Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

synchromism

Ce nom a été donné au premier mouvement d'art abstrait en Amérique ; il vient de syn-chrome, qui signifie " avec couleur ", mais joue volontairement sur le mot en l'associant avec " symphonie ", pour évoquer le rapport entre le son et la couleur, éléments importants de la pensée de Kupka. Ce mouvement, plus théorique que réel, se développa à Paris vers la fin de 1912, lorsque M. Russell et Macdonald-Wright décidèrent d'attirer l'attention sur les propriétés de la couleur et de la lumière. Ces artistes se détachaient ainsi des cubistes, particulièrement de Robert Delaunay, dont l'influence était primordiale sur leur œuvre et leurs idées. Le Synchromism dura environ un an ; sa principale manifestation eut lieu au Salon des indépendants, en 1913. Parmi les Américains profondément influencés par le Synchromism figurent Benton, Dasburg, Bruce, Frost et Davies.

synthétisme

Théorie plastique lancée en 1888, à Pont-Aven, par É. Bernard et Gauguin (qui écrit à Schuffenecker : " l'art est une abstraction "), le Synthétisme se veut l'antithèse du Néo-Impressionnisme. Il dérive du Cloisonnisme, inventé en 1886 par Anquetin (à la suite de l'observation des jeux de la lumière dans un vitrail), défini en mai 1888 par E. Dujardin dans la Revue indépendante. Les estampes japonaises, les images d'Épinal, les arts primitifs, les simplifications de Puvis de Chavannes ont leur part dans le Synthétisme, que caractérisent le rejet des détails et l'adoption de couleurs en aplats cernées de noir. L'un des chefs-d'œuvre de Gauguin, la Lutte de Jacob avec l'ange (Édimbourg, Nat. Gallery of Scotland), et les Bretonnes dans la prairie verte d'É. Bernard sont les premiers manifestes de ce style, qui s'affirme en 1889 avec l'exposition du Groupe impressionniste et synthétiste au café Volpini, à Paris. Adopté dans les années 1889-90, à Paris et en Bretagne, par divers artistes (Sérusier, Filiger, Seguin, L. Roy, L. Fauché, etc.), le Synthétisme se fondra dans le Symbolisme et ne survivra guère au premier départ de Gauguin pour Tahiti.

Szafran (Sam)

Peintre français (Paris 1934).

Pour le grand public, Szafran est l'homme des escaliers comme Piranèse est l'homme des prisons. C'est là simplifier et réduire beaucoup une œuvre et une trajectoire pourtant en effet ordonnées, comme celles de Giacometti, de Morandi, autour de quelques thèmes. Se formant auprès d'Henri Goetz à l'académie de la Grande Chaumière, Sam Szafran débouche tout naturellement sur l'abstraction lyrique. C'est pour l'abandonner en 1958, c'est-à-dire au moment où elle triomphe. Du même mouvement, il abandonne aussi la peinture pour le dessin, l'huile pour le fusain (Autoportrait, fusain, 1958), où il donne la série des Rocking-Chairs en 1965 (galerie Jacques Kerchache). Son galériste et ami lui inspirera en 1971 l'étonnante série des Portraits de Jacques, visage surgissant, n'occupant qu'un mince territoire, au milieu de la feuille de papier ou, plus dérangeant encore, à ses marges, réduit à quelques traces, pour ailleurs réinvestir l'espace par la vigoureuse inscription d'un corps en son entier. C'est à peu près au même moment, vers 1970, que Szafran s'éprend de ce médium un peu délaissé par les contemporains, le pastel. Il y donne, semble-t-il, les premiers Escaliers, non datés, où la couleur est reine (Escalier à la fenêtre bleue), les premiers Ateliers (Atelier à la bassine), mais aussi les plantes, les feuillages matissiens qui font partie de son entourage familier (Personnage dans la serre, 1971). Tous ces thèmes et ceux de Lilette, son épouse (Lilette dans l'atelier, 1987 ; Lilette à la robe afghane, 1989), sont traités depuis quelques années à l'aquarelle. Depuis 1976, la galerie Claude-Bernard l'expose régulièrement. Le Centre d'art de Flaine a consacré à ses pastels et à ses fusains une exposition en 1986, et le Centre d'art contemporain du château de Tanlay l'a exposé en 1989 avec J.P. Riopelle. Acheté par le F. N. A. C., qui l'exposait en 1969, et le musée de Saint-Étienne, qui l'avait montré dès 1968, Szafran est présent au M. N. A. M. et dans la plupart des grands musées européens.

Szczuka (Mieczyslaw)

Peintre polonais (Varsovie 1898  – les Tatras 1927).

Après ses études à l'École des beaux-arts de Varsovie, il commence à peindre à partir de 1920 des œuvres marquées par l'Expressionnisme, le Futurisme et le Dadaïsme, avant de s'orienter, sous l'influence des théories de Tatline, vers le Constructivisme, dont il sera dès 1923 le principal représentant en Pologne : il va chercher à mettre en évidence les propriétés constructives des matériaux et déclare inséparables les questions artistiques et sociales. Proche du parti communiste polonais, ses recherches le portent vers les arts appliqués, en particulier la typographie et l'architecture. Szczuka est un des fondateurs en 1924 du groupe et de la revue Blok avec sa femme Teresa Zarnover et Henryk Staźewski. Comme certains artistes soviétiques, il va évoluer vers le productivisme, c'est-à-dire vers la version utilitaire du Constructivisme, où il essaiera de concilier l'art, la production, la technologie et l'engagement social. Il se consacrera, de même que Rodtchenko en U. R. S. S., à la pratique du photomontage (Kemal Pacha, 1924, disparu), à la typographie et aux recherches sur le projet d'architecture. Son style restera toutefois assez proche du constructivisme soviétique jusque dans la rigidité de certaines de ses compositions. La quasi-totalité de son œuvre a disparu : quelques témoignages en sont conservés au musée de Łódź.

Székely (Bertalan)

Peintre hongrois (Kolozsvár  1835  – Mátyaśföld  1910).

Formé à Kolozsvár, puis à l'Académie de Vienne, il fut ensuite l'élève de Piloty à Munich (1859) et travailla à Paris et aux Pays-Bas (1863). Après avoir traité des sujets d'histoire dans le goût romantique (Le roi Louis II est retrouvé mort au champ de bataille de Mohács, 1860), il évolua vers un style académique et aborda la composition monumentale dans les fresques de la cathédrale de Pécs (1887-1889) et de l'église du Roi-Mathias de Budapest (1890-1896). Ses esquisses de fresques pour le château fort de Vajdahunyad (1900-1902) et le bastion des Pêcheurs de Budapest ne furent pas réalisées. Székely fut également peintre de genre (Étrenne), de portraits (Léda Nagy ; Autoportrait) et de paysages (Vue de Szada). Pour ces derniers, il a affronté le problème du plein air dans un esprit proche de celui des premiers impressionnistes. L'artiste a laissé une œuvre importante d'illustrateur et, pendant de longues années, a exercé une influence bénéfique sur l'enseignement artistique.