Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Mayr (les)

Famille de peintres allemands.

 
Susanna, dite Mayerin (Augsbourg  1600  – id. 1674). Elle fut peintre de fleurs, découpa des silhouettes et pratiqua la gravure. Sa fille se maria avec le peintre de Berne Joseph Werner.

 
Johann Ulrich (Augsbourg 1630 – id. 1704). Fils de Susanna, il fit son apprentissage chez Rembrandt et Jordaens avant de compléter sa formation en Angleterre et en Italie. Ses tableaux d'autel sont de qualité moyenne, mais il fut très tôt reconnu comme un portraitiste de talent auprès du patriciat d'Augsbourg, de Nuremberg, du clergé protestant et des cours allemandes et étrangères (Portraits du père et de la mère de l'artiste, v. 1660 ; le Comte de Függer-Glött ; David et la tête de Goliath, peut-être un autoportrait, v. 1650, Augsbourg, Staatsgalerie, où la pose naturelle et la gamme vive et claire sont un écho de son maître Jordaens).

Mazo (Juan Bautista Martínez del)

Peintre espagnol (Prov. de Cuenca v.  1612  – Madrid  1667).

Disciple et collaborateur de Velázquez, dont il épousa la fille en 1633, il resta toujours en relations professionnelles étroites avec son beau-père, à tel point qu'il est très difficile de lui reconnaître un style personnel. Il fut introduit au Palais, où il obtint des charges officielles et devint professeur de dessin du prince Baltazar Carlos (1643) dont il fit précédemment le portrait en pied (1635, Budapest, musée des Beaux-Arts) ; Son portrait esthétique est ici encore proche de celle de Velázquez.

   Il fit un voyage en Italie en 1657. Ses rares œuvres identifiées avec certitude révèlent un artiste riche de possibilités, dominé par le style de Velázquez. Ses portraits (Doña Mariana d'Autriche, 1666, Londres, N. G.) sont d'une intensité remarquable, d'une technique peut-être plus légère et plus aérée que celle de son maître, mais dépourvue de ses qualités de synthèse. Il est possible que beaucoup de répliques des tableaux officiels adressés de Madrid aux cours européennes soient de sa main. Il fut un excellent copiste de Titien et de Rubens (Didon et Énée, Prado). Les œuvres les plus vantées par ses contemporains sont des paysages animés de petits personnages (Chasse du Tabladello). La Vue de Saragosse (1647, Prado) prouve en effet son habileté, au point qu'on a pu y reconnaître, mais à tort, la main de Velázquez. Le souci d'expression de l'espace de son maître transparaît aussi avec quelque timidité dans le Portrait de famille du K. M. de Vienne (v. 1660), fortement influencé par les Ménines, mais sûrement exécuté par Mazo.

Mazzola-Bedoli (Girolamo)

Peintre italien (Viadana v.  1500  – Parme v.  1569).

Par son mariage avec la fille de Pier Ilario Mazzola, cousin de Parmesan, Girolamo Bedoli entra dans la famille des Mazzola, dont il ne prit le nom qu'en 1542, après la mort de Parmesan. Son activité s'est surtout déroulée à Parme, si l'on excepte quelques œuvres à Mantoue (palais ducal et S. Andrea) et dans les environs (l'Adoration des bergers avec saint Benoît, 1552-1554 — auj. au Louvre —, pour le monastère de S. Benedetto di Polirone). Le paysage de cette œuvre a probablement été peint par Fermo Ghisoni.

   Architecte, l'artiste a aussi fait œuvre de décorateur sacré : croisée de la voûte du chœur (1538-1540), fresques de l'abside (1544) et de la grande nef (1555-1557) au dôme de Parme ; fresques des absides nord (1546-1553) et sud (1553-1557) de l'église de la Steccata ; Cène du Réfectoire de S. Giovanni Evangelista (1562-1564). De nombreux tableaux d'autel documentés jalonnent son abondante production (Immaculée Conception, 1533-1538, Parme, G. N. ; Vierge et l'Enfant avec sainte Justine, saint Alexandre et saint Benoît, 1540-1550, Parme, S. Alessandro ; l'Adoration des bergers, v. 1547 ; la Sainte Famille avec sainte Catherine, 1556, Parme, G. N. ; peintures des orgues de S. Giovanni Evangelista [1546] et du dôme de Parme [1562]). Mazzola-Bedoli est également représenté par plusieurs œuvres à la G. N. de Parme, au musée de Budapest (Sainte Famille avec saint François), à la Gg de Dresde (deux Madones avec des saints), au Prado (portraits), à Naples (Capodimonte), à l'Ambrosienne (Annonciation) et au musée Poldi-Pezzoli (Repos pendant la fuite en Égypte) de Milan. Toutes ces œuvres dénotent l'influence de Corrège et surtout de Parmesan. Mazzola-Bedoli est un suiveur si proche de ces derniers qu'on a pu parfois confondre leurs œuvres ; mais il est doué d'une réelle sensibilité. On lui attribue une trentaine de dessins, d'une grande habileté technique et non sans charme, qui rappellent aussi Parmesan.

Mazzola (Filippo)

Peintre italien (Parme, actif à Venise à partir de 1460 env.  – id. 1505).

Après un apprentissage auprès du Crémonais Francesco Tacconi, il reçut sa véritable formation à Venise, où il étudia Antonello de Messine et Giovanni Bellini. Sous l'influence de ces maîtres, il revint à un style correct, mais quelque peu scolaire et dépourvu d'une véritable inspiration (Vierge et saints, 1491, Parme, G. N. ; Résurrection du Christ, 1497, musée de Strasbourg ; Conversion de saint Paul, 1504, Parme, G. N.). On lui doit quelques solides portraits en buste (Brera ; Madrid, fond. Thyssen-Bornemisza ; musée de Coral Gables). Mazzola fut le père de Parmesan.

Mazzolino (Ludovico)

Peintre italien (Ferrare, documenté de 1504 à 1527).

S'il fut probablement l'élève de D. Panetti et d'Ercole de' Roberti, Mazzolino subit aussi l'influence de Costa et de Dosso, visible dans son coloris riche et chatoyant. Sa carrière se déroula en grande partie à Ferrare même, au service des Este, coupée par un séjour en 1523-24 à Bologne, où il peignit le retable avec Jésus au Temple, aujourd'hui dispersé (panneau central au musée de Berlin). De petit format, illustrant avec prédilection les scènes de l'enfance du Christ, traitées avec une précision de miniaturiste notamment dans les paysages, ses nombreuses peintures présentent une certaine monotonie de ton et une inspiration assez limitée, mais de réelles qualités graphiques (il connut sans doute des gravures germaniques), et il rejoint dans ses meilleures œuvres les tendances, pleines de fantaisie, voire d'extravagance, d'Aspertini et de Dosso, tout en restant fidèle à la tradition ferraraise d'Ercole de' Roberti. Il est représenté par plusieurs œuvres à Berlin, aux Offices, à Londres (N. G.), à Rome (Gal. Borghèse et Gal. Doria Pamphili). On peut citer parmi ses tableaux les plus raffinés le Massacre des innocents de la Gal. Doria Pamphili de Rome, le Passage de la mer Rouge de la N. G. de Dublin, l'Ecce homo du musée Condé de Chantilly, le Christ chassant les marchands du Temple (Alnwick Castle, coll. Northumberland).