Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Hasenclever (Johann Peter)

Peintre allemand (Remscheid  1810  – Düsseldorf  1853).

Tôt attiré par les scènes de genre, il s'opposa rapidement à la peinture d'histoire idéalisante de son maître, W. von Schadow. Il se sépara donc de l'Académie (1827), mais, après une brève activité de portraitiste à Remscheid, il revint à Düsseldorf en 1832 auprès de F. Hildebrandt. Après ses premiers tableaux de genre à un personnage, il se mit à peindre en 1835 des thèmes populaires plus vastes, scènes d'atelier ou d'auberge, satires de la vie bourgeoise qui lui valurent un grand succès. Un séjour à Munich (1838-1842) et un voyage en Italie du Nord améliorèrent son coloris, rendirent sa facture plus fluide et plus lumineux le modelé des formes. Hasenclever vit à Munich un tableau de Wilkie (l'Ouverture du testament, 1820), qui confirma son penchant pour l'anecdote. Son art reste dans la lignée de la peinture hollandaise du XVIIe s. et de la peinture anglaise de Hogarth (Job im Examen, 1837-1840, Munich). Il se caractérise par ses effets de lumière artificielle dans des intérieurs (Cabinet de lecture, musées de Berlin) et par son intérêt pour l'expression physionomique. Son ironie l'emporte sur la sentimentalité Biedermeier, qu'il parodie légèrement avec la Sentimentale (1846, Düsseldorf, K. M.), et conjugue richesse des détails et luminosité joyeuse (Autoportrait à la coupe, 1851, Düsseldorf, Städtisches Museum).

Hassam (Childe)

Peintre américain (Dorchester, Mass., 1859  – East Hampton, Long Island, 1935).

Il commença sa carrière d'artiste comme illustrateur commercial pour diverses revues de Boston ou de New York, tels le Scribner's ou le Harper's Magazine. Par la suite, il étudia au Boston Art Club, au Cornell Inst. et avec l'artiste allemand émigré Ignaz Gaugengigl (1855-1932). Lors de plusieurs séjours à Paris (1883-1888), il fréquenta l'Académie Julian, où il fut notamment l'élève de Boulanger et de Lefebvre. Il délaissa cependant l'enseignement académique pour étudier et adopter les théories des impressionnistes sur la couleur et la composition (Boston Common in the Twilight, 1885-86, Boston, M. F. A.). Ses meilleures toiles, telles que le Jour du grand prix (1887, Boston, M. F. A. ; une version plus large au New Britain Museum of Fine Arts) ou Corner 5th Avenue and 53rd Street (Andover, Mass., Addison Gal. of Art), illustrent son adaptation de la mise en page des maîtres français. Hassam se voulait pourtant le continuateur des paysagistes et aquarellistes anglais. Il put être cependant considéré comme l'un des introducteurs de l'Impressionnisme aux États-Unis, tempéré par le courant réaliste américain alors prépondérant. Il traita surtout des paysages de la Nouvelle-Angleterre, des intérieurs d'appartements ou des vues de New York (ainsi la très célèbre série sur Manhattan pavoisé aux couleurs alliées, 1917-18). De retour en Amérique, Hassam participa à l'Armory Show, fut l'un des fondateurs en 1898 du groupe des Dix et, ayant commencé à graver à l'eau-forte en 1915, exécuta en 1917-18 une brillante série de lithographies.

Haudebourt-Lescot (Hortense)

Peintre et graveur français (Paris 1784  – id. 1845).

Cette élève de Lethière figura au Salon de 1810 à 1840. Elle se spécialisa dans les scènes de genre (la Confirmation, 1814, musée de Rouen ; le Vœu à la Madone après la tempête, 1817, musée de Châteauroux), traitées dans une pâte lisse et porcelainée. Peintre attitré de la duchesse de Berry, elle connut également un renom de portraitiste mondain (Portrait de Pierre-Adrien Paris, 1809, musée de Besançon ; Autoportrait, 1825, Louvre ; importante série de portraits à Versailles).

Hauptmann (Ivo)

Peintre allemand (Erkner 1886  – Hambourg 1973).

Fils de l'écrivain Gerhart Hauptmann, il débute très tôt dans la peinture, mis en contact en 1903 à Paris avec les grands maîtres, Maillol, Vuillard, Bonnard et Maurice Denis. Élève de L. von Hofmann à l'école d'art de Weimar (1904-1908), il y devient l'ami de H. Van de Velde, Hans Arp et Edvard Munch. Mais c'est à Paris, où il se trouve de nouveau entre 1909 et 1912, qu'il fait, à l'Académie Ranson, la rencontre décisive des néo-impressionnistes, qui le convertissent au Pointillisme. Ses premiers essais en la matière (dessins et aquarelles) sont exposés au Salon des indépendants (1911-12). Puis il s'établit à Dockenhuden près de Hambourg, où il exécute surtout des marines dans une atmosphère transparente et baignée de lumière (Port de Hambourg, 1912). À partir de 1920, il s'éloigne toutefois de plus en plus du Pointillisme, s'interrogeant sur la construction des formes. Natures mortes, fleurs, compositions avec figures, paysages et portraits témoignent alors d'un expressionnisme coloré aux contours appuyés, proche du mouvement Die Brücke (Agnetendorf, 1935, Hambourg, Kunsthalle ; Alfred Kubin, 1943 ; Fer et acier, 1952). Il participe tour à tour aux expositions annuelles de Leipzig, aux manifestations de la Libre Sécession de Berlin et de l'Association des artistes de Dresde et devient, à partir de 1945, maître de conférences à l'École nationale d'art de Hambourg à Lerchenfeld. Ses œuvres sont conservées principalement à Hambourg (Hans Arp, 1905, Kunsthalle). Le musée d'Orsay à Paris possède également un portrait de sa mère, Marie Hauptmann (1907).

Hausmann (Raoul)

Peintre et écrivain allemand d'origine tchèque (Vienne  1886  – Limoges  1971).

Il fit ses études à Berlin, mais subit, à partir de 1911, l'influence du Cubisme, de De Chirico et des futuristes italiens. Collaborateur du Sturm, il publia également divers articles dans d'autres revues d'avant-garde, notamment " Dada est plus que Dada " et " Présentisme " (deux manifestes) dans De Stijl, en 1920. En 1918, il fonde le club Dada de Berlin et organise 12 représentations dada, où il donne lecture de ses " poésies phonétiques ". L'année suivante, il fonde la revue Der Dada et participe activement au mouvement spartakiste Novembergruppe avec John Heartfield, Huelsenbeck et Richter. Après avoir pratiqué une peinture inspirée du Constructivisme (Idée abstraite, 1919, Vienne, musée du XXe Siècle), il exécute de nombreux collages (Mynona, 1919, ancienne coll. Vordemberge-Gildewart ; ABCD, 1923-24, Paris, M. N. A. M.) et invente bientôt le photomontage (le Critique d'art, 1919, Londres, Tate Gal.). De 1924 à 1927, il abandonne son activité créatrice pour se consacrer à des études sur l'optique en développant la théorie de l'Optophone (articles dans la revue MA), qu'il réalise en 1927. Il s'agit d'une machine à calculer fonctionnant à partir de transformations des formes colorées en musique. Durant cette période, il se consacre également à la photographie. Considéré comme un artiste dégénéré, il quitte l'Allemagne en 1933 et voyage alors à travers l'Europe : Paris, Ibiza, Zurich, Prague, Paris de nouveau, avant de se réfugier en Haute-Vienne durant la guerre. En 1944, il s'installe à Limoges. Dès 1945, il reprend ses activités et ne cessera jamais de peindre, de faire des pictogrammes, des photogravures, des photomontages et des collages. Des expositions de son œuvre ont eu lieu, au Moderna Museet de Stockholm en 1967, au M. N. A. M. de Paris en 1974. Une rétrospective a été consacrée plus récemment à Hausmann (Berlin, Valence [Espagne], Saint-Étienne) en 1994.