Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Waldmüller (Ferdinand Georg)

Peintre autrichien (Vienne  1793  – Hinterbrühl, près de Mödling, Basse-Autriche, 1865).

Éminent paysagiste, portraitiste, peintre de natures mortes et de genre, pionnier de la peinture de plein air, il demeure, même après le milieu du siècle, le chef d'une école imbue d'un Réalisme rigoureux. Entre 1846 et 1857, dans ses écrits polémiques, il prit position contre l'enseignement traditionnel de l'Académie, dont il préconisa la dissolution, bien qu'il l'ait lui-même fréquentée de 1807 à 1813 et qu'il y ait enseigné de 1829 à 1857. Waldmüller a réalisé une œuvre importante et remporté de brillants succès, mais il fut toujours dans la gêne. À la recherche d'une exactitude rigoureuse, il reproduit les choses avec une minutieuse observation des détails dans une lumière limpide et aime se situer à la limite du trompe-l'œil (À la fenêtre, 1840, Munich, Neue Pin.). Waldmüller s'est attaché, de plus en plus, dans le choix de ses sujets, à son univers quotidien : paysage du Prater ou de la forêt de Vienne, portraits de la société bourgeoise de Vienne, natures mortes sont ses thèmes privilégiés. Ses tableaux de genre dépeignent tantôt la vie des citadins, tantôt celle des paysans des contrées du Wienerwald. Son goût scrupuleux de l'exactitude fait régner une discrète harmonie dans le morceau de nature qu'est Dachstein avec le Gosausee, de la coll. Oskar Reinhart à Winterthur (1832). Du Portrait de Mme Luise Meyer (1836, Munich, Bayerische Gemäldesammlungen) et de celui de son mari (musée de Nuremberg) émane un sentiment profond et intime ; une nature morte, Guirlande de raisins (1842, Vienne, Österr. Gal.), avec ses raisins posés près d'une fenêtre et pénétrés de soleil, exprime symboliquement la maturité de l'automne. Des tableaux de genre comme le Commencement du printemps dans la forêt de Vienne (1864, musées de Berlin) offrent l'image d'une poésie simple mais authentique. Waldmüller est aujourd'hui l'un des peintres les plus prisés de l'époque Biedermeier ; la collection la plus importante de ses œuvres se trouve à Vienne (Österr. Gal.).

Walker (Horatio)

Peintre canadien (Listowel, Ontario, 1858  – île d'Orléans, Québec, 1938).

Autodidacte, il travaille à Toronto et à New York dans des ateliers de photographie. En 1880, il découvre la peinture de Corot et de Millet au cours d'un voyage en Europe. Il emprunta largement aux deux artistes et, à partir de 1883, quand il s'établit à l'île d'Orléans, s'inspira surtout de Millet. Ave Maria (1906, Hamilton, Art Gal.), les Bœufs à l'abreuvoir (1899, Ottawa N. G.) illustrent parfaitement les thèmes que lui suggèrent les mœurs de l'ancienne paysannerie québécoise.

   Il fut l'un des peintres canadiens les plus connus de son époque, représenté dans toutes les collections importantes d'Amérique du Nord, même si la critique lui fut moins favorable à la fin de sa vie.

Walker (Robert)

Peintre britannique (Angleterre v.  1605/1610  – id. v.  1658/1660).

Son Autoportrait (v. 1635-1637, Oxford, Ashmolean Museum) constitue sa première œuvre connue, et l'on sait que, dès 1637, Walker s'établit à son compte. L'artiste fit le portrait de Cromwell en 1649 et devint v. 1655 le peintre favori du parti parlementaire, dit encore " parti puritain ". L'une de ses meilleures œuvres est le portrait de John Evelyn (1648, Oxford, Christ Church), où il a fait poser son modèle, appuyé sur un crâne, avec un air de mélancolie étudiée. Il est vraisemblablement l'auteur d'une série de " Philosophes ", exécutée dans le style de Ribera. Walker copia des Titien appartenant à la collection de Charles Ier, et son Colonel Hutchinson (coll. part.) s'inspire visiblement de la Harangue du marquis del Vasto (Prado). Toutefois, l'influence qu'il subit avec le plus de force fut celle de l'art de Van Dyck. Sauf pour les visages, évidemment, les attitudes des modèles puritains de l'artiste sont très souvent — et le rapprochement ne manque pas d'humour — copiées directement sur celles des modèles de Van Dyck, c'est-à-dire de membres de l'aristocratie de la cour de Charles Ier.

Walkowitz (Abraham)

Peintre américain (Tyumen, Sibérie, 1878  – Brooklyn 1965).

L'un des premiers peintres à introduire des formules nouvelles dans l'art américain, Walkowitz tomba à partir des années 20 dans un oubli immérité. Il fut élève à la National Academy of Design et à l'Art Students League avant de se rendre à Paris, en 1906, où il étudia également à l'académie Julian.

   Il resta plusieurs années à Paris. Dès 1912 — à la même époque que Kandinsky —, il peignit des toiles entièrement abstraites (From Life to Life N° 1, 1912, New York, Metropolitan Museum) ainsi que de fraîches aquarelles où il tentait de rendre la naïveté des dessins enfantins. Il exposa dans la galerie d'Alfred Stieglitz en 1912, fut présent à l'Armory Show en 1913 et à la Forum Exhibition en 1916. Walkowitz exécuta de nombreuses aquarelles représentant des paysages urbains (Hudson River with Figures, 1912, New York, M. O. M. A. ; New York, 1917, New York, Whitney Museum), où les lignes qui décrivent les constructions se mêlent en un dessin presque abstrait, et trouva son sujet favori dans la figure de la célèbre et novatrice danseuse américaine Isadora Duncan, dont il donna de multiples variations (75 Dance Figures of Isadora Duncan, New York, M. O. M. A.), soulignant en quelques traits les rythmes et le mouvement de son sujet.

   Après la guerre, il suit les tendances générales de l'art américain, se concentrant sur des vues d'intérieur, des pêcheurs ou des travailleurs.

   Le Brooklyn Museum de New York conserve une donation importante de son œuvre, faite par l'artiste lui-même à la fin de sa vie. Une exposition rétrospective lui a été consacrée en 1974 à Salt Lake City, Utah.

Wall (Jeff)

Artiste canadien (Vancouver, Canada, 1946).

Après des études d'histoire de l'art à Vancouver, il élabore, à partir de 1969, un œuvre conceptuel dont le travail le plus marquant est constitué par un recueil, Landscape Manual, 1969-70, photographies de la banlieue accompagnées de textes. Mais l'artiste interrompt de 1971 à 1977 toute production artistique pour se consacrer à une réflexion (thèse à l'Institut Courtauld de Londres) sur le photomontage dadaïste et à des études sur le cinéma.

   L'ensemble de son travail ultérieur est déterminé par les possibilités offertes à un artiste contemporain de se situer dans le thème baudelairien du " peintre de la vie moderne ". Son œuvre est marqué, à partir de 1977, par l'utilisation d'une technique particulière, issue de la publicité, l'image éclairée en transparence sur des caissons lumineux. Il mêle, avec un réalisme aigu, une science de la composition et de la mise en scène issue de plusieurs siècles d'histoire de la peinture avec des sujets sociaux. Jeff Wall multiplie les scènes où des personnages, souvent des immigrés ou des marginaux, grandeur nature, s'inscrivent dans les paysages anodins et désolés de la banlieue (le Conteur, 1986, Francfort-sur-le-Main, M. A. M.). Certaines installations sont composées de séries de panneaux présentant des visages en gros plan, sur fond neutre, transcriptions décalées du Réalisme socialiste (Jeunes Travailleurs, 1978 ; Movie Audience, 1979). Par ailleurs, de nombreuses œuvres mettent l'accent sur les ambiguïtés du réalisme photographique (Picture for Women, 1979, Paris, M. N. A. M. ) ; Double Autoportrait, 1979).

   Professeur associé de 1976 à 1987 à la Simon Fraser University de Vancouver, l'artiste enseigne depuis 1987 à l'université de Colombie-Britannique. Présent à la Documenta 8 de Kassel en 1987, son œuvre a fait l'objet d'expositions à l'I. C. A. de Londres en 1984, au nouveau musée de Villeurbanne en 1988 et à la G. N. du Jeu de Paume à Paris, en 1995 et plus récemment une exposition lui a été consacrée (Londres, Whitechapel Art Gallery) en 1996.