Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

Paolozzi (sir Eduardo)

Peintre britannique (Leith 1924-Londres 2005).

Né de parents italiens, il se forma au College of Art d'Édimbourg et à la Slade School of Art de Londres (1943-1947). De 1947 à 1950, il séjourna à Paris, où il subit l'influence du Dadaïsme, du Surréalisme et de l'Art brut, soutenu alors par J. Dubuffet. C'est de cette époque que date son intérêt pour la culture populaire (qu'il cherchera à faire partager en créant en 1952 l'Independant Group), lié à une sensibilité moderne et qu'il traduit au cours des années 50 par des sculptures figuratives construites avec des objets de rebut arbitrairement juxtaposés (Jason, 1956, New York, M. O. M. A.) mais également par des eaux-fortes et des collages tirés de la publicité et des bandes dessinées et qui feront de cet artiste une des figures centrales du pop art. Certains sont constitués de pièces mécaniques superposées à des sculptures de l'antiquité grecque (Head of Zeus, 1946), d'autres associent l'image humaine à la technologie comme dans Juice King (1948) ou dans Life Savers (1949, coll. part.). Les plus connus sont inspirés de portraits de dirigeants politiques, d'industriels et de vedettes de cinéma parus en couverture du magazine Time. Ces portraits se composent d'images préexistantes, découpées et réassemblées pour créer de nouveaux héros imaginaires (One Man Track Team, 1952 ; We Dare Once More, 1952). Dans les années 60, il fut un des premiers artistes à utiliser la sérigraphie, technique avec laquelle il a réalisé d'importants portfolios : As Is When (1965) s'inspire d'épisodes de la vie du philosophe Ludwig Wittgenstein et soulève des questions sur la nature de l'homme et du langage ; Moonstrip Empire News (1967), Universal Electronic Vacuum (1967), General Dynamic Fun (1970) sont des parodies humoristiques parfois bizarres de la vie citadine.

   Il est représenté dans la plupart des grands musées américains (New York, Chicago) et européens (Amsterdam, Édimbourg, Londres, Paris, Grenoble).

Papety (Dominique)

Peintre français (Marseille 1815  – id. 1849).

Élève d'Augustin Aubert et de Léon Cogniet, le jeune artiste remporta le prix de Rome en 1836 (Moïse frappant le rocher, Paris, E. N. S. B. A.). Il séjourna dans cette ville de 1836 à 1841 et y reçut les conseils d'Ingres, qui le marquèrent durablement. Pendant son séjour en Italie, il réalisa des peintures dans le style néogrec (Femmes grecques à la fontaine, 1841, Louvre). Il voyagea en Grèce (1846-1847), en Syrie et en Palestine (nombreux dessins du voyage en Grèce au Louvre, notamment une belle série d'aquarelles d'après les fresques du mont Athos). Il peignit pour Versailles (Guillaume de Clermont défend Ptolemaïs, Jeanne d'Arc devant Charles VII, 1845) et fut, en 1848, l'aide de Chenavard pour l'exécution des grisailles du Panthéon. Des tableaux de lui, remarquables par leur goût de l'archéologie antique et leur intelligente assimilation de la leçon ingresque, se trouvent aux musées de Marseille (Consolatrix afflictorum, le Passé, le Présent et l'Avenir), de Nantes (Prière à la Madone) et de Compiègne (le Rêve du bonheur, 1843). Papety, emporté jeune par une épidémie de choléra, reste surtout comme l'un des grands dessinateurs du siècle, varié, délicat et puissant tout à la fois (belle collection de dessins, notamment du séjour italien, au musée de Montpellier).

papier

Feuille mince et sèche fabriquée à partir de diverses substances végétales réduites en pâte.

   Employé comme support des œuvres peintes ou dessinées, le papier présente une texture différente selon les matériaux de base qui le constituent et confère aux œuvres un aspect net ou imprécis, selon le cas. Le papier Whatman, ou papier torchon à gros grain, est adopté par les aquarellistes. Le papier à texture régulière, lisse, est choisi de préférence par les dessinateurs utilisant la mine de plomb. Selon qu'il est préparé ou non, le papier a un degré d'absorption différent ; pour éviter que les pigments ne s'étendent lors de l'application, le papier à dessin est rendu moins absorbant par un encollage. Les meilleurs papiers sont fabriqués avec des chiffons, des toiles de coton.

   C'est de Chine que nous est venue, par l'intermédiaire des Arabes, l'industrie du papier. D'après les sources littéraires, le papier chiffon aurait été inventé en Chine comme substitut bon marché de la soie en 105 av. J.-C., mais le plus ancien papier connu par les fouilles d'Asie centrale serait daté de l'an 98 ; d'autres papiers ont été découverts dans une tombe du IIe s., au Chen-si. Faits à la main, ce sont des papiers couchés. Dès le début des T'ang, au VIIe s., on commence à utiliser exclusivement des plantes, ramie ou mûrier (trouvailles de Touen-houang, Kanson).

   Variant en composition suivant les provinces (chanvre à l'ouest, bambou au sud, ramie, osier et mûrier au nord, riz et millet au centre), les papiers chinois variaient également en qualité suivant leur usage, et certains valaient leur pesant d'or. Ils pouvaient être préparés ou non à l'aide d'une colle d'alun. En règle générale, le papier préféré des peintres lettrés fut le papier non préparé, en raison de la rapidité et de la franchise de ses réactions sous le pinceau, cependant que certains professionnels, particulièrement au Japon, ont parfois utilisé un papier saupoudré d'or ou d'argent.

   Le papier s'est propagé en Asie centrale et en Perse : les premières fabriques de papier ont été édifiées en 751 à Samarkand par des prisonniers chinois. En 794, une fabrique fut fondée à Bagdad, puis une autre à Damas.

   Le papier subissait une préparation spéciale pour facilier le glissement du " qalam ". On le plaçait sur une planchette de bois lisse et on le frottait avec un œuf de cristal pesant une demi-livre, jusqu'à ce qu'il devienne glacé et poli, en y ajoutant parfois du savon. Il existait des papiers de différentes couleurs : blancs, pourpres, bleus (couleur de deuil), rouges (couleur de fête), jaunes, obtenus à partir du safran, très estimé et réservé pour la copie des Corans de luxe et autres documents importants.

   Les Arabes ont fait connaître l'usage du papier en Afrique du Nord et en Espagne. De ces pays, l'industrie du papier s'est répandue en Italie et en France.

   Dès le XIe s., l'Italie, à Fabriano, et l'Espagne, à Xantia, eurent les 2 premières fabriques de papier d'Europe. D'autres fabriques furent installées successivement dans diverses villes d'Italie (Padoue, Trévise, Venise, Milan) : elles fournirent du papier à l'Allemagne du Sud jusqu'au XIIIe s., époque à laquelle les premières fabriques furent construites dans ce pays. En France, l'un des premiers moulins connus a été bâti en Languedoc, sur l'Hérault, à la fin du XIIe s. De là, l'industrie du papier s'est répandue dans la vallée du Rhône, en Bourgogne et en Champagne. Au XVIe s., elle avait gagné toute la France : les moulins de Troyes, d'Essonnes et d'Ambert étaient très réputés, et celui de Viladon, dans le Vivarais, devint une manufacture royale. La papeterie s'est développée au XIVe et au XVe s. dans toute l'Europe : des fabriques furent installées en Flandre — à Liège et à Bruges — et en Allemagne — à Mayence et à Nuremberg — en 1390. Bâle eut une fabrique en 1440, et l'Angleterre en 1495 (moulin de John Tate). La fabrication du papier s'introduisit en Amérique au XVIIe s. : le premier moulin américain date de 1690 (moulin de German Town, faubourg de Philadelphie). La papeterie a pris une extension considérable en Europe après 1798 grâce aux machines à papier de Louis Robert.

   Fabriqué avec du lin et du chanvre de texture grossière et épaisse, le papier, au XIVe s., était de plus très imparfaitement encollé avec de la colle de farine, ce qui le rendait très absorbant et difficilement utilisable pour les peintres. Dès le XVe s., la technique d'encollage s'est améliorée et le papier, bien qu'épais et grenu, devint un meilleur support pictural. Il était recouvert de 4 ou 5 couches d'une pâte à base de poudre d'os délayée dans de l'eau gommée, ce qui le rendait imperméable. On pouvait y tracer facilement des traits de plume ou travailler à la pointe de plomb et au lavis. Le grain du papier favorisait certains effets de lumière et d'ombre et était apprécié par de nombreux peintres.

   Le grain du papier a toujours joué un rôle important dans la qualité des dessins : dessins nets aux lignes tracées sur des papiers lisses, dessins aux lignes onduleuses et imprécises tracées sur des papiers à grains.