Gérôme (Jean Léon)
Peintre français (Vesoul 1824 Paris 1904).
Élève de Delaroche, qu'il accompagna en Italie (1844), Gérôme fut d'abord attiré par l'Antiquité, qui lui inspira quelques œuvres ingresques de grande qualité où se mêlent les réminiscences grecques et pompéiennes (Jeunes Grecs faisant battre des coqs, 1846, Paris, musée d'Orsay). Son vaste tableau le Siècle d'Auguste (1855, id.) fut une tentative assez froide d'ample allégorie historique. Puis la culture antique du peintre servit surtout de prétexte à l'illustration habile de faits divers (la Mort de César, 1865, Baltimore, W. A. G. ; Pollice Verso, 1874, musée de Phoenix, Arizona), de même que son intérêt pour Louis XIV et la légende napoléonienne. Il voyagea plusieurs fois en Égypte, en Turquie et en Algérie et fut séduit par l'exotisme coloré des costumes et des paysages. Les cavaliers arabes et les odalisques devinrent alors ses thèmes favoris (la Garde du sérail, Londres, Wallace Coll.). Les petites toiles orientalistes de l'artiste sont savoureuses, bien composées et d'une facture très savante (le Prisonnier, 1861, musée de Nantes). Professeur à l'École des beaux-arts (1863), il fut, bien que rigoureux et caustique, très aimé de ses élèves. Il s'opposa avec acharnement aux impressionnistes lors du Salon des refusés (1863), lors du legs Caillebotte (1894) et de l'Exposition universelle de 1900, et se montra toujours le défenseur de l'art officiel. Son œuvre, très appréciée aux États-Unis, a été remise à l'honneur par une exposition organisée par le Dayton Art Inst. en 1972. Gérôme fut aussi sculpteur.
Gerstl (Richard)
Peintre autrichien (Vienne 1883 Traun Kirchen 1908).
Il suivit les cours de l'Académie de Vienne, mais son individualisme farouche ne put supporter longtemps cette discipline. De 1903 à 1908, à Vienne, et au cours de séjours en Hongrie, il élabora son œuvre, restreinte, consacrée principalement à la figure. La brève influence de Klimt fut remplacée par celles de Van Gogh, de Corinth et de Munch surtout, qu'il put étudier lors d'expositions viennoises. Le rapprochait de ces peintres un tourment intellectuel et moral qui le conduisit au suicide. Sa pratique picturale inaugure un style directement expressif, où la forme est subordonnée à la touche colorée (P. de Schönberg, 1905 [Vienne, Historisches Museum] ; les Sœurs, 1905 [Vienne, Österreichische Gal.]). Gerstl s'est souvent représenté lui-même dans diverses attitudes (Autoportrait riant, 1907 ; Autoportrait nu en pied, 1908 [Österreichische Gal.]).
Gerstner (Karl)
Peintre suisse (Bâle 1930).
Possédant une solide formation de peintre et de typographe, Karl Gerstner va créer, dès 1952, des tableaux avec des éléments mobiles. À partir de 1953, il réalise ses premières œuvres dans un esprit systématique en s'appuyant sur l'exemple des artistes concrets zurichois, tels Max Bill et Richard Paul Lohse. Ses tableaux intitulés Aperspectif (1953 à 1955) présentent des formes géométriques simples qui sont indépendantes et peuvent être changées de place et dont la combinaison offre un grand nombre de possibilités. Ses œuvres postérieures ayant pour titre Concentrum ou Excentrum (1956) sont construites sur le même principe : des cercles concentriques mobiles et tournant sur eux-mêmes changent constamment l'aspect de la composition. Gerstner, dont la première exposition aura lieu à Zurich en 1957, va participer, en compagnie de Marcel Wyss, d'Eugen Gomringer et de Dieter Roth, à l'édition de la revue Spirale et inaugurer, la même année, son activité de théoricien avec la publication de son premier livre, Kalte Junst ? (Teufen, 1957) : ce plaidoyer pour l'art abstrait géométrique montre ses origines depuis Cézanne et le Cubo-Futurisme, en passant par Mondrian et Malévitch, apporte des explications sur l'art des principaux artistes de la génération intermédiaire, tels que Max Bill, Richard Paul Lohse et Camille Graeser, et présente, enfin, les œuvres des nouvelles générations. Gerstner se consacre beaucoup à son activité de typographe : il va fonder, à Bâle, en 1960, un studio de graphisme et de publicité, qui va devenir l'un des plus importants du monde, sous le nom de GGK, avec ses associés Paul Gredinger et Markus Kutter. En 1972, Gerstner publie l'un de ses livres les plus fameux, dans lequel il résume sa conception de la typographie, Compendium für Alphabeten Systematik der Schrift (" Compendium pour un alphabet systématique de l'écriture ").
Toutes les recherches de Gerstner dans le domaine visuel vont porter sur l'étude systématique des rapports entre la couleur et la forme. Il se situe dans la postérité de Josef Albers et de ses Hommages au carré. Gerstner va expérimenter de nouveaux matériaux, tels que la nitrocellulose, et va rechercher des procédés de fabrication utilisant des techniques de pointe. La série qu'il réalise sous le titre de Carro 64 est une illustration supplémentaire de ses préoccupations sur la permutation des formes et la participation du spectateur. Plus tard, les tableaux qu'il réalise sous le nom de Color Sound, conçus au moyen de plaques colorées superposées sont destinés à illustrer ses recherches sur les dégradés de couleur systématiques et les passages du clair au sombre dans la peinture. Les œuvres de Gerstner sont conservées dans de nombreux musées et collections suisses.
Gervex (Henri)
Peintre et pastelliste français (Paris 1852 – id. 1929).
Créateur de mythologies galantes aux formes suaves (Diane et Endymion, 1875, musée d'Angers), il peignit aussi des tableaux de genre avec une brillante facilité Communiantes à l'église de la Trinité (1876, musée de Dijon) ou le Jury de peinture du Salon (1885, Orsay). Mais Gervex exécuta des œuvres d'un réalisme plus puissant comme Autopsie à l'Hôtel-Dieu (1876, disparu), le Dr Péan enseignant à l'hôpital Saint-Louis sa découverte du pincement des vaisseaux (1887, Orsay) et comme ce Rolla (1878, musée de Bordeaux) aux souples effets de blancs qui fit scandale par la modernité de son sujet et provoqua l'agacement de Manet devant la récupération des novateurs. Ses décorations officielles sont tantôt sincères et sobres (le Bureau de bienfaisance, 1883, Paris, mairie du XIXe arrondissement), tantôt enlevées et d'un luminisme influencé par l'Impressionnisme (la Foire de Saint-Laurent, Paris, grand foyer de l'Opéra-Comique ; la Musique à travers les âges, Paris, salle des fêtes de l'Hôtel de Ville).
Gervex fut aussi un portraitiste fort prisé du public parisien élégant, surtout féminin (Madame Valtesse de La Bigne, 1889, Orsay), et exécuta pour l'Exposition universelle de 1889, en collaboration avec Alfred Stevens, le célèbre Panorama du siècle (Bruxelles, M. R. B. A.). Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Bordeaux, Paris, Nice) en 1992-1993.