Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

cercle chromatique

Cercle où sont figurées les couleurs du spectre solaire dans leur ordre normal de succession (cercle chromatique du père Castel construit en 1735 avec des fils peints, cercles chromatiques de Chevreul, de Delacroix et de Charles Henry). Les cercles chromatiques modernes sont munis d'un système d'aiguilles à deux ou trois pointes, qui permettent d'indiquer les couleurs complémentaires ou les couleurs pouvant être associées pour former une " triade chromatique ".

Cercle et carré

Le nom de ce mouvement artistique parisien doit son origine à la rencontre du critique Michel Seuphor et du peintre uruguayen Torrès-Garcia, en janvier 1929. Leur but était de regrouper, à l'échelle internationale, des peintres, sculpteurs, architectes, d'esprit constructiviste, pour les opposer au Surréalisme. Les réunions des sympathisants avaient lieu à Paris au café Voltaire, place de l'Odéon, puis à la brasserie Lipp. Le nombre des membres allant croissant, il fut bientôt possible d'éditer une revue et d'organiser une exposition internationale. La revue Cercle et carré publia 3 numéros, qui contiennent surtout des articles théoriques tels que " Pour la défense de l'architecture " de Michel Seuphor, ou des extraits des essais de Mondrian. À côté de ces textes figuraient des reproductions de quelques œuvres typiquement constructivistes. L'exposition, organisée par Seuphor, qui y donna un récital de " musique verbale " (poésie phonétique) avec accompagnement de musique bruitiste, par Russolo, un ancien futuriste, regroupait la plupart des sympathisants, tels Mondrian, Kandinsky, Léger, Baumeister, Arp, Werkman, Vantongerloo, Le Corbusier, Pevsner, Charchoune, Gorin, Torrès-Garcia, Prampolini, Vordemberge-Gildewart, Marcelle Cahn, Kurt Schwitters, Ozenfant, Sophie Taeuber.

   Guidé par des principes idéalistes, le mouvement n'allait cependant pas se maintenir au-delà des épreuves d'une grave maladie qui atteignit Michel Seuphor, son animateur ; mais un an plus tard, reprenant l'essentiel des idées qu'il avait approfondies, Torrès-Garcia regroupa les forces vives de Cercle et carré dans un nouveau mouvement : Abstraction-Création.

Cerezo (Mateo)

Peintre espagnol (Burgos 1637  –Madrid 1666).

Disciple de Carreño de Miranda, il fut l'un des maîtres les plus habiles de l'école madrilène. Souple et raffinée, sa technique allie la leçon vénitienne (Titien), sensible dans le coloris riche et sensuel, à l'influence flamande héritée de Van Dyck. Son œuvre connue est peu abondante en raison de sa mort précoce à 29 ans. Parmi ses premiers tableaux, il faut citer le Retable du couvent de Jésus et Maria (Valladolid), d'une technique un peu sèche, puis l'influence de Carreño est manifeste dans ses Immaculée Conception, animées de groupes d'angelots exubérants (Madrid, coll. Benavites), l'Ecce Homo (musée de Budapest), le Saint Jean-Baptiste (musée de Kassel) et la Madeleine (Amsterdam, Rijksmuseum). Il réalise de somptueux effets de lumière et de perspective dans le Mariage mystique de sainte catherine (Prado) où la belle nature morte du premier plan rappelle qu'il cultiva avec un égal succès ce genre (Mexico, Musée San Carlos ; Prado ; Bilbao, coll. Arasjauregui).

Čermák (Jaroslav)

Peintre tchèque (Prague  1830  – Paris 1878).

Après deux années d'études à l'Académie de peinture de Prague, il compléta sa formation à l'Académie d'Anvers et dans l'atelier Gallait à Bruxelles.

   Un des premiers Tchèques à se rendre à Paris (1852), il exposa au Salon (Une Razzia de bachi-bouzouks, 1861, Prague ; galerie Národní). Il fit de longs séjours au Monténégro, dont il évoqua la vie des habitants et leurs luttes contre les Turcs dans des toiles qui lui valurent la notoriété (Noce en Dalmatie, musée de Prague ; Captives monténégrines, 1870, id. ; le Monténégrin blessé, 1874, id.). Ces tableaux au coloris vif sont encore conçus de manière puissante et lumineuse, dans un esprit d'idéalisation romantique.

   Dans ceux qu'il exécuta dans les années 1870 à Roscoff, en Bretagne, il s'attache davantage à cerner la réalité et à saisir le caractère des choses (la Côte à Roscoff, 1870, id. ; Nature morte aux poissons, 1870, id.). Čermák a été également un bon portraitiste (J.-E. Purkyne, 1856, musée de Prague ; Mère slovaque et son enfant, 1859, Amsterdam, musée Fodor).

Cerquozzi (Michelangelo) , dit Michelange des batailles

Peintre italien (Rome 1602  – id. 1660).

À Rome, où il resta sans interruption jusqu'à sa mort, il fréquenta l'atelier du Cavalier d'Arpin, puis celui du peintre de batailles Jacob de Haase. Ces maîtres n'eurent pas la moindre influence sur lui, mais le second dut le mettre en rapport avec le milieu flamand, où, v. 1630, il fit la rencontre déterminante de Pieter Van Laer. Ce dernier l'amena à découvrir un certain aspect de la peinture : l'appréhension de la réalité dans sa simplicité quotidienne, lui transmettant ainsi une des leçons du Caravagisme, qui semblait mort alors à Rome, où commençait le règne baroque. Les premières œuvres de Cerquozzi (la Cardeuse de laine, Rome, G. N., Gal. Corsini ; le Fils prodigue, Hambourg, Kunsthalle ; le Sac d'un bourg, 1630, Naples, musée de S. Martino) sont nettement influencées par Van Laer. Mais il se détacha bientôt de son maître, négligeant la caricature au profit du pittoresque. Il fut surtout un observateur de la vie populaire, qu'il se contenta de décrire sans la grandeur d'un Caravage. Ses œuvres les plus originales se placent dans la 5e décennie du siècle : la Révolte de Masaniello (1648, Rome, Gal. Spada) et le Bain (Rome, coll. Incisa della Rocchetta), où se remarque la collaboration, pour le décor architectural, de Viviano Codazzi, revenu de Naples en 1647 ; l'Abreuvoir (Rome, G. N., Gal. Corsini) ; les Joueurs de mourre (Rome, coll. part.). On lui doit également de grandes natures mortes de fruits parfois animées de figures (la Cueillette des grenades, Rotterdam, B. V. B.). Cerquozzi est avec Van Laer le premier des Bamboccianti, créant un courant isolé, parallèle au grand goût baroque, mais fort prisé par les amateurs particuliers ; avec Codazzi, il permit au Caravagisme de se survivre encore quelques années et il n'est pas étranger à la manière d'Aniello Falcone, de S. Bourdon et de Velázquez lors du premier voyage de celui-ci à Rome.