Cingria (Alexandre)
Peintre et décorateur suisse (Genève 1879 – Lausanne 1945).
Il fréquente simultanément l'université et l'École des beaux-arts de Genève et voyage fréquemment, allant, à plusieurs reprises, compléter sa formation à Florence. Il commence à peindre en 1898 sous l'influence de Hugues Bovy. Il s'en tient d'abord à l'usage du pastel avant d'entreprendre à partir de 1910 des tableaux à la gouache et à l'huile. Il mène parallèlement à son activité artistique une carrière littéraire : il fonde en 1904 la revue la Voile latine et il écrit en 1917 la Décadence de l'art sacré, véritable manifeste dans lequel il exprime sa conception de la modernité de l'art religieux. À partir de 1919, il collabore avec Maurice Denis à la décoration de Saint-Pierre de Genève.
Dès 1920, de constants ennuis financiers feront de lui un artiste " ambulant ", se déplaçant au gré des commandes, conciliant dans sa puissante personnalité de multiples influences (Gauguin, Rouault, le Japon et l'art byzantin) ; il déploie à côté de la peinture de chevalet (Intimité, 1923, université de Genève), et dans un style " baroque ", débordant de sensualité et d'ivresse intense des couleurs, une activité de décorateur (innombrables décors de théâtre [Judith de René Morax et Arthur Honegger, 1926], cartons de mosaïques, de fresques, de vitraux [Palais des Nations, Genève, 1936]).
cinquecento
Terme italien désignant le XVIe s.
cire
Substance d'origine animale (cire d'abeille), végétale (carnauba, cire du Japon, cardilla) ou minérale (cires fossiles, paraffine, cérésine, stéarine) de couleur jaune ou blanche, qui sert de liant agglutinant dans certaines peintures ou vernis.
Employée directement à chaud (cire d'abeille, degré de fusion 63 °C), elle enrobe les pigments broyés dans le procédé de la peinture à l'encaustique. Lorsqu'elle est dissoute à froid par des solvants (térébenthine, essences), elle peut être incorporée dans une peinture à l'huile pour lui donner un aspect satiné et mat (peinture à la cire).
Le procédé de la peinture à la cire, sans aucune intervention du feu, dérive de la technique de l'encaustique. Très tôt on a apprécié les qualités particulières que la cire conférait aux peintures, tant au point de vue technique qu'au point de vue esthétique : meilleure adhérence au support, résistance à l'humidité, matité satinée des teintes. À la Renaissance, les peintres ajoutaient de la cire blanche (cire vierge) d'abeille dans leurs peintures à base d'huile de lin et de litharge pour éviter que celles-ci ne glissent trop sur les supports (Bellini).
Plus récemment, aux XVIIIe et XIXe s., ils se sont servis de peintures-émulsions du type " huile dans l'eau ", préparées pour être diluées à l'eau et obtenues à partir de la cire comme matière filmogène : cires colorées liquéfiées par des huiles essentielles, cires colorées mélangées avec des élémis et des résines de copal, qui dissolvent la cire à froid et permettent un maniement aisé du pinceau. Hippolyte Flandrin a exécuté les décorations de Saint-Germain-des-Prés à Paris à la cire ; Charles Gleyre a eu également recours à ce procédé. Les peintures de Delacroix à la chapelle des Anges de l'église Saint-Sulpice utilisent un procédé mixte de peinture à la cire et à l'huile.
La cera color, peinture à la cire moderne, est une émulsion composée d'un liquide aqueux (solution alcaline de caséine) et d'un liquide à base huileuse (résine glycérophtalique dissoute dans de l'huile de lin) dans lequel des pigments sont en suspension. On obtient avec elle des tons plus mats qu'avec la peinture à l'huile et plus lumineux qu'à la fresque.
Citroen (Paul)
Peintre néerlandais (Berlin 1896 –Wassenaar 1983).
La formation et la première partie de la carrière de Paul Citroen se déroulent en Allemagne, où il entre en contact dès 1914 avec Herwarth Walden et la gal. Der Sturm. Il abandonne la peinture et devient libraire. Il se trouve aux Pays-Bas en 1917, où il s'occupe aussi de commerce d'art. De nouveau à Berlin en 1918, il est pris dans le mouvement Dada : Paul Citroen est notamment lié avec Erwin Blumenfeld et George Grosz. En 1920, il collabore à l'Almanach Dada de Richard Huelsenbeck. Il réalise à ce moment ses premiers photomontages, dont les plus célèbres sont la Ville et Metropolis : ces œuvres sont constituées de fragments de photographies représentant des bâtiments disposés sur toute la surface de façon à donner une impression d'accumulation et de chaos. Il retourne à la peinture en 1922 et séjourne au Bauhaus de Weimar, où il étudie avec Johannes Itten. Il se trouve ensuite à Berlin, puis s'établit en 1927 aux Pays-Bas, où il continuera à peindre tout en ayant une activité de photographe. De 1935 à 1960, il a été professeur à l'Ac. des beaux-arts de La Haye.
Civerchio (Vincenzo)
Peintre italien (Crema v. 1470 – id. v. 1544).
Il travailla surtout à Crema et à Brescia, faisant en quelque sorte dans cette dernière ville le lien entre la génération de Foppa et celle de Moretto. Sa peinture, de qualité assez médiocre, est caractérisée par une âpreté graphique qui rappelle celle des artistes nordiques ou celle des Ferrarais, qu'il put connaître à travers Butinone et Zenale. Parmi ses œuvres certaines, on peut citer le Polyptyque de saint Nicolas de Tolentino (1495, Brescia, Pin. Tosio-Martinengo), la Déposition de croix (1504, Brescia, S. Alessandro), les Saints Sébastien, Christophe et Roch (1519, dôme de Crema) et le Baptême du Christ (1539, Lovere, Acad. Tadini).
Un ensemble de tableaux qui lui fut autrefois attribué, offrant des éléments de style empruntés à Bramantino, aujourd'hui regroupé sous le nom d'un " Pseudo-Civerchio ", est considéré par certains historiens comme faisant plutôt partie de l'œuvre tardif de Zenale.
Claeissens (les)
Famille de peintres flamands.
Pieter I l'Ancien (Bruges 1499 ou 1500 – id. 1576). Il fut élève d'Adriaen Becaert en 1516, franc maître à Bruges en 1530, doyen de la gilde en 1576. On peut citer, à Bruges, sa Résurrection (église Saint-Sauveur) et un diptyque avec Saint Antoine et l'abbé Antoine Wydoot (v. 1557-58, Bruges, musée Groeningue) ; l'artiste s'y révèle comme un typique " attardé " brugeois, dans la suite de Gérard David, de Benson, de Provost.
Pieter II le Jeune (v. 1540-1623). Fils de Pieter I, franc maître en 1570, il fut plusieurs fois doyen de la gilde des peintres de Bruges. Il succéda en 1581 à son frère Antoon comme peintre officiel de la ville de Bruges et garda ce titre jusqu'en 1621. Peintre fécond, archaïque et figé, il démarque souvent d'autres artistes, Floris, par exemple, dans l'Allégorie de la Paix aux Pays-Bas (1577, Bruges, musée Groeningue), peint à l'occasion de l'intronisation de Don Juan d'Autriche comme gouverneur, ou Metsys, dans la Vierge du Louvre.
Antoon (v. 1538-1613). Troisième fils de Pieter I, il fut franc maître en 1570 et peintre officiel de Bruges de 1570 à 1581. Il travailla beaucoup pour l'hôtel de ville de Bruges, dans un style archaïsant que souligne la comparaison avec son compatriote Pierre Pourbus. Comme son frère Pieter, dont il est proche, il se montre prisonnier de la tradition brugeoise d'Ambrosius Benson et d'Isenbrant, comme de l'influence plus moderne du style de Frans Floris, qu'il tend cependant à raidir et à pasticher de manière plutôt décorative. Le musée Groeningue de Bruges conserve de lui un Festin (1574) qui est un portrait collectif des fonctionnaires de la ville de Bruges et une peinture mythologique plus ambitieuse : Mars entouré des Arts et des Sciences terrasse l'ignorance, datée de 1605.