Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hajdu (Étienne)

Graveur et sculpteur français d'origine roumaine (Turda, province de Cluj, Roumanie, 1907-Bagneux 1996).

Après des études d'arts décoratifs à Budapest et un passage par Vienne, Hajdu arrive à Paris en 1927. L'académisme de la Grande Chaumière le déçoit et, en 1929, marqué par une exposition de Léger, il entre en contact avec des artistes contemporains. De 1933, date de ses premières œuvres abstraites, jusqu'à la fin de la guerre, il emprunte des voies diverses où se note une passion pour la biologie qui, après les sculptures animalières de 1937, laissera chez lui comme un souvenir réaliste. En 1946, il réalise ses premiers reliefs, en cuivre martelé à partir de 1948 (les Loups, Paris, M. N. A. M.), puis, dès 1954, en aluminium poli, développant des spatio-reliefs bifaces et aussi en Duralumin avec ses Tentatives en métal (1962), où il applique la taille directe au métal. Cette obsession d'intégrer l'espace à la sculpture le mène aux pièces à claire-voie, retrouvant vite la pierre. Depuis longtemps s'est mis en place un vocabulaire formel de fuseaux, d'ovoïdes, de cupules auquel il reste fidèle comme à la minceur plate du relief, mis à part ses 7 Colonnes pour Mallarmé, 1969-1971. Le relief est, pour Hajdu, moyen de penser l'union, de la sculpture à l'architecture et aussi de retrouver la véracité du volume, de son lien organique avec la surface et des surfaces entre elles. Hajdu a su appliquer cette recherche tant aux réalisations monumentales qu'à la céramique (à Sèvres dès 1965), aux cartons de tapisserie ou au théâtre.

Hall (Per Adolf)

Peintre suédois (Borás Älvsborg 1739  – Liège 1793).

Il se forma à Stockholm auprès de Gustav Lundberg de 1760 à 1766, date à laquelle, nanti d'une bourse royale, il vint à Paris, où il demeura jusqu'en 1791. Les dernières années de sa vie s'écoulèrent en Belgique. Hall acquit une rapide renommée et devint, en 1769, membre de l'Académie. En 1771, il épousa une Française, Adélaïde Gohier, et son foyer fut un centre de rencontre pour un grand nombre d'artistes éminents de l'époque, peintres et musiciens. Hall se spécialisa dans le portrait en miniature et contribua à renouveler ce genre en France. Surnommé par Diderot le " Van Dyck de la miniature ", il remplaça la traditionnelle technique du pointillé par une large et audacieuse pratique du pinceau, à la gouache et à l'aquarelle, sur un support d'ivoire dont il laissait souvent entrevoir le reflet dans les incarnats. De Rubens, de Van Dyck et de Watteau, il apprit la maîtrise d'une couleur lumineuse qu'il mit au service de la vivacité des expressions. La même fraîcheur de style se retrouve dans ses quelques grands portraits au pastel ou à l'huile. L'une des plus importantes collections de ses miniatures se trouve à Stockholm (Nm). Hall est également représenté au Louvre (Portrait du prince de Conti) et au musée Jacquemart-André de Paris.

Hallé (les)

Famille de peintres français.

 
Daniel (Rouen 1614  – Paris 1675). Établi à Paris, il se fit connaître par des tableaux d'église : Saint Jean à la Porte latine (May de Notre-Dame de 1622, musée de Clermont-Ferrand) ; Multiplication des pains (1664, Rouen, église Saint-Ouen) ; Nativité (1669, musée de Rouen).

 
Claude-Guy (Paris 1652 – id. 1736). Élève de Daniel, il obtint le Grand Prix en 1675, fut agréé académicien en 1681 et reçu l'année suivante. Professeur en 1702, recteur en 1733, il exposa aux Salons de 1699 et de 1704. Ses productions sont éclectiques et variées ; son style, partant du langage artistique mis à la mode par Le Brun, s'adapte à l'art " aimable " du début du XVIIIe s. Auteur de nombreux dessins pour des illustrations de livres, il peint des tableaux religieux pour les églises de Paris : les Marchands chassés du Temple (May de Notre-Dame de 1688, musée d'Arras), Apparition du Christ à la Madeleine (1705, Paris église Saint-Sulpice), ou du nord de la France : Jésus remettant les clés à Saint Pierre (1690, abbaye de Saint-Riquier, Somme), qui sont des exemples caractéristiques de son art. Il travailla aussi pour le roi, à la Ménagerie de Versailles en 1702 (Jeux d'enfants, Louvre).

 
Noël (Paris 1711 – id. 1781). Fils du précédent, il remporta le Grand Prix de peinture en 1736 et séjourna à Rome de 1737 à 1744. En 1746, il est agréé et sera reçu académicien en 1748 grâce à son étonnante Dispute de Minerve et de Mars (Louvre), aussi maniérée que magistrale. À partir de 1746, il expose régulièrement au Salon, jusqu'en 1779 : Jésus bénissant les enfants (Salon de 1751, Paris, église Saint-Sulpice) ; Saint Vincent de Paul prêchant (Salon de 1761, Versailles, cathédrale Saint-Louis) ; les Génies de la Poésie (Salon de 1761, musée d'Angers) ; la Justice de Trajan (Salon de 1765, musée de Marseille) ; Saint Louis portant en procession la couronne d'épines (Salon de 1773, Paris, chapelle de l'École militaire) ; les Libéralités de Cimon (Salon de 1777, Louvre) ; Cornélie, mère des Gracques, Agésilas, roi de Sparte (Salon de 1779, musée de Montpellier). Après avoir obtenu la charge de surinspecteur des Gobelins en 1771, il fut directeur de l'Académie de France à Rome en 1775, puis, l'année de sa mort, recteur de l'Académie. Il est sans conteste le plus original des membres de la dynastie des Hallé. Un tableau comme Course d'Hippomène et Atalante (Salon de 1765, Louvre) compte parmi les créations les plus personnelles du XVIIIe s. français. L'étrangeté de son inspiration, la froideur de son coloris, la fougue de sa touche, l'émotion qui se dégage de certaines de ses compositions, en dépit de leur côté artificiel (à cet égard, l'artiste fait parfois songer à Corrado Giaquinto), devraient valoir à Noël Hallé une prompte réhabilitation.

Halley (Peter)

Peintre américain (New York 1953).

Artiste et théoricien, il devient au début des années 80 le porte-parole d'une nouvelle abstraction, qualifiée de " Néo géométrie " par opposition à la Nouvelle Figuration, qui dominait alors la scène internationale. Depuis 1981, ses œuvres, bien qu'apparemment abstraites, représentent toujours un motif figuratif : cellules de prison (Prison, 1986), conduits simplifiés en diagrammes, systèmes internes d'ordinateurs (Yellow Prison with Underground Conduit, 1985, New York, Gal. Sonnabend ; Black Cell, 1989, Salerne, coll. Silvio Sansone). Halley utilise des couleurs fluorescentes, du noir, du blanc, du gris, et peint ses surfaces de façon anonyme en utilisant des peintures industrielles et synthétiques, des caches et un rouleau, ce qui contribue paradoxalement à donner un certain relief à ses tableaux. Son œuvre, par sa distance et son ironie, tend à montrer combien l'optimisme des pionniers de l'abstraction a été sapé par le monde technologique (Final Sequence, 1987, San Francisco, M. O. M. A.) et à quel point les artistes actuels sont moins assurés de certitudes. Une exposition lui a été consacrée (Bordeaux, C. A. P. C.) en 1991.