stylet
Petite lame mince et pointue d'os, d'ivoire, de bois ou de métal utilisée par les peintres pour travailler la cire ou l'enduit frais dans la technique de la fresque. Dans la technique du dessin, le terme désigne un petit manche de bois dans lequel est assujettie une mince tige d'argent ou plus rarement d'or ou de cuivre (Voir POINTE D'ARGENT).
Štyrský (Jindřich)
Peintre tchèque (Čermná, Bohême de l'Est, 1899 – Prague 1942).
Il se forma à l'Académie des beaux-arts de Prague, chez J. Obrovský. En 1922, au cours d'un voyage en Yougoslavie, il rencontre Toyen (Marie Čerminòvá), avec qui il s'associera. En 1923, il adhère au groupe d'avant-garde Devětsil, dont le programme " poétiste ", défini par le critique d'art K. Teige, aura sur lui, comme sur Toyen, une influence féconde. Ses premières œuvres s'inspirent du Cubisme synthétique, mais perdent peu à peu leur caractère constructif pour tendre vers une peinture médiatrice de poésie pure. En 1925, Štyrský et Toyen se rendent à Paris, où ils resteront jusqu'en 1929. Ils s'y font les promoteurs de l'" Artificialisme ", art qui veut matérialiser des images, des impressions et des sentiments liés au souvenir d'une réalité vécue ou rêvée. Štyrský inaugure cette période par le Paysage-échiquier (1925, Paris, M. N. A. M.). Après une série de " poèmes-tableaux " fondés sur la méthode de l'association libre des images à la manière surréaliste, il exécute, en 1926 et 1927, des compositions non figuratives dont les signes deviennent, selon l'expression du peintre, des " inducteurs directs d'émotions " : les Antipodes (1926, Hluboká, Gal. Aleš), les Fleurs dans la neige (1927), Trouvé sur la plage (id.), l'Inondation (id.) ne sont pas sans rappeler l'art de Klee, avec lequel l'" Artificialisme " a de nombreux points communs. Dans les années 1928-1930, Štyrský se consacre, dans le même esprit, au dessin, à la gravure et à l'aquarelle. Il découvre Lautréamont, qui contribuera fortement à l'orienter vers le Surréalisme. L'année 1931 voit apparaître des compositions inquiétantes, meublées de formes insolites et d'objets mystérieux (la Cigarette à côté de la morte, 1931, musée d'Ostrava). En 1932, il participe à l'exposition Poésie 32 à Prague, où à côté des représentants de l'avant-garde tchèque figurent aussi Paul Klee et Giorgio De Chirico. En 1934, Štyrský devient l'un des fondateurs du groupe des surréalistes de Tchécoslovaquie. Ses tableaux se peuplent de visions hallucinatoires et de figures fantomatiques, expressions sublimées de ses aspirations et de ses angoisses (la Pierre tombale, 1934, musée de Prague ; l'Homme emporté par le vent, id. ; Clairière dans la lumière de juin, 1937), et il réalise des collages où le fantastique " surréel " jaillit de rencontres fortuites d'éléments objectifs. Dans ses dernières œuvres, le rêve et la réalité, le conscient et l'inconscient se mêlent intimement (la Muse somnambule, 1937 ; le Paradis perdu, 1941). En 1939, la censure lui interdit toute activité publique, il termine toutefois son livre des Rêves qui rassemble des dessins, des collages, des tableaux et des notations écrites de ses rêves pendant les années 1925-1940 (fragment paru en 1941).
subjectile
Surface externe d'un matériau, que le peintre doit revêtir d'enduit, de peinture, de vernis ou de préparation similaire. Les subjectiles peuvent être classés en 2 groupes : les subjectiles poreux (plâtres, mortiers de chaux ou de ciment, bétons, bois, cartons, textiles, etc.) et les subjectiles non poreux (métaux et alliages principalement). Tous nécessitent une mise en état très soignée avant usage.
Subleyras (Pierre)
Peintre français (Saint-Gilles-du-Gard 1699 – Rome 1749).
La France occupe au XVIIIe s. une place exceptionnelle dans la vie artistique romaine. Subleyras y est pour beaucoup. Né la même année que Chardin, il est comme lui un peintre du silence, des gestes à l'arrêt, de l'émotion contrôlée, mais il se plaît, avant tout, aux grandes compositions à sujets religieux ou mythologiques. Fils d'un modeste peintre d'Uzès, il se forma à Toulouse dans l'atelier des Rivalz. Les quelques toiles de cette période que l'on conserve — essentiellement les 5 médaillons du plafond de l'église des Pénitents-Blancs (auj. au musée de Toulouse) et 3 de leurs esquisses conservées dans les musées de Malte et de Birmingham (City Art Gal.) — montrent un artiste profondément marqué par la tradition de l'école toulousaine, une des plus brillantes alors, en dehors de Paris. De ces mêmes années datent les premiers portraits de l'artiste : Madame Poulhariez et sa fille (musée de Carcassonne), le Sculpteur Lucas (musée de Toulouse).
En 1726, sans doute muni d'une bourse de la ville de Toulouse, Subleyras se rend à Paris. Il concourt l'année suivante pour le Grand Prix de l'Académie, qu'il remporte avec le Serpent d'airain (musée de Nîmes) et qui lui ouvre les portes de l'Académie de France à Rome. En 1728, il quitte Paris définitivement. Comme Poussin — et le parallèle ne s'arrête pas là —, c'est à l'âge de trente ans qu'il arrive dans la Ville éternelle, en pleine possession de son métier. Le directeur de l'Académie de France à Rome, installée alors au palais Mancini, était Vleughels. Par diverses lettres que celui-ci adresse au surintendant des Beaux-Arts, le duc d'Antin, nous suivons les progrès du jeune peintre, particulièrement rapides dans le domaine du portrait. Ces lettres nous apprennent aussi que Subleyras ne veut pas retourner en France, et, grâce à diverses interventions de la princesse Pamphili auprès de la duchesse d'Uzès et de celle-ci auprès du duc d'Antin, grâce aussi aux travaux qu'il exécute pour le duc de Saint-Aignan, alors ambassadeur de France à Rome (tableaux représentant divers Contes de La Fontaine, Louvre, musée de Nantes), l'artiste obtient non seulement de rester à Rome, mais aussi de continuer à résider au palais Mancini, qu'il ne quittera qu'en 1735.
La première commande laïque importante de Subleyras est la Remise au prince Vaini de l'ordre du Saint-Esprit par le duc de Saint-Aignan (France, coll. part., et Paris, musée de la Légion d'honneur ; diverses études d'ensemble et de détails dans des coll. part. françaises et à Paris, au musée Carnavalet). De la même année, 1737, date le non moins important Repas chez Simon, commandé par l'ordre de Saint-Jean-de-Latran pour le couvent d'Asti, en Piémont (Louvre ; esquisse également au Louvre, nombreuses répliques originales). À partir de cette date et pour les douze années qui lui restaient à vivre, Subleyras, par l'intermédiaire de divers ordres religieux, devait recevoir quelques-unes des plus importantes commandes pour les églises non seulement de Rome, mais de toute l'Italie (pour Saint-Cosme-et-Damien de Milan, par exemple, un Saint Jérôme en 1739 et, en 1744, un Christ en croix entouré de la Madeleine, de saint Philippe Néri et de saint Eusèbe, auj. tous deux à la Brera) et même de France (Toulouse et Grasse). En 1739, il avait épousé la miniaturiste Maria Felice Tibaldi, fille du musicien Tibaldi, dont la sœur était depuis 1734 la femme de Trémolières (Portrait d'elle par son mari au musée de Worcester). Elle devait reproduire en miniature des toiles de son époux, par exemple le Repas chez Simon (1748, Rome, gal. Capitoline), mais aussi collaborer à ses œuvres. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder le célèbre tableau de l'Akademie de Vienne qui montre, réunie dans l'Atelier du peintre, dont les murs sont couverts de tableaux de l'artiste, la famille Subleyras tout entière au travail. En 1740, Subleyras entre en contact avec le cardinal Valenti Gonzaga, qui le recommandera au pape Benoît XIV, dont il fera le portrait officiel l'année suivante (diverses versions, dont une à Chantilly, musée Condé). C'est la protection du pontife qui lui vaudra la commande, en 1743, du Saint Basile célébrant la messe de rite grec devant l'empereur Valens, arien, pour Saint-Pierre (auj. à Rome, Sainte-Marie-des-Anges ; esquisses notamment au Louvre et à l'Ermitage). Ainsi, preuve de sa réputation, après Vouet, Poussin et Valentin, Subleyras est-il le seul peintre français à recevoir une commande pour la basilique.
Mais, avant d'achever cette gigantesque toile en 1748, il donnera ses plus beaux tableaux : le Miracle de saint Benoît (pour les olivétains de Pérouse, auj. à Rome, Sainte-Françoise-Romaine), Saint Ambroise absolvant Théodose (pour le même ordre, auj. à Pérouse, G. N.), Saint Camille de Lellis adorant la croix (église de Rieti), le Mariage de sainte Catherine (Rome, coll. part. ; esquisse à Northampton, Smith College) et surtout le chef-d'œuvre du peintre, le Saint Camille de Lellis sauvant les malades lors d'une inondation, l'un des plus beaux tableaux de tout le XVIIIe s. (Rome, Museo di Roma). Le 26 janvier 1748, le Saint Basile fut exposé à Saint-Pierre : ce fut un triomphe sans égal à l'époque. Désormais, la place de Subleyras était reconnue. Celui-ci occupait, avec Jean-François de Troy, alors directeur de l'Académie de France à Rome, le premier rang dans l'école romaine. Mais la maladie le minait. En dépit d'un voyage de repos à Naples en 1747, Subleyras devait s'éteindre à Rome, âgé de cinquante ans. Pompeo Batoni, son cadet d'une génération, pouvait prendre sa place et s'imposer sans rival dangereux.
Avant tout peintre d'histoire, ambition suprême de tout artiste de l'époque, Subleyras n'a pas pour autant négligé la nature morte (musée de Toulouse), la scène de genre plus ou moins leste (illustrations des Contes de La Fontaine, outre les toiles citées plus haut, deux exemples à l'Ermitage), le portrait (Don Cesare Benvenuti et J. A. de Lironcourt, Louvre ; le Bienheureux Jean d'Ávila, Birmingham, City Art Gal.), la mythologie, le nu (outre le Caron du Louvre, l'exceptionnel Nu de femme de la G. N. de Rome). Quel que soit le genre qu'il aborda, il composa avec rigueur, calme, force et une simplicité déjà toute néo-classique. Sa touche est délicate, minutieuse, reconnaissable entre toutes. Mais c'est surtout son coloris qui lui vaut une place à part ; Subleyras affectionna trois teintes, dont il usa avec raffinement : le noir, le blanc (deux études de Diacre pour la Messe de saint Basile du musée d'Orléans) et surtout le rose tendre. Peintre exceptionnel et souvent émouvant, dont la gloire ne décrut pas durant la seconde moitié du XVIIIe s., il n'occupe plus la place qu'il mérite ; mais on le considérera bientôt de nouveau parmi les plus grands novateurs de son siècle. Une rétrospective Subleyras a eu lieu à Paris et à Rome en 1987 (musée du Luxembourg et villa Médicis).