Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lataster (Ger)

Peintre néerlandais (Heerlen, Limbourg, 1920).

Après des études à l'École des arts appliqués de Maastricht et à la " Rijks Académie " d'Amsterdam, il fait, comme boursier du gouvernement français, un premier voyage en France (Bretagne et séjour à Paris). Revenu en Hollande, une première exposition en 1952 à la gal. d'Eendt (Amsterdam) l'apparente à la génération de l'Abstraction lyrique. Ses toiles deviennent bientôt de véritables puzzles très colorés (la Vallée, 1958, Amsterdam, Stedelijk Museum), dont les éléments se réduisent peu à peu (Idylle, 1959, id.) pour finalement éclater (Grand Rouge, 1962). De 1960 à 1978, la galerie Paul Facchetti (Paris) présente ses œuvres à de nombreuses reprises. Attiré un moment par la gestualité pure, il fait apparaître de grandes giclées de couleurs sur ses toiles (Nuit chargée, 1965), mais, depuis 1966, il tend à recréer un espace tridimensionnel, dans des tons acides, par l'introduction d'éléments figuratifs : roues, citrons (Champs de fruits, 1968 ; Déchargement de citrons, 1969). À partir de 1973-74, il utilise dans ses œuvres de grandes feuilles de vinyl tantôt translucide, tantôt amalgamé à de grands aplats de couleurs.

   En 1983-84, il présente, avec une grande force d'évocation dramatique, dans de grandes toiles verticales, des objets (drapeaux, palettes, éléments humains) pris dans une matière expressionniste (le Bain, 1987). En 1987, il peint deux grandes toiles pour le plafond de l'escalier central du Mauristhuis de La Haye : le thème en est la Chute d'Icare. Depuis 1984, il est professeur à l'Académie royale des arts plastiques d'Amsterdam. Son œuvre a fait l'objet en 1985 d'une exposition au Van Abbemuseum d'Eindhoven. Lataster est notamment représenté à Amsterdam (Stedelijk Museum), La Haye (Gemeentemuseum), Vienne (musée du XXe Siècle), New York (M. O. M. A.) et Paris (M. N. A. M.).

Latham (John)

Artiste britannique (Rivière Zambèze, Rhodésie, 1921-Londres 2006).

L'œuvre de Latham est liée à une théorie de l'art comme mode de connaissance, insistant sur le caractère essentiellement transitoire des réalités matérielles. Après des études à la Chelsea School of Art (1946-1950), il commence à utiliser en 1954 la peinture au pistolet comme moyen de relier l'instantanéité de l'action et l'œuvre picturale. Cofondateur avec deux scientifiques, Gregory et Kohsen, de l'Institute for the Study of Mental Images, mettant en avant le rôle des micro-événements comme unités fondamentales de l'Univers, Latham envisage l'utilisation d'objets réels comme un mode de transposition de l'événement dans la peinture. Une série d'œuvres inclut des livres, sorte de " pensée gelée ", réduite à un événement pictural (Belief System [la Bible et Voltaire], 1959, Calais, musée des Beaux-Arts). La volonté de s'échapper d'une forme esthétique déterminée pousse Latham à isoler les livres puis à créer des Skoob Tower (tour de livre), accumulations détruites partiellement par le feu de 1962 à 1966 (ou à dissoudre un livre de Greenberg, Art and Culture, pris dans la bibliothèque de la St. Martin's School of Art, où il enseigne depuis 1965). Les Roller Painting (1966), peinture projetée sous forme de bandes sur des rouleaux, illustrent le désir de saisir la peinture dans un continuum temporel et sont développés en 1972 par les Time-Base Roller. En 1966, il crée l'Art Placement Group, dont l'objectif est de relier les artistes et l'industrie, le commerce et le gouvernement. En 1976, Latham travaille en Écosse sur le paysage industriel, cherchant des solutions esthétiques à la réutilisation des terrils (Derelict Land Art), et sur l'espace urbain autour de Glasgow (Urban Renewal). Des expositions de son œuvre se déroulent en 1975 à la Kunsthalle de Düsseldorf et en 1976 à la Tate Gallery de Londres, année où il publie Time-Base Determination in Events.

Laugé (Achille)

Peintre français (Arzens 1861  – Cailhau, Aude, 1944).

Néo-impressionniste tardif, il fit ses études à Toulouse, puis à Paris de 1881 à 1888. Lié avec Maillol et Bourdelle, il fréquenta alors les milieux avancés, exposa aux Indépendants, puis rentra à Carcassonne avant de s'installer définitivement à Cailhau en 1895. Ses meilleures œuvres, d'un divisionnisme précis aux harmonies délicates, furent peintes entre 1900 et 1905 (Paysage de la Gardie, 1902, musée d'Orsay). Il est surtout représenté à Montpellier (l'Hort à Cailhau, musée Fabre), à Toulouse (musée des Augustins), qui organisa en 1961 une rétrospective de son œuvre, et à Carcassonne (Madame Astre, 1892 ; l'Allée de saules, 1896 ; Route à Cailhau, 1910, musée des Beaux-Arts), qui reçut en août 1990 l'exposition itinérante de l'artiste venant de Saint-Tropez (musée de l'Annonciade).

Laurencin (Marie)

Peintre français (Paris 1883  – id. 1956).

Grâce à Guillaume Apollinaire, qu'elle rencontre en 1907 dans la boutique de Clovis Sagot et qui, vivement épris d'elle, l'impose dans les milieux artistiques qu'il fréquente, elle se trouve mêlée très tôt au groupe cubiste de Montmartre, au sein duquel elle occupe une position néanmoins fort marginale. Elle a d'abord suivi les cours de l'académie Humbert, mais, au contact de ses nouveaux amis, elle adopte un style qui constitue une sorte de compromis entre les conventions traditionnelles de composition ou d'unicité d'angle de vue et une écriture schématique nettement inspirée à la fois du Cubisme analytique et de l'époque nègre de Picasso (Groupe d'artistes, 1908, Baltimore, Museum of Art, Cone Coll. ; Apollinaire et ses amis, 1909, Paris, M. N. A. M.). Pour cette raison, Apollinaire la fait assez abusivement figurer en 1913 dans ses Peintres cubistes, mais elle-même reconnaît qu'elle n'y est pas à sa place. Tout en conservant les acquis de cette période, elle se crée, par la suite, un style d'une préciosité souvent proche du Maniérisme, mais d'une réelle personnalité et d'une volontaire féminité : couleurs pâles et comme alanguies, dessin cursif et allusif, sujets gracieux (Femme à la colombe, 1919, Paris, M. N. A. M.).

   Elle a en outre illustré un grand nombre de livres d'auteurs contemporains (André Gide, René Crevel, Lewis Carroll, Marcel Jouhandeau) et exécuté en 1924 les décors des Biches de Francis Poulenc pour les Ballets russes de Diaghilev. Elle est représentée notamment à Paris (M. N. A. M.), à Londres (Tate Gal.) et au musée de Grenoble. Un musée Marie-Laurencin, où est conservée et exposée une part importante de sa production, existe depuis 1983 à Nagano-ken, au Japon, où son œuvre, appréciée a fait l'objet de rétrospectives (1982, 1984-85). Le M. A. M. de Villeneuve-d'Ascq lui a consacré une exposition en 1993.