Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Croos (Anthony Jansz Van der)

Peintre néerlandais (La Haye v.  1606/1607  – id.  1663).

Il travailla à La Haye de 1634 à sa mort, à l'exception d'un court séjour à Alkmaar, où il fut reçu dans la gilde des peintres en 1649. Dans ses paysages, les dunes, les arbres et les eaux jouent un rôle essentiel, à la manière de Van Goyen et de S. Van Ruysdael. Son style est caractérisé par un trait ondulant, capricieux, et par un coloris vert grisâtre très personnel. Souvent, il insère dans ses paysages des vues de La Haye ou de ses environs (Bruxelles, M. R. B. A. ; La Haye, Gemeentemuseum ; musée de Toulouse : série de 7 paysages datés de 1665). On a parfois essayé de faire passer ses toiles pour des œuvres de jeunesse d'Albert Cuyp en changeant son monogramme " ACUJC " en " A. Cuyp ". Il est principalement représenté aux musées de Kassel (Ville près de l'eau, Château près de l'eau, 1643), de Cambridge (Fitzwilliam Museum : 2 Paysages avec figures, 1646), de Budapest (Paysage aux pêcheurs, 1651), d'Amiens (Nordwyck, 1655 ; Canal et ville de Hollande, 1656), d'Alkmaar (Paysage des environs d'Alkmaar) ainsi qu'au Louvre (Paysage).

 
Son frère Pieter (Alkmaar v. 1610 –Amsterdam 1701) est cité en 1647 à La Haye, en 1651 à Alkmaar et en 1661 à Amsterdam. Il peignit des marines et des paysages dans des tons gris et brun-jaune : Château au bord de l'eau (Béziers, musée des Beaux-Arts).

 
Il existe un autre peintre du nom de Van der Croos, Jacob, probablement fils d'Anthony Jansz, en tout cas très influencé par l'art de ce dernier ; il a laissé des Paysages (musée de Dunkerque) et surtout deux séries, l'une de 21 pièces (1661-62), l'autre de 17 (1666), de Vues de La Haye et de ses environs (La Haye, Gemeentemuseum).

croquis

Dessin sommaire exécuté à la hâte sur le motif ou notation rapide d'une idée de composition dont on n'indique que les traits essentiels, au crayon, à la plume ou à la couleur, sans dégradé. Le croquis n'a souvent de valeur que pour l'artiste lui-même : dans les étapes de la création artistique, il se situe avant l'étude et l'esquisse.

   On appelle carnet ou cahier de croquis le cahier que les artistes portent sur eux pour fixer les idées qui leur viennent à l'esprit ou pour dessiner brièvement les objets ou paysages pittoresques qu'ils rencontrent.

Crosato (Giovanni Battista)

Peintre italien (Venise 1686  – id.  1758).

Il se forma à Venise et connut certainement les premières expériences de renouvellement de la peinture à fresque réalisées par Tiepolo dans sa jeunesse à Udine, ainsi que les œuvres de S. Ricci et de Pellegrini.

   Appelé en Piémont par Juvarra en 1733, il y reçut d'importantes commandes et exécuta ainsi des fresques allégoriques (les 4 Saisons) et des dessus-de porte (histoires inspirées d'Ovide) à la Villa della Regina. Au pavillon de chasse de Stupinigi (à 11 km de Turin), il réalisa son chef-d'œuvre en décorant ensuite différents plafonds de scènes vigoureusement construites (Sacrifice d'Iphigénie, Jason ; groupes de Chasseurs dans l'antichambre de la chapelle), dont le réalisme narratif, d'un esprit vraiment rococo, s'oppose au style de Carle Van Loo dans le décor du même pavillon (Repos de Diane). Les décorations du Palazzo Reale de Turin datent de cette époque, de même qu'une série d'une vingtaine de panneaux dont les sujets sont tirés des Métamorphoses d'Ovide (auj. Turin, Palazzo Madama). Au cours d'un séjour à Turin (1740), Crosato peint à fresque la coupole du sanctuaire de la Consolata d'un Chœur d'anges. Il est de nouveau à Venise en 1743. En 1753, il reçoit l'importante commande de la décoration du plafond du Grand Salon à la Ca' Rezzonico (les Quatre Parties du monde) et des fresques (Scènes de la vie d'Alexandre) à la villa Maruzzi-Marcello à Levada (Trévise). À partir de 1756, il partage son activité entre Turin et Venise.

Cross (Henri-Edmond Delacroix, dit Henri-Edmond)

Peintre français (Douai 1856  – Saint-Clair, Var, 1910).

Élève à Lille du jeune Carolus-Duran (1866) et plus tard d'A. Colas (1877), puis à Paris du peintre académique Dupont-Zipcy (1881-1885), il est un moment influencé par Bonvin et Carolus-Duran (Convalescent, 1882-1885, musée de Douai). Il participe en 1884 à la fondation des Indépendants, exposant Coin de jardin à Monaco (id.), dont l'atmosphère de plein air réaliste rappelle, comme ses Blanchisseuses en Provence (1885-1889, Paris, musée des Arts décoratifs), l'œuvre de Manet et des impressionnistes italiens. Ami des néo-impressionnistes, dont il partage les convictions anarchistes, il n'adopte le Divisionnisme qu'en 1891, peu avant la mort de Seurat (Portrait de Mme Cross, Paris, Orsay). Chez Le Barc de Boutteville (1892), à l'hôtel Brébant (1893) et dans la " boutique " financée par A. de La Rochefoucauld (1893-94), il expose, avec le groupe, des paysages inspirés par la région du Var, où il s'est installé (Plage de la Vignasse, 1891-92, Paris, coll. part. ; Vendanges, 1892, New York, coll. J. Hay Whitney). Constellées de " pastilles " de couleurs claires rigoureusement posées, ses œuvres, harmonieuses et pures (les Îles d'or, 1891-92, Paris, Orsay), sont parfois teintées d'un idéalisme issu de Puvis de Chavannes et des Nabis (l'Air du soir, 1893-94, id. ; Nocturne, 1896, Genève, Petit Palais), mais plus souvent fidèles au populisme utopique de J. Grave (Excursion, 1894, New York, coll. W. P. Chrysler). Entre 1895 et 1900, annonçant le Fauvisme, Cross résout parfois le dilemme nature-abstraction dans le jaillissement de la couleur pure (Bal villageois, 1896, musée de Toledo, Ohio ; Pêcheur provençal, 1896, Oberlin, Allen Memorial Art Museum). Converti à la touche large de Signac, il confirme cette évolution après son voyage à Venise en 1903 (Ponte San Trovaso, 1903-1905, Otterlo, Kröller-Müller). Ses paysages touffus (l'Après-midi au jardin, 1904, Francfort, Städel Inst. ; Autour de la maison, 1906, Moscou, musée Pouchkine ; Jardin rouge, 1906-1907), peuplés de nus (Fuite des nymphes, 1906, Paris, musée des Arts décoratifs ; la Forêt, 1906-1907), sont prétextes à l'analyse lyrique, à l'exaltation colorée de la lumière (le Cap Layet, 1904, musée de Grenoble ; le Lesteur, 1906, musée de Genève ; la Baie de Cavalière, 1906-1907, musée de Saint-Tropez ; Cyprès à Cagnes, 1908, Paris, Orsay). Deux expositions, préfacées par Verhaeren et M. Denis, révèlent en 1905, chez Druet, et en 1907, chez Bernheim-Jeune, la fraîcheur et l'étonnante liberté de ses aquarelles.