Wright (John Michael)
Peintre britannique (Londres 1617 – Londres 1694).
Il est en apprentissage, en 1636, à Édimbourg, chez George Jamesone. Il visite l'Italie au début des années 1640 et devient, en 1648, membre de l'Académie de Saint-Luc à Rome, où il peut avoir rencontré Bernin, l'Algarde, Salvator Rosa, Poussin et Velázquez. Le tempérament érudit de Wright le conduisit à devenir le spécialiste des antiquités auprès de l'archiduc Léopold-Guillaume, lorsqu'il partit pour les Flandres. Il revint en Angleterre en 1656. Un bon exemple de son style, à cette époque, est fourni par le portrait de Mrs. Claypole (1658, Londres, N. P. G.). Vers 1660, la manière de Wright se rapprocha de celle de Dobson et, v. 1670, l'artiste était considéré comme le meilleur peintre anglais après Lely. De 1671 à 1675, Wright fit le portrait des juges qui assistèrent aux adjudications consécutives au grand incendie de Londres (Londres, Guildhall Art Gal.). La Famille de sir Robert Vyner (1673, coll. part. ; en dépôt à Newby Hall, North Yorkshire) révèle des traces de l'influence française et, plus tard, le peintre rechercha des exemples français et hollandais, allant jusqu'à faire poser ses modèles dans des costumes classiques. En 1685-1687, l'artiste partit pour Rome comme intendant de la maison de lord Castlemaine, ambassadeur auprès du pape. Plus sensible que Lely, mais plus érudit que peintre, il fut cependant contraint de suivre, dans ses portraits, sa leçon, bien que sa peinture soit plus mince et moins colorée que celle de Lely.
Wright of Derby (Joseph Wright, dit)
Peintre britannique (Derby 1734 – id. 1797).
De 1751 à 1753, il se forma comme portraitiste dans l'atelier de Thomas Hudson, où on le retrouve en 1756-57. Ses premières œuvres (Miss Catton, v. 1760, Saint Louis, Missouri, City Art Gal. ; Thomas Bennett, 1760, musée de Derby) prolongent jusque v. 1760 celles de son maître. Sa période " à la chandelle " dura de 1760 à 1773, époque à laquelle il se trouvait à Derby. Il s'intéressait alors tout particulièrement aux effets étranges de la lumière jouant sur les plans et modelant les volumes, revenant à l'art des caravagesques d'Utrecht et s'inspirant sans doute de la peinture hollandaise du XVIIe s. à caractère scientifique. À Derby, il fréquentait une société, celle du céramiste Josiah Wedgwood et du chimiste Joseph Priestley, qui contribuait au développement de la révolution industrielle, et il assistait constamment à de nouvelles expériences. Le Planétaire (1766, musée de Derby ; autre version, New Haven, Yale center for British Art) et l'Expérience de la pompe à air (1768, Londres, Tate Gal. ; autre version dans la coll. Charles Rogers-Coltman) reflètent l'intérêt des Midlands pour l'enquête scientifique. Ce nouveau genre de peinture, que Wright illustra avec brio, fut qualifié par Diderot de " genre sérieux ". L'artiste fut également peintre d'histoire ; dans Miravan ouvrant le tombeau de ses ancêtres (1772, musée de Derby), éléments gothiques et néo-classiques se mêlent, et l'ensemble offre le caractère étrange d'un roman d'Anne Radcliffe. Voyageant en Italie, à Rome puis à Naples, entre 1773 et 1775, Wright fut impressionné par l'Éruption du Vésuve (1774, musée de Derby ; 1778, Moscou, musée Pouchkine) ainsi que par les Feux d'artifice du château Saint-Ange (1774, musée de Derby ; 1774-75, Birmingham, City Museum ; 1775-1778, Liverpool, Walker Art Gal. ; 1778-79, Ermitage). Il s'inspira de ces thèmes à son retour en 1775 et peignit également des clairs de lune qui doivent quelque chose à Vernet, mais qui sont plus des comptes rendus scientifiques sur les effets physiques du clair de lune que des descriptions " romantiques ". En 1775, il partit pour Bath, où il essaya, mais en vain, d'attirer la clientèle de Gainsborough et, en 1777, il revint à Derby. C'est à partir de cette date que furent peints quelques-uns de ses meilleurs portraits : Sir Brooke Boothby (1781, Londres, Tate Gal.), Ewes Coke, sa femme et Daniel Parker Coke (1780-1782, musée de Derby), Thomas Gisborne et sa femme (1786, New Haven, Yale Center for British Art). À partir de 1778, Wright exposa à la Royal Academy, dont il devint A. R. A. en 1781, mais ses faveurs allaient à Derby et à ses environs plus qu'à Londres. En 1784, il exécuta pour Wedgwood la Jeune Fille de Corinthe (v. 1785, id.) ; ce thème, popularisé dans un poème de Hayley, prouve que Wright, pour sa peinture d'histoire, puisait également son inspiration dans la littérature contemporaine. Il ne devait plus quitter Derby jusqu'à sa mort, peignant des portraits, mais aussi des paysages de la région montagneuse du Derbyshire, des campagnes du Cumberland et du Westmorland, et des souvenirs d'Italie (le Lac de Nemi, Louvre) où l'on retrouve sa fascination pour certains peintres hollandais du Siècle d'or et des scènes historiques. Il demeura un peintre provincial, mais dans le meilleur sens du terme ; sa peinture, profondément originale, où prennent place éléments gothiques et néo-classiques, son intérêt pour la démarche scientifique et la littérature contemporaine font de lui l'un des précurseurs du mouvement romantique. Wright est principalement représenté dans la coll. Charles Rogers-Coltman : Une jeune fille et un jeune homme lisant une lettre à la lueur d'une chandelle (v. 1762-63), Une jeune fille et un vieillard lisant une lettre à la lueur d'une chandelle (v. 1767-1770), Mr. et Mrs. Thomas Coltman (1771-72), Thomas Coltman, Mrs. Coltman (1772-73), et au Yale Center for British Art de New Haven : Autoportrait (1768), l'Atelier du forgeron (1771), le Docteur Richard Wright (1785-1787), Scène de prison (1787-1790), Paysage italien (1790), Vue du lac de Nemi au soleil couchant (v. 1790) ; à Hartford (Wadsworth Atheneum) : le Vieil Homme et la Mort (v. 1773) ; à Londres (Tate Gal.) : Thomas Staniforth (1769), Vue de Catane avec l'Etna au loin (v. 1775), Phare sur la côte de Toscane (1789) ; le musée de Derby conserve un ensemble de tableaux : Thomas Borrow (v. 1762-63), Autoportrait (1767-1770), Sarah Carver et sa fille (1769-70), Ermite étudiant un squelette (v. 1771-1773), l'Alchimiste découvrant le phosphore (1771-1795), Samuel Ward (v. 1782-83), la Veuve indienne (1783-1785), Vue de Tivoli (1783-1786), Paysage à l'arc-en-ciel (1794-95), ainsi qu'une importante série de dessins et d'aquarelles (surtout des études d'après les antiques et des paysages). Une exposition rétrospective de l'œuvre de l'artiste a été présentée en 1990, à Londres (Tate Gal.), à Paris (Grand Palais) et à New York (Metropolitan Museum of Art).