Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Mašeck (Karel Vítězslaw)

Peintre tchèque (Komořany 1865  – Prague 1927).

Il étudie à l'Académie de Prague auprès de Cermack, puis à Munich (1884-1886). À Paris, en 1887, il fréquente l'Académie Julian auprès de Boulanger et Lefèvre. Étudiant l'ornement et l'architecture à l'école supérieure de Technologie de Prague, il est ensuite nommé professeur à l'école d'Art décoratif. Il décora de nombreux bâtiments et églises ainsi que sa demeure, qu'il construisit.

   Le Printemps (1888, Vodany, Městské muzeum a galerie), encore marqué par un certain luminisme néo-baroque qui le rapproche alors de Hynais, enregistre certains acquis du naturalisme et utilise déjà une technique papillotante. Puis, adoptant un pointillisme décoratif, Mašeck s'attache à l'univers visionnaire des légendes tchèques (la Prophétesse Libuse, 1893, Paris, musée d'Orsay). Dans ce répertoire symboliste, sa peinture sans cesse plus stylisée, mais d'une technique plus lâchée, atteint une intensité de plus en plus expressive (Nocula, 1894, Prague, Národní Galerie). Cependant, il conserve toujours une activité de peintre traditionnel liée à son intérêt pour le caractère ethnographique de la peinture (le Faucheur, 1896, Prague, id.).

Masereel (Frans)

Graveur et peintre belge (Blankenberge 1889  – Avignon 1972).

Élève de l'Académie de Gand (1907-1908), il voyagea beaucoup avant la guerre (Angleterre, Allemagne, Tunisie), qui le surprend à Genève (1915), où il fréquente le milieu de Romain Rolland. Il donne des dessins à l'encre de Chine au journal la Feuille (1917), mais il commence surtout à s'exprimer au moyen de la gravure sur bois, publiant plusieurs recueils à l'accent revendicatif et humanitaire ainsi que d'un style fort expressif, les zones noires, très denses, ménageant de brutales clartés (Les morts parlent et Debout les morts, 1917 ; Vingt-Cinq Images de la passion d'un homme, 1918 ; Un fait divers, 1920 ; la Ville, 1925). Il s'installe à Paris en 1920, puis à Équihen, près de Boulogne, et aborde la peinture v. 1924, s'inspirant des personnages et des scènes de la vie du port comme des grandes villes dans des tableaux d'un franc réalisme, exécutés dans une gamme sombre et par une touche souvent feutrée (Deux Femmes au réverbère, 1927, Gand, musée des Beaux-Arts, Deux Noirs à Marseille, 1932, Mulhouse, musée des Beaux-Arts). Il a illustré de nombreux ouvrages (Jean-Christophe de R. Rolland, 1925-1927 ; la Légende d'Ulenspiegel de De Coster, 1926 ; le Testament de Villon, 1930). De 1922 à la guerre, il expose à de nombreuses reprises galerie Billiet à Paris, galerie où a lieu aussi, en 1924, la première exposition parisienne de George Grosz, peintre dont Masereel est proche par des accents d'un réalisme aigu, sensible dans de nombreuses aquarelles (Place Pigalle, 1925, Leipzig, musée des Beaux-Arts). Par ailleurs, proches des milieux littéraires allemands, Masereel illustre Stefan Zweig ou Carl Sternheim, son œuvre étant souvent diffusée par l'éditeur allemand Kurt Wolff. En 1937, il exécute de grandes peintures murales pour l'Exposition internationale de Paris, la Famille en lecture pour le pavillon de la Belgique et l'Enterrement de la guerre pour le pavillon de la Paix. Installé à Nice en 1949, son activité de graveur et de peintre ne s'est pas ralentie durant ses dernières années, mais l'œuvre réalisée présente un agrément plus décoratif (la Nuit et ses filles, 1959, bois gravés). Des expositions de son œuvre ont eu lieu en 1965 à Nice, galerie des Ponchettes et en 1986 au musée des Beaux-Arts de Gand.

Masip (Vicente)
ou Vicente Macip

Peintre espagnol (Andilla ? v.  1475  – Valence 1550).

Dans la dynastie des Masip, qui avec 3 générations de peintres, recouvre les trois quarts du XVIe s., la renommée de Juan de Juanes, qui forme le chaînon central, a éclipsé celle de son père comme celle de sa fille Margarita. Celle-ci ne semble qu'un pâle reflet de l'art paternel. La formation de Vicente Masip est valencienne, marquée par la leçon des derniers peintres gothiques et de Paolo de San Leocadio. Ses premières œuvres sont sans doute la Présentation au Temple et le Couronnement de la Vierge (Prado). À moins de suivre la proposition émise en 1993 par F. Benito qui considère comme appartenant à la jeunesse de Masip les œuvres réunies sous le nom du maître de Cabanyes telles que : le Retable de saint Denis et sainte Marguerite (Valence, musée de la cathédrale), l'Annonce à saint Joachim (id.) le Retable des saintes (id.) et le Retable de saint Martin (Paris, musée de Cluny). On sait qu'il est à Valence en 1513 et qu'il peint entre 1530 et 1535 le grand retable de la cathédrale de Ségorbe, démonté aujourd'hui et conservé au musée. Dans ces panneaux consacrés à la vie de la Vierge, Masip s'inspire de modèles de Sebastiano del Piombo, connus par les œuvres de cet artiste que J. Vich y Volterra ambassadeur près du Saint-Siège, rapporte à Valence vers 1421, et de ceux de Raphaël, par l'intermédiaire de gravures où figurent des draperies amples dessinées avec une certaine dureté. De la même époque date le Baptême du Christ (cathédrale de Valence) où s'affirme son goût pour les vastes paysages.

   Si le Portrait de D. Luis de Vilanova Rumeu (Prado) révèle son admiration pour Titien, les deux tableaux circulaires du Prado (Visitation, Martyre de sainte Agnès), provenant du couvent de S. Julian de Valence, témoignent qu'à la fin de sa vie Masip est toujours fidèle à Raphaël.

Maso da San Friano (Tommaso Manzuoli, dit)

Peintre italien (Florence v. 1531  – id. 1571).

Élève de Foschi (selon Vasari) ou de Carlo Portelli (selon Borghini), Maso a travaillé essentiellement à Florence, dans le cercle de Vasari. On connaît de lui une Visitation (Cambridge, Fitzwilliam Museum), une Résurrection du Christ (1552, Florence, S. Trinità) et une Nativité, peinte pour les S. Apostoli avant 1568, puisqu'elle est citée par Vasari dans les Vite. En 1564, Maso participe à l'Apparato des funérailles de Michel-Ange et, en 1570-71, il donne deux panneaux pour le studiolo de Francesco I au Palazzo Vecchio (la Mine de diamant ; Dédale et Icare). Charmant dessinateur, d'une grâce fine et maniérée, il doit beaucoup à Parmesan et à Niccolò Dell'Abate (Offices, Louvre).