Vivien (Joseph)
Peintre français (Lyon 1657 – Bonn 1734).
À partir de 1672, il est à Paris élève de Bonnemer et évolue dans l'entourage de Le Brun. Bien qu'il ait exécuté quelques peintures religieuses (auj. perdues), il se spécialise dans le portrait, le plus souvent au pastel, et, à ce titre, est reçu à l'Académie : Portrait de Girardon et Portrait de Robert de Cotte (1698-99, Louvre). Il consacre désormais une bonne part de son activité aux cours de Cologne et de Bavière (nombreux portraits de princes conservés à Munich : Alte Pin., Résidence, Schleissheim). Son tableau à l'huile le plus important est l'allégorie de la Réunion de Max-Emmanuel de Bavière avec sa famille (1715-1733, Munich, Alte Pin.). Ses portraits officiels, avec leurs traits accusés et un peu monotones, montrent une certaine raideur, qui disparaît dans les effigies des personnages d'un rang moins élevé (Fénelon, 1713, Versailles ; Samuel Bernard, 1699, musée de Rouen ; probablement son chef-d'œuvre) ou d'artistes (Autoportrait, 1730, Munich, Alte Pin. ; 1699, Offices ; Portrait d'un peintre, 1698, Louvre ; Hardouin-Mansart, Ermitage). Vivien instaura avec Rosalba Carriera la mode des portraits au pastel, qui connaîtront un vif succès tout au long du siècle.
Vivin (Louis)
Peintre français (Hadol, Vosges, 1861 – Paris 1936).
Fils d'un instituteur, il fut élève au collège industriel d'Épinal avant d'entrer, en 1881, dans l'administration des Postes, qu'il ne quitta que pour prendre sa retraite, à soixante-deux ans. Cette carrière ne l'empêcha pas de consacrer ses loisirs au dessin et à la peinture, dans le petit appartement de Montmartre (rue Caulaincourt) où il se plaisait à amasser toutes sortes de journaux illustrés, de chromos, d'objets bizarres (il avait constitué notamment une nombreuse collection de lampes à pétrole).
Dans ses œuvres de jeunesse, Vivin se révèle surtout par des vues de son pays natal, exécutées de souvenir, dans un style exact quant au dessin, remarquable déjà quant à la finesse du coloris et la distinction du sentiment. Devenu exclusivement peintre à partir de 1922, il évolua sans cesse vers plus d'irréalité, transgressant les lois de la perspective et de la pesanteur, bannissant de ses tableaux les variations ordinaires de l'ombre et de la lumière, pratiquant un graphisme tout à la fois méticuleux dans le détail (briques ou pierres du mur précisées comme une à une) et synthétique dans la composition d'ensemble du paysage (rues et monuments de Paris, de la banlieue, des bords de Seine), de la nature morte, de la scène familière ou de chasse — le tout dans une clarté douce et mystérieusement poétique.
Les petites gens du marché Saint-Pierre et de la foire aux Croûtes ont constitué toute sa clientèle jusqu'au jour où, découvert par Wilhelm Uhde, il obtint, sans l'avoir cherchée, la consécration. Ses œuvres figurent, en 1937, à l'exposition des Maîtres populaires de la réalité, organisée à Paris par le musée de Grenoble. Louis Vivin est principalement représenté à Paris (M. N. A. M.) ainsi qu'à New York (M. O. M. A.).
Vlaminck (Maurice de)
Peintre français (Paris 1876 – Rueil-la-Gadelière, Eure-et-Loir, 1958).
Il est le fils d'un Flamand et d'une Lorraine, tous deux musiciens ; sa famille s'installe au Vésinet en 1879. Après de médiocres études, il exerce différents métiers : coureur cycliste (1893-1896), professeur de violon et musicien dans un orchestre le soir (1896-97), journaliste anarchiste (1898-99). Il ne commence à peindre vraiment qu'en 1899, en compagnie de Derain, avec qui il partage un atelier près du pont de Chatou jusqu'en 1901. Autodidacte, il s'est souvent vanté de n'avoir jamais suivi un cours de peinture dans une académie ou un atelier, ni même d'avoir fréquenté un musée. En 1904, chez Berthe Weill, une de ses toiles est montrée pour la première fois au public. En 1905, l'artiste participe au Salon d'automne et au Salon des indépendants. Il est dans la " cage aux fauves " avec Derain, Matisse, Marquet, Valtat, Friesz, Manguin, Puy, Braque, Camoin et Van Dongen. Mais il ne commence à sortir de sa misère et à vivre de sa peinture qu'en 1906 (achat de tout son atelier par Vollard). Sa première exposition particulière a lieu à la gal. Vollard en 1907. Mobilisé en 1914, il est bientôt affecté comme tourneur dans une usine. Le succès commercial de son exposition particulière chez Druet en 1919 lui permet d'acheter sa première maison de campagne à Valmondois, près de Paris. Vlaminck la revendra en 1925 pour en racheter une autre à Rueil-la-Gadelière, où il se retirera définitivement pour fuir le brouhaha de la vie parisienne, où il ne s'est jamais senti à l'aise. Il écrivit aussi une vingtaine de romans, poèmes et essais : D'un lit à l'autre (1902), Tout pour ça (1903), Âmes de mannequins (1907), Tournants dangereux (1929), le Ventre ouvert (1937), Portraits avant décès (1943), Paysage et personnages (1953).
Son art est à son image : populaire et turbulent, révolté, instinctif, marqué par un amour direct et véhément pour la nature. Les premières toiles (1899-1903) révèlent d'emblée la forte personnalité du peintre, exempte de copie ou d'influence. Sur le zinc (musée d'Avignon) est d'une bestialité déjà expressionniste dans le visage et la pose du modèle ; le Père Bouju (v. 1900, Paris, M. N. A. M.) est un portrait d'une puissance quelque peu caricaturale, traité en larges traînées de couleurs sans souci du dessin ni du modelé, à la manière de Soutine quelques années plus tard. C'est un véritable ballet de touches entrechoquées, composant un éclairage violemment contrasté de chaque côté de la tête du modèle. Dès 1901, Vlaminck est un adepte de la couleur pure, qu'il découvre à l'exposition Van Gogh chez Bernheim-Jeune. L'influence du peintre néerlandais ne cesse pas désormais de s'exercer sur son œuvre : Intérieur (1903-1904, Paris, M. N. A. M.), la Moisson sous l'orage (1906, id.), qui rappelle les paysages de Van Gogh peints à Auvers-sur-Oise. Bientôt, Vlaminck devient un fauve parmi les fauves (1904-1907). Ses toiles de cette période marquent une rupture totale avec les précédentes et une adhésion enthousiaste aux principes du Fauvisme. Les couleurs sont moins mélangées ; rouges, verts, bleus, jaunes sont souvent employés en tons purs : Paysage aux arbres rouges, Rue à Marly, 1905, Paris, M. N. A. M. ; Marly-le-Roi, 1906, Paris, musée d'Orsay. Dans ces œuvres, l'artiste mélange souvent, dans une technique très personnelle, les touches divisionnistes, plus ou moins régulières et géométriques, ou les virgules de Van Gogh à des aplats ou à des traits de couleurs. Chatou (1907, Paris, M. N. A. M.) est une des premières toiles où se décèle l'influence de Cézanne, qui restera sensible dans l'œuvre de Vlaminck jusqu'en 1910 et réapparaîtra ensuite à diverses reprises (la Maison à l'auvent, 1920, Paris, M. A. M. de la Ville, réplique de la Ferme de Bellevue du maître d'Aix). L'admiration pour Cézanne conduit l'artiste, malgré lui, quelque temps (1910), au Cubisme, car il a toujours eu la plus grande hostilité pour cette esthétique, qu'il trouve trop intellectuelle : Autoportrait (1910).
Bientôt, Vlaminck revient à un style plus conforme à son tempérament, auquel il restera fidèle jusqu'à sa mort : couleurs sombres et plombées, très mélangées. L'emploi intensif du vermillon, du noir et des blancs donne à ses paysages romantiques, écrasés par les ciels d'orage et agités par la tempête, l'aspect d'une vision dramatique et violente. Les routes et les champs de blé sont les thèmes de prédilection du peintre. L'artiste a aussi exécuté de nombreuses aquarelles, des bois et des lithographies dans un style aussi vigoureux que celui de ses peintures, dont la chronologie est difficile et malaisée à établir, car elles sont rarement datées.