " à l'occasion de son exposition " Mare Mediterraneo " à la galerie de Crescenzo à Rome. Depuis, l'œuvre de Cucchi jouit d'une renommée internationale croissante à la faveur des expositions que lui consacrent successivement le Stedelijk Museum à Amsterdam (1983-84), le Louisiana Museum of Modern Art à Humlebaek (Danemark, 1985), le Solomon R. Guggenheim Museum à New York (1986), le M. N. A. M. à Paris (1986), le Musée d'art contemporain à Bordeaux (1986) et le Kunstmuseum à Düsseldorf (1986), pour ne citer qu'eux. Son art fait recours fréquemment à des citations puisées dans l'art italien. Son œuvre peint, en général, ménage des espaces, respirations qui contrastent avec une violence de l'expression, exécutée dans une facture épaisse. Il incorpore par moment des matières diverses dans ses tableaux et s'intéresse aux légendes. Sa création comprend également une œuvre dessinée importante, des photographies rehaussées d'encre et des réalisations communes avec Sandro Chia.

Cueco (Henri)

Peintre français (Uzerche 1929).

Voué à la peinture par son père, Cueco se forme dans l'isolement avant qu'un séjour à Paris, de 1947 à 1952, ne le mette en contact, à la Ruche, avec les peintres du retour au réalisme. Du paysage et de la nature morte cézariennes, son travail va évoluer, en 1962-1964, avec le thème de la Femme nue à travers les branches, vers des recherches formelles qui le préparent au contact avec le pop art en 1965 (séries des " Salles de bains "). Fixé à Paris en 1966, il définit son répertoire (silhouettes, aplats) avec une suite de petits formats sur le thème de la violence sexuelle.

   Actif au Salon de la Jeune Peinture depuis 1952, Cueco y trouve un terrain d'expériences collectives insistant sur le critère de lisibilité, s'exprimant, en 1968, avec la Salle rouge pour le Viêt-nam et la participation à l'atelier de sérigraphie des Beaux-Arts. Le politique placé au cœur de la peinture risquant de la voiler, une nouvelle expérience est tentée en 1971 avec la Coopérative des Malassis (Gabrielle Russier, l'Appartemensonge, le Grand Méchoui).

   En 1972-73 apparaissent des thèmes moins volontaristes mais où paysages et animaux disent l'idylle du temps d'après les maîtres (l'Escalade, 1973-74, F. R. A. C., Limousin). L'année suivante, Cueco ne se consacre qu'au dessin. En 1976, le thème de l'herbe jaillit dans son œuvre et devient exclusif dans les grandes peintures sur papiers qu'il réalise depuis ce nouveau départ. Expositions à l'A. R. C.-M. A. M. de la Ville de Paris, 1970 et 1982, et au musée de Grenoble, 1980. Il a publié en collaboration avec P. Gaudibert l'Arène de l'art, 1988. Le musée de Cholet lui a consacré une exposition, les Chiens, en 1996.

Cuevas (José Luis)

Artiste mexicain (Mexico 1934).

Autodidacte, Cuevas prend position dès 1953, dans un article intitulé " La cortina del nopal ", contre les thèses nationales et sociales du muralisme, prônant un art figuratif critique mais issu d'une expérience individuelle du monde : dans cette même optique, il fonde en 1960 le groupe Nueva Presencia. Dessinateur et graveur, Cuevas porte, à travers Blake, Buñuel, Frankenstein ou Sade, un regard aigu sur la face cachée de l'humanité : peuplés de prostituées, de criminels, d'aliénés et de monstres, ses dessins cruels veulent rappeler Bruegel, mais ne sont pas sans évoquer Grosz (Malformations congénitales ; Croquis d'après un cadavre). Cuevas, qui vit entre New York, Paris et Mexico, a bénéficié d'une reconnaissance précoce ; en 1954, la première monographie qui lui soit consacrée est publiée par Jean Cassou et Philippe Soupault. Le M. A. M. de la Ville de Paris a organisé une rétrospective en 1976, le M. O. M. A. of Latin America de Washington en 1980. Par ailleurs, un musée José Luis Cuevas a été inauguré en 1992 à Mexico.

cuir

Peau de certains animaux qui, une fois tannée et préparée, peut servir de support pictural. Le vélin et le parchemin des manuscrits sont des cuirs spécialement préparés. Lorsque le cuir est employé pour recouvrir un mur ou un meuble, il est presque toujours peint. Au Moyen Âge, les peintres selliers étaient spécialisés dans la peinture des harnais et des masques. Le cuir est parfois tendu sur un châssis de bois et traité alors comme une toile.

   Les peintures totémiques exécutées sur peaux de bêtes par les Inuit et les Indiens d'Amérique entrent également dans la catégorie des peintures sur cuir.

   Ce terme désigne aussi l'entourage d'un cartouche rappelant un morceau de cuir découpé et contourné en volute. Ce motif décoratif est surtout utilisé au XVIe et au début du XVIIe s. dans la gravure et le décor mural, notamment en France.

cuisine

Terme d'atelier ou de métier utilisé par les peintres pour désigner les recettes ou procédés de broyage ou de mélange des couleurs.

cuivre

Métal jaune ou rouge, parfois utilisé en plaque ou en panneaux, pour servir de support à une peinture.

   Dès le XVIe s., le cuivre a été souvent employé à la place du bois pour les tableaux de chevalet de petit format. Support présentant une surface très lisse et uniforme, il n'absorbe pas les pigments et n'exige aucune préparation. Il connut une grande vogue aux XVIe et XVIIe s., surtout en Flandres (Bruegel de Velours, Francken) ; son utilisation se poursuivit, avec moins de succès toutefois, aux XVIIIe et XIXe s. Les tableaux sur cuivre n'offrent que des formats réduits, et de ce fait ne furent employés que pour des études, des scènes de genre, des petits paysages (Elsheimer, en Allemagne), des scènes religieuses ou des fleurs. L'absence de préparation et la nature lisse de la surface ne permettent l'application que d'une faible pellicule de couleur, qui joue le rôle de protecteur du support. Les agents de nature biologique ne peuvent pénétrer à travers le cuivre, mais il arrive que le vert-de-gris noircisse et " mange " les couleurs ; les accidents mécaniques, — enfoncement ou pliure —, entraînent un écaillage de la couche picturale, pratiquement irréparable.

   En gravure, le cuivre est le métal le plus souvent employé par les graveurs. Il est le complément indispensable du burin et de la pointe sèche, et est excellent pour tous les procédés de l'eau-forte.