Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Licini (Osvaldo)

Peintre italien (Monte Vidon Corrado 1894  – Ascoli Piceno 1958).

Il fréquente l'Académie de Bologne. Après ses œuvres figuratives, ses premières peintures abstraites seront influencées par Kandinsky et Paul Klee (Équilibriste, 1932, Milan, coll. part.). Licini se tourne ensuite vers une abstraction de plus en plus rigoureuse (Archipittura, 1935) : il adhère à l'association Abstraction-Création à Paris, où il rencontre en 1935 Kandinsky, Magnelli, Herbin, Glarner, Vantongerloo, tout en faisant partie en Italie du groupe de peintres abstraits réunis en 1934-1935 à la galleria Il Milione à Milan et dans laquelle se trouvent Fontana, Melotti, Soldati, Veronesi, Reggiani. Il expose à plusieurs reprises au Milione ainsi qu'à la Quadriennale de Rome (1935). Après la guerre, il revient à une forme de vision fantastique où la simplification extrême du motif, qui n'est pas sans évoquer la peinture pariétale, est liée à une vision onirique et surréaliste. Il expose aux Biennales de Venise de 1948 et de 1950, où il présente pour la première fois le thème d'Amalasunta, dont il a fait un personnage fantastique et emblématique, et qu'il reprend comme un leitmotiv dans ses peintures. De nombreuses expositions particulières de son œuvre ont eu lieu en 1947, Turin (Exposition Italie-France), Florence (Palazzo Strozzi) et Milan (Palazzo Reale) ; en 1958, Ivrea ; en 1964, Macerata ; en 1968-69 à la Galeria Civica d'Arte Moderna à Turin ; en 1974-75 au Museum am Ostwale de Dortmund. Les œuvres de Licini sont conservées à Milan, dans des collections particulières et dans les galeries d'art moderne de Rome et de Turin.

Licinio (Bernardino)

Peintre italien (Venise 1485  –id ? après 1549).

D'origine bergamasque, il est en 1511 à Venise. Au début de sa carrière, il s'oriente vers le giorgionisme, dont il donne cependant une interprétation assez réaliste et bourgeoise, tout en respectant son chaud coloris et sa douceur tranquille (Portrait d'un Ferramosca, musée de Vicence ; Portrait d'un jeune homme avec un crâne, Oxford, Ashmolean Museum). Auteur de quelques compositions religieuses (Madone et saints, 1535, Venise, église des Frari), il se distingue avant tout comme portraitiste : de 1522 date son Portrait de femme (musée de Budapest) ; de 1528, son Portrait de Stefano Nani (Londres, N. G.), riche d'annotations psychologiques. Licinio compose souvent des Portraits de groupes (Hampton Court ; Ermitage ; Alnwick Castle, coll. duc. de Northumberland) : dans son Concert (New York, coll. part.), orchestré dans une tonalité sonore, les figures, réalistes et bien caractérisées, rappellent par leur typologie les personnages des portraits.

Liebermann (Max)

Peintre allemand (Berlin  1847  – id.  1935).

Il est à Berlin l'élève de Steffeck de 1863 à 1868, puis il fréquente de 1868 à 1872 l'École des beaux-arts de Weimar. Sa rencontre avec Munkácsy à Düsseldorf (1871) sera l'événement le plus important des débuts de sa carrière. L'impulsion donnée par ce maître est sensible dans sa première œuvre capitale, les Plumeuses d'oies (1872, Berlin, N. G.). Lors de ses voyages d'étude en Hollande, où il retournera souvent à partir de 1872 et pendant ses séjours à Paris de 1873 à 1878, Liebermann — sous l'influence de Millet et de Frans Hals — s'efforce de créer un style réaliste personnel, avec pour thèmes de prédilection des scènes de la vie paysanne et de la vie ouvrière (École de couture en Hollande, 1876, Wuppertal, von der Heydt Museum). À partir de 1878, il travaille à Munich (les Blanchisseuses, 1882, Cologne, W. R. M.), où il subit alors l'influence de Leibl et son Christ au Temple (1879, Hambourg, Kunsthalle) déchaîne la critique ; puis, en 1884, il s'installe à Berlin, où il devient membre de l'Académie et, de 1899 à 1912, président de la Sécession berlinoise, récemment fondée. Les principales œuvres de sa première époque berlinoise (Ravaudeuse de filets, 1889, Hambourg, H. K.) sont composées seulement de quelques figures et d'un paysage simple, mais d'un effet monumental. La technique est libre, les ciels lourds sont brossés avec violence, les couleurs sont denses et sourdes. Tirant parti des contre-jours, Liebermann cherche à éviter toute joliesse et crée parfois un sentiment d'étrangeté dans ses scènes calmes et silencieuses. Par la suite, ses rapports avec l'Impressionnisme français seront de plus en plus étroits ; ses couleurs deviennent plus lumineuses et librement disposées dans ses sujets favoris, paysages (l'Allée des perroquets, Amsterdam, 1902, Brême, K. ; la Mer à Scheveningen, Wuppertal, von der Heydt Museum) et portraits (l'Homme aux perroquets, 1902, Essen, M. F. ; le Bourgmestre Petersen, 1891, Hambourg, H. K. ; A. von Berger, 1905, id. ; Autoportrait, 1908, musée de Sarrebruck). Les coloris somptueux y engendrent une vibration qui lui est propre.

   Liebermann est représenté notamment aux N. G. de Berlin, à Cologne (W. R. M.) et à Hambourg (H. K.) ainsi qu'au Metropolitan Museum de New York et au musée d'Orsay. Il a laissé de belles gravures et des lithographies. Il défendit Munch et Böcklin mais s'opposa à Nolde et à Die Brücke.

   Une exposition lui fut consacrée de son vivant, en 1917, à Berlin (191 œuvres) ; il fut exclu de l'Académie en 1933. Il est, avec Corinth et Slevogt, le représentant le plus marquant de l'" Impressionnisme allemand ". Une rétrospective a été consacrée à Lieber– mann (Brême, Kunsthalle) en 1996.

Liedet (Loyset)

Enlumineur flamand (documenté de 1460 à 1478 env.).

Il est mentionné en 1460 à Hesdin, en 1468 à Bruges, où il est reçu l'année suivante dans la gilde des peintres. Il paraît avoir été formé par Marmion, à qui il emprunte des modèles dans ses premières productions, puis il abandonne la multiplicité des scènes pour des compositions à grands personnages. L'abondance de sa production l'amène à pratiquer un style haché, où les fonds sont souvent à peine esquissés. Liedet a notamment commencé pour Philippe le Bon et terminé en 1470 pour Charles le Téméraire l'illustration de l'Histoire de Charles Martel (Bruxelles, Bibl. royale).