Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

Panique (groupe)

Le mouvement Panique, créé en France en 1962 à partir du groupe " Burlesque ", fondé par Arrabal, ne se veut être en aucun cas un mouvement institutionnalisé : sans théorie et sans morale, il est né plutôt de la réunion amicale du dessinateur Topor (qui édite, dès 1962, 13 Dessins paniques, Verviers) et des hommes de théâtre Arrabal et Jodorowsky. Ces artistes se démarquent aussitôt du Surréalisme : " Nous ne voulions pas de hiérarchie, pas de pape, pas d'exclusion. Tout le monde peut être panique, ou ne plus l'être. Nous ne voulions pas une morale, mais toutes les morales. " Pratique de la provocation (happenings, animations), affirmation de l'individualité, pouvoir absolu du jeu comme moyen de communication et d'exorcisation, option délibérée pour la dérision et l'utopie : telles semblent être les données essentielles de l'attitude panique, déjà apparues dans l'ensemble de dessins Panic ? publié par Roland Topor (1965, San Francisco) et définies dans l'ouvrage le Panique, paru en 1973 à Paris par les soins communs de Topor, Arrabal et Jodorowsky (qui font volontiers référence à André Ruellan, à Gaston Bachelard et à l'Espagnol Baltasar Gracían).

   Exposé successivement à la gal. Aurora de Genève en mai 1973 (Topor, Olinèro Olivier, Christian Zeimert) et à Paris (gal. Messidor, en juin 1974 : Topor, Zeimert, Olivier O. Olivier, Arrabal, Jodorowsky), le groupe Panique conquiert à cette date l'attention d'un large public : le film la Montagne sacrée, de Jodorowsky, est projeté au festival de Cannes, et la Planète sauvage, réalisée par une équipe tchèque d'après Topor, reçoit la même année le prix spécial du jury de Cannes.

Pankiewicz (Jozef)

Peintre et graveur polonais (Lublin  1866  – Marseille  1940).

Il commença ses études à Varsovie en 1884, chez W. Gerson, et les poursuivit à Saint-Pétersbourg en 1885-1886. Entre 1897-1906, il fit plusieurs voyages en Hollande, Belgique, Italie, Angleterre, France. Membre de la société Sztuka, il fut nommé en 1906 professeur à l'Académie des beaux-arts de Cracovie. Il séjourna en Espagne pendant la Première Guerre mondiale, s'établit à Paris en 1925, où il dirigea la filiale parisienne de l'Académie des beaux-arts de Cracovie. Il reçut la Légion d'honneur en 1928. Sa peinture, qui connut plusieurs phases et suivit différentes tendances, révèle toujours une grande culture. Admirateur, à ses débuts, de la peinture réaliste d'Aleksander Gierymski, il fut influencé à Paris (1889) par l'Impressionnisme (Marché aux fleurs près de la Madeleine à Paris, 1890, musée de Poznań), qu'il introduisit en Pologne avec son ami W. Podkowinski. Ses toiles (les Cygnes au Jardin de Saxe, 1896, musée de Cracovie) trahissent ensuite son penchant pour le Symbolisme qui s'exprime en particulier dans des scènes nocturnes usant d'une monochromie nuancée (Cygnes la nuit, 1894, Varsovie, M. N.). Pankiewicz est connu aussi comme portraitiste et peintre de scènes d'intérieur : Visite (musée de Varsovie). Son œuvre gravé, surtout à l'eau-forte, est de qualité. L'artiste se lia avec Bonnard (dès 1906), Delaunay et Fénéon, qui présenta son œuvre dans le catalogue d'exposition chez Bernheim-Jeune en 1922. Excellent pédagogue — les kapistes étaient ses élèves —, il exerça une influence considérable sur l'évolution du Postimpressionnisme en Pologne.

panneau

Les panneaux en bois (chêne, tilleul, sapin) qui servent à l'exécution des tableaux peuvent être composés de une ou de plusieurs planches, assemblées les unes aux autres selon différents procédés : tenons et mortaises, papillons.

Pannini (Giovanni Paolo)
ou Giovanni Paolo Panini

Peintre italien (Plaisance v. 1691  – Rome 1765).

De sa première formation, dans le milieu des Bibbiena, il retint un goût pour la scénographie qui le marqua tout au long de sa carrière à Rome, où il s'établit à partir de 1715. Là, il fut d'abord l'élève de B. Luti, dont le classicisme à la Maratta ne l'influença d'ailleurs que pendant une courte période (toiles à sujets religieux au Louvre, au Prado, au musée de Budapest). Sa première affirmation romaine est représentée par la décoration à fresque de la Villa Patrizi (1719-1725) et par ses travaux dans différents palais, comme le Quirinal et le palais Alberoni, mais c'est en tant qu'illustrateur infatigable des monuments et de la vie de Rome qu'il acquit rapidement un renom international. Si, de ce fait, son activité peut être classée parmi celles des " vedutisti " romains du XVIIIe s., il déborda en réalité les limites de ce " genre ", déjà assez rigidement établies à son époque, pour se rattacher, d'une part, à la liberté de vision qui avait caractérisé les précurseurs des " vedute " au siècle précédent et pour participer, d'autre part, à ces prémices " protoromantiques " qui devaient mener à l'œuvre d'un Piranèse. Héritier de Codazzi dans ses " rovine ideate ", compositions assemblant arbitrairement, sous une apparence réaliste, différentes ruines antiques animées de petits personnages à la grâce toute rococo, il ne fut pas moins sensible aux suggestions de paysagistes comme Bloemen et Locatelli et, dans la précision analytique de ses " vedute " réalistes (Castel Sant'Angelo, 1744, Potsdam, Sans-Souci), aux expériences d'un Vanvitelli. Inventées ou prises sur le vif, ses compositions, parfois immenses, ont souvent la valeur de véritables " tranches de vie " découpées dans le cadre des monuments antiques et modernes de Rome (Place du Quirinal et Place Santa Maria Maggiore, 1742, Rome, Quirinal) ; elles demeurent parmi les témoignages les plus séduisants de l'époque. Doué d'un talent exceptionnel de scénographe, Pannini conféra toujours à ses représentations un sens grandiose de l'espace ; il atteint à des effets monumentaux, contrastant avec la verve déployée dans la description des figurines qui peuplent ses scènes, lorsqu'il peint des cérémonies (Visite de Charles III à Saint-Pierre, 1745, Naples, Capodimonte ; Visite de Charles III au Quirinal, 1746, id.), des fêtes (Fête donnée sur la place Navone, 1729, Louvre) ou des scènes de théâtre (Fête musicale donnée à l'occasion du mariage du Dauphin, 1747, Louvre). On lui doit enfin des représentations de " musées ", réels (Galerie du cardinal Valenti Gonzaga, Hartford, Wadsworth Atheneum) ou imaginaires (Rome antique et Rome moderne, Louvre), où la vaste définition de l'espace s'accompagne d'une reproduction fidèle des styles. L'œuvre de Pannini, abondant (on trouve de ses tableaux dans de nombreux musées européens et américains), eut une large diffusion, surtout en France, pays avec lequel l'artiste fut particulièrement en rapport en raison de la protection du cardinal de Polignac et de son mariage avec la sœur de Nicolas Vleughels, directeur de l'Académie de France à Rome.

   Pannini fut membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture (1732). Son meilleur continuateur fut d'ailleurs un Français, Hubert Robert, qui hérita surtout de son intérêt pour les ruines antiques.