Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

staff

Mélange plastique de plâtre, de ciment et de glycérine, de dextrine. Le staff constitue un fond absorbant neutre pour les peintures.

Stalbemt (Adriaen Van)

Peintre flamand (Anvers 1580  – id. 1662).

Il fit son apprentissage à Middelburg en Zélande, où sa famille, qui appartenait à la religion réformée, s'était réfugiée à la fin du siècle. Revenu à Anvers v. 1610, il devint membre, puis doyen, en 1617, de la gilde de Saint-Luc. Les quelques œuvres signées qu'on connaît de lui sont d'une grande variété. Ainsi, le Paysage avec fable (1620) du musée d'Anvers l'apparente à Gillis Van Coninxloo et à Jan I Bruegel, avec qui il collabora, tandis que la Kermesse villageoise du Städel. Inst. de Francfort est proche de l'art de David Vinckboons. Quelques tableaux enfin évoquent les paysagistes néerlandais (musée de Mayence).

Stamos (Theodoros)

Peintre américain d'origine grecque (New York 1922-Ioánnina, Grèce, 1997).

Considéré comme l'enfant prodige de l'Expressionnisme abstrait, Stamos tint sa première exposition personnelle à la Wakefield Gal. en 1943. Entre 1936 et 1939, il avait étudié la sculpture à l'American Art School, puis l'avait abandonnée pour des raisons pratiques et enfin, sous l'influence de Matisse et de l'art oriental, s'était tourné vers la peinture. Les pastels exposés à la Wakefield Gal. dénotaient d'ailleurs une influence quelque peu japonaise par l'utilisation positive des éléments négatifs (vides) de la composition. Lors d'un voyage dans l'ouest des États-Unis, suivi d'un séjour en Europe (France, Italie et Grèce), en 1947-48, Stamos s'intéressa aux formes naturelles, celles des fossiles, des pierres et des anémones de mer, mais, dès l'année suivante, il simplifia son style tout en préservant une inspiration puisée dans la nature et retranscrite selon son propre langage (Levant for E. W. R., 1958, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). Depuis plusieurs années, Stamos s'est consacré à des variations sur un thème unique, qu'il appelle " Sun Box ". L'emploi d'une imagerie simplifiée à résonances cosmiques n'est pas sans évoquer les recherches parallèles d'un Gottlieb, mais les harmonies tendres et transparentes de Stamos le situent, plus que tout autre, dans la lignée des peintres américains qui ont tiré de l'héritage de Matisse de nouvelles conséquences.

   Stamos a exposé chez Betty Parsons, André Emmerich et enfin chez Marlborough. En 1958, une exposition de son œuvre s'est tenue à la Corcoran Gal. de Washington. Son œuvre est représenté à New York, notamment au Metropolitan Museum, au Whitney Museum (High Snow, Low Sun n° 11, 1957) et au M. O. M. A. (The Fallen Fig, 1949), ainsi qu'à Detroit (Inst. of Arts) et à Buffalo (Albright-Knox Art Gal.).

Stämpfli (Peter)

Peintre suisse (Deisswil  1937).

Proche du pop art par ses thèmes et son iconographie, il élabore une œuvre d'une froideur réaliste plus strictement objective que celle des artistes pop américains. Sur un fond blanc, il reproduit dans une dimension agrandie un détail isolé d'un document photographique (Party, 1964). À partir de 1966, il s'intéresse surtout à l'objet le plus représentatif de la société de consommation, la voiture, puis, plus précisément, la roue. Il en arrive, sur des toiles dont la forme est souvent déterminée par l'objet qui y est inscrit, à peindre en gros plan un détail significatif, presque toujours un pneu (Road Lug, 1972), puis la trace d'un pneu (les deux étant parfois associés : Cavalino Sport 200, avec traces, 1974). À partir de 1978, les détails de pneus sont tellement agrandis qu'ils se transforment en formes géométriques pures (Diagonal, 1978, M. N. A. M.) de plus en plus colorées (Arvor, 1985), détachées de leur référent, dans une sorte de constructivisme abstrait. L'objet ainsi extrait de son contexte devient un élément dont la reproduction réaliste contraste avec l'espace vierge qu'il occupe, constituant un pur constat de la mythologie contemporaine (il a réalisé par ailleurs 2 films : Fire Bird en 1969 et Ligne continue en 1974). En 1976, le musée des Sables-d'Olonne lui consacre une exposition et, en 1980, le M. N. A. M. de Paris.

Stankowski (Anton)

Artiste allemand (Gelsenkirchen 1906-Esslingen 1998).

Influencé par l'art de Max Burchartz, qui a été l'un des premiers disciples allemands de Theo Van Doesburg et dont il suit les cours à la Folkwangschule d'Essen, Stankowski s'est consacré principalement à la typographie et à la publicité, mais aussi à la photographie ainsi qu'à la peinture dont sa production est, à partir de 1929, représentative du courant constructiviste. Il travaille comme typographe et comme graphiste dans l'atelier de Max Dalang à Zurich, en compagnie notamment de Richard Paul Lohse, puis ouvre son propre studio à Stuttgart. Son art de typographe, qui se situe pleinement dans la lignée de la typographie constructiviste, telle qu'elle a été illustrée par Max Burchartz, Johannes Canis et Walter Dexel, ainsi que par les artistes du Bauhaus, utilise beaucoup la photographie et le photomontage. Dans le domaine pictural, ses œuvres sont caractérisées par l'éclectisme dans le domaine des formes et de la composition : Stankowski s'appuie en effet sur l'expérimentation et recherche toutes les variantes d'une façon systématique : après la guerre, son art se rapproche davantage du style des artistes concrets de Zurich. De 1940 à 1948, Stankowski est soldat puis prisonnier de guerre en Russie. Libéré en 1948, il retrouve son métier de typographe et de graphiste publicitaire, ainsi que son activité de peintre (Aufgeklappf auf wei\S, 1989). Ses œuvres sont principalement conservées au Kunsthaus de Zurich, à la Staatsgalerie de Stuttgart, au musée de Grenoble ainsi qu'à la Fondation pour l'art concret de Reutlingen.

Stanzione (Massimo)

Peintre italien (Orta di Atella 1585  – Naples 1656).

Personnalité de premier plan de la peinture napolitaine de la première partie du XVIIe s., il détermina un mouvement pictural original qui, jusqu'à l'affirmation du style baroque, eut une vaste résonance dans l'école napolitaine. De Dominici, biographe des artistes napolitains du XVe s. à la première moitié du XVIIIe s. (Vite..., 1742-43), rappelle son apprentissage chez Santafede, peintre maniériste. La production de jeunesse de Stanzione n'ayant pas encore été identifiée, la chronologie de l'œuvre du peintre a pour point de départ le séjour de celui-ci à Rome — documenté d'octobre 1617 à avril 1618, mais il y revint enfin entre 1625 et 1630 —, où il a des contacts continus avec le groupe des caravagesques y résidant (Pietà, Rome, Gal. Corsini). L'artiste put voir également les œuvres des Carrache à la Galerie Farnèse, expérience qui s'affirmait parallèlement à Naples avec les œuvres de Dominiquin et de Guido Reni pour les églises de la ville. La fusion de ces deux manières si différentes, la caravagesque et la bolonaise, sera dès lors l'objet de la recherche de Stanzione.

   De Vouet (qu'il a connu à Rome, mais dont il y a des toiles à Naples), avec ses élégances formelles et son chromatisme raffiné, et d'Artemisia Gentileschi (à Naples à partir de 1630), avec sa science de l'éclairage et sa chaleur de sentiment, il tirera, après son retour à Naples, sa version personnelle du Caravagisme. Si ses œuvres les plus anciennes, la Sainte Agathe en prison (Naples, Capodimonte) ou les quatre Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste (Prado), portent encore une forte empreinte réaliste (des emprunts directs au Caravage des Sept Œuvres de miséricorde ou de la Madone du rosaire, œuvres napolitaines, sont évidents dans la toile de la Vierge visitant les âmes du purgatoire, à l'église del Purgatorio, à Arco, de tendance pourtant classique), par contre, dans les toiles peintes au début des années 1630 pour la cappella S. Bruno (Naples, église S. Martino), le réalisme fait place à une réserve élégante. En peu d'années, Massimo devait devenir, sur cette voie, le plus admiré et le plus imité des peintres napolitains. Dans les œuvres de sa maturité (Pietà, 1638, église S. Martino ; Noces de Cana, 1640, Gerolomini) et dans les nombreuses fresques à l'église du Gesù Nuovo (1640), à l'église S. Paolo Maggiore (1643-44), à l'église S. Martino (chapelle S. Bruno, vers 1631-1637 ; chapelle S. Giovanni Battista, 1642-1651), dans la sacristie du Tesoro, au Dôme (1645), son caravagisme initial se tempère de plus en plus d'éléments bolonais, dérivés en particulier de Guido Reni et qui lui vaudront plus tard le titre de " Guido Partenopeo ". Dans ces œuvres ainsi que dans ses portraits (Vendeuse de poulet, San Francisco, Fine Arts Museum), une palette éclaircie et brillante, une lumière dorée et plus enveloppante créent une atmosphère sensible et chaude, et pour ainsi dire préromantique. Sensible à l'impulsion de la nouvelle sensibilité baroque, Stanzione pressent dans ses dernières œuvres (dominées par l'Annonciation, 1655, à Marcianise) l'exigence d'élargir la composition par une véhémence accentuée et par une articulation des formes plus libre et moins concentrée.