Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lee (U-Fan)

Peintre et sculpteur coréen (Hamangun Gunbukmy 1936).

Il réalise ses premiers dessins vers 1953 et aborde la peinture par la pratique du monochrome (gal. Sato, 1967). Dès l'année suivante, il entreprend une importante série de sculptures (" Relations "), associant la pierre, l'acier, le verre et le coton. Il devient alors un des représentants majeurs du mouvement japonais postminimaliste Monoha. Avec la dissolution du groupe en 1972, Lee amorce un retour à la peinture qu'il va traiter à partir de variations sur des motifs simplifiés (séries " From Point ", " From Line "). Initialement très épurées, ces compositions vont accorder une plus grande place à la matière picturale (série des " Vents ", 1983). Présent aux Biennales de São Paulo (1968), Paris (1971) et Sydney (1976), et à la Documenta 6 de Kassel (1977), U-Fan Lee est représenté au M.N.A.M. de Paris.

Lefebvre (Claude)

Peintre français (Fontainebleau 1632  – Paris 1675).

Élève d'abord de son père, Jean I Lefebvre, et de Claude Dhoey, il étudie à Fontainebleau et fréquente ensuite l'atelier de Le Sueur, puis celui de Le Brun, qui le fait travailler aux figures de ses grandes compositions. Après quelques essais dans la peinture religieuse, il se tourne définitivement vers le portrait, d'abord marqué par l'exemple de Philippe de Champaigne, puis par celui de Le Brun. Il passe de la construction rigoureuse du premier à une présentation plus libre et naturelle, rejoignant même à la fin de sa vie (sous l'influence du portrait à l'italienne d'un Carlo Maratta?) le type du portrait animé baroque. Ses œuvres furent très recherchées de l'aristocratie, qui vantait leur ressemblance ; aussi Lefebvre eut-il une production abondante, mais dont il reste peu d'exemples peints. Il semble bien que le voyage en Angleterre signalé par d'Argenville soit une légende : peut-être y a-t-il eu confusion avec un autre portraitiste, Roland Lefebvre, dit " de Venise ". Claude Lefebvre fut reçu à l'Académie en 1663 ; son morceau de réception (Portrait de Colbert) est à Versailles. Les portraits de l'artiste se limitent souvent au buste du modèle : la présentation est sobre ; le visage, en général, de trois quarts. On peut voir des exemples de son œuvre à Versailles (Portrait de Charles Couperin et de sa fille), au musée Carnavalet (Madame de Sévigné), au musée d'Orléans (Portrait dit " de Le Nôtre "), de Caen (Portrait d'homme), de Metz (Portrait de N. E. Olivier, 1661), de Strasbourg (Portrait d'Hugues de Lionne), et au musée de La Nouvelle-Orléans (impressionnant portrait à mi-corps du jeune Louis XIV) ; le célèbre double portrait du Louvre, dit " Un précepteur et son élève ", est aujourd'hui retiré à l'artiste.

Lefèbvre (Jules-Joseph)

Peintre français (Tournan-en-Brie, Seine-et-Marne, 1834  – Paris 1912).

Il préféra avant tout peindre des nus féminins d'un réalisme précis et glacial (Nymphe et Bacchus, 1866, Thionville, théâtre municipal ; la Vérité, 1870, Paris, musée d'Orsay), mais il exécuta aussi des toiles historiques qui furent très célèbres à l'époque (Lady Godiva, 1890, musée d'Amiens). Ses décorations de l'Hôtel de Ville de Paris (l'Inspiration, la Méditation, salon des Lettres) rappellent, par leur application et leur goût du joli, les nombreuses compositions poétiques qu'il réalisa en s'inspirant de thèmes littéraires (Graziella, 1878, Metropolitan Museum ; Griselidis, 1896, musée de Rouen). La facture plus libre de ses portraits et leur souci de composition équilibrée en font des œuvres de meilleure veine (Portrait de M. Fitzgerald, musée de Cambrai).

Lefèvre (Robert) , dit Robert-Lefèvre
ou Robert Le Fèvre dit Robert-Lefèvre

Peintre français (Bayeux 1755  – Paris 1830).

Après des années passées en Normandie comme peintre de portraits et peintre décorateur, il s'établit à Paris vers 1784. Élève de Regnault, il exposa régulièrement aux Salons de 1791 à 1827. Il peignit quelques sujets historiques : l'Amour désarmé par Vénus (Salon de 1795, Fontainebleau), la Mort de Phocion (Salon de 1812, musée de Rochefort). Mais il est surtout connu comme portraitiste. Après avoir exécuté des portraits de Napoléon Ier (1806, Versailles, répété à de multiples reprises) ou de la famille impériale (l'Impératrice Joséphine, musée d'Amiens), il connut une brillante carrière officielle sous la Restauration ; protégé par Louis XVIII, il fut nommé peintre du Cabinet du roi et jouit d'une grande faveur jusqu'à sa mort : portraits de Louis XVIII (Versailles) et de Charles X (1826, Louvre). Outre l'importante série de portraits conservée à Versailles, on peut citer ceux de Carle Vernet (Salon de 1804, id.), de Vivant Denon (1808, Versailles ; 1809, musées de Chalon-sur-Saône et de Caen), du peintre Guérin (musée d'Orléans), de l'architecte Percier (château de Compiègne), ainsi que ses Autoportraits (1810, musées de Bayeux et de Caen).

Lega (Silvestro)

Peintre italien (Modigliana 1826  –Florence 1895).

Il fréquenta l'Académie de Florence et fut, à ses débuts, disciple du puriste Luigi Mussini. Ce n'est que v. 1860 qu'il abandonne le genre historique (Bersaglieri conduisant des prisonniers autrichiens, 1861, Florence, G. A. M.) pour la peinture de plein air, à laquelle il se consacre désormais avec ses amis Borrani, Abbati et Signorini dans la campagne florentine de Piagentina. Il oriente ses recherches vers la nouvelle technique de la " macchia " (tache), dont il devient l'un des plus importants et des plus intransigeants représentants (l'Aumône, 1864 ; la Chanson de l'étourneau, 1867 ; la Visite, 1868, Rome, G. A. M. ; la Tonnelle, 1868, Brera). Ses thèmes préférés sont des scènes de la vie quotidienne, traitées avec des tons sombres et sourds ; après 1870, il exploite une palette plus feutrée et dramatique (la Signora Tommasi, 1882 ; Clementina Bandini et ses filles à Poggio Piano, 1887). Une grande exposition a regroupé son œuvre à Bologne en 1973, révélant notamment la sensibilité et la fraîcheur des pochades et des esquisses de cet artiste.

Légaré (Joseph)

Peintre canadien (Québec 1795  – id.  1855).

La carrière et l'œuvre de ce peintre autodidacte étaient mal connues jusqu'à un récent passé. On sait maintenant qu'il excella dans tous les genres et réussit même à fonder le premier musée d'art au Canada. D'abord apprenti chez un obscur artisan, il s'initie rapidement à la peinture en restaurant et en copiant des toiles que l'abbé Jean-Louis Desjardins (1753-1833) avait acquises en France et expédiées à Québec en 1817. La copie (v. 1821) qu'il exécute du Saint François de Paule ressuscitant l'enfant de sa sœur de Simon Vouet montre la plénitude de son métier. En 1828, il remporte un prix pour une composition personnelle, le Massacre des Hurons par les Iroquois (musée du Québec). Entre 1830 et 1840, il est préoccupé par l'ouverture de sa galerie de peinture (1838) ; une partie fut achetée à sa mort par l'université Laval de Québec et par la diffusion des arts dans sa ville natale. Après 1840, il se remet à la peinture. Le portrait de l'Indienne Josephine Ourné (v. 1844) et la Bataille de Sainte-Foy (v. 1854) [tous deux à Ottawa, N. G.], tout comme Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France (1843, Résidence des pères Jésuites, Québec), illustrent magnifiquement son talent dans des compositions allégoriques d'un genre très personnel. On se rappelle surtout aujourd'hui ses paysages (Cascades de la rivière Saint-Charles, v. 1840, musée du Québec).