Vries (Dirck de)
Peintre et dessinateur néerlandais d'origine frisonne (actif à Venise entre 1590 et 1609).
On ne sait presque rien sur lui, sauf qu'il était très ami de Goltzius (qui a dessiné son portrait [Haarlem, musée Teyler] et logé chez lui lors d'un voyage à Venise) ainsi que d'un autre peintre installé comme lui en Vénétie, le Malinois Lodewijk Toeput. Vries était bon portraitiste et spécialiste — très connu à Venise — de représentations de marchés de victuailles, selon les témoignages enthousiastes de Van Mander (1604) et de Jean-Baptiste du Val, diplomate français qui lui rendit visite en 1609. De façon assez convaincante, 2 grandes vues de Marchés vénitiens — vendues à Munich en 1904 sous l'attribution à Jacopo Bassano — ont pu être dernièrement rendues à ce peintre, loué par Van Mander pour sa belle et chaude technique. On ne connaissait en effet jusqu'ici que 3 dessins certains, d'un réalisme d'ailleurs très savoureux, traités avec une vigoureuse rapidité qui rappelle Goltzius et annonce Jacob de Gheyn : Femme apprenant à lire à un enfant (1592, Oxford, Ashmolean Museum), Fileuse (Rijksmuseum), le troisième dessin étant passé dans le commerce.
Vries peintre est influencé par Beuckelaer et fort proche de Lucas Van Valckenborch, au point de faire penser à une influence décisive du Frison sur ce dernier.
La présence de cet artiste septentrional en Italie a pu sinon provoquer, du moins renforcer l'évolution générale du Maniérisme de la fin du XVIe s. vers un Réalisme ostentatoire et habile, celui d'un Passarotti et d'un Annibale Carracci.
En même temps, l'influence de Vries sur le milieu si complexe des Bassano en Vénétie favorisa le développement de la nature morte comme genre autonome.
Vries (Hans Vredeman de)
Peintre, architecte, décorateur et théoricien néerlandais (Leeuwarden 1526 – ?1604).
Il fait son apprentissage à Leeuwarden et à Kampen ; puis il séjourne à Malines et à Anvers, où il participe, en 1549, aux décorations exécutées pour l'entrée de Charles Quint dans la ville. En 1555 il publie un premier recueil de gravures d'ornements, en 1560, il publie, toujours à Anvers, Scenographiae sive perspectivae, recueil de gravures d'ornements architecturaux influencés par Serlio et l'école de Fontainebleau. Il quitte Anvers en 1570 pour se réfugier avec H. Van Steenwick et L. et M. Van Valckenborch à Aix-la-Chapelle et à Liège ; entre 1575 et 1585, il est de nouveau à Anvers, où il est ingénieur attaché aux travaux de fortification ; puis il fait différents voyages : à Dantzig (1592-1595), à Prague (1596-1598) où il présente à Rodolphe II des projets d'architecture pour le palais impérial et pour des fontaines, à La Haye, à Hambourg, assurant lui-même la diffusion de son art. Les 4 tableaux représentant des Architectures de palais (1596, Vienne, K. M.), très vraisemblablement peints pour l'empereur Rodolphe II, révèlent ses préoccupations scénographiques appliquées à des architectures élégantes et légères, où l'italianisme se mêle aux formes gothiques. Conçus par Hans, ils furent sans doute exécutés par son fils Paul ; les figures sont de la main de Dirck Van Ravensteyn.
Vries eut deux fils :Salomon (Anvers 1556 – La Haye 1604) et Paul (Anvers 1566 – Amsterdam v. 1630) , qui collaborèrent avec lui.
Vries (Roelof Jansz Van) , parfois prénommé à tort Jan Reynier
Peintre néerlandais (Haarlem 1630/31 –Amsterdam [ ?] apr. 1681).
Inscrit à la gilde de Leyde en 1653, à celle de Haarlem en 1657, on le retrouve à Amsterdam en 1659 d'où il ne bougera plus et où il est mentionné en 1681 pour la dernière fois. C'est un paysagiste proche de Jacob Van Ruisdael (son monogramme VR a été fréquemment altéré en JVR au XIXe s. par des marchands peu scrupuleux), voisin de ces autres Haarlémois qui ont imité les grands maîtres tels que Cornelis Decker, Gillis et Salomon Rombouts, dont les œuvres sont parfois confondues avec celle de Vries. Les figures de ses tableaux sont quelquefois peintes par Lingelbach ou Adriaen Van de Velde. On reconnaît souvent Roelof Van Vries à sa manière de pignocher les murs et les feuillages de petits points dorés, et, en cela, l'artiste trahit aussi l'influence de Hobbema et de Claes Molenaer. Apprécié très tôt en France, Le Brun possédait une de ses œuvres. Comme exemples de sa manière, citons les paysages des musées de Londres (N. G., jadis attribués à Frans Decker), Turin, Stockholm (Nm), Amiens, Amsterdam (Rijksmuseum), Reims, La Haye (Mauritshuis).
Michiel († Haarlem av. 1702) fut très probablement le frère de Roelof et a peint presque exactement dans la même manière que celui-ci, au point que leurs œuvres se distinguent mal. Le Rijksmuseum en conserve (dont l'une date de 1656), ainsi que le musée de Rouen.
Vroom (les)
Famille de peintres néerlandais.
Hendrick Cornelisz (Haarlem 1566 – id. 1640). Fils du sculpteur et potier Cornelis Vroom, il débuta comme peintre sur faïence, avec pour maître Cornelis Henriksen puis visita de nombreux pays (Italie, Angleterre, France, Allemagne, Espagne, Portugal) pour s'établir enfin à Haarlem, où sa présence est attestée à partir de 1590. Une extraordinaire aventure lui était arrivée à Lisbonne, présage sans doute de ses Tempêtes futures : il allait s'embarquer pour la Hollande lorsqu'un pressentiment l'arrêta. Bien lui en prit car le vaisseau qui devait l'emmener sombra corps et biens. Peintre de marine très actif, il s'affirma comme l'un des plus anciens spécialistes du genre, aux côtés d'Aert Van Antum, de Claesz Van Wieringen, de Cornelis Verbeeck ou d'Adam Willaerts, presque tous issus du milieu haarlémois. Ses mers, encore violemment agitées, d'une façon gratuite et systématique qui relève bien d'un climat maniériste, sont peintes dans des tons vert sombre, tandis que les bateaux brun foncé sont archaïquement détaillés avec une extrême minutie narrative, justifiée d'ailleurs par le caractère nettement historique et national de ces marines. Il s'agit très souvent de représentations des batailles navales (la guerre contre l'Espagne se poursuit toujours avec de fréquents épisodes maritimes) et des célèbres navires néerlandais de l'époque ou bien de l'arrivée de quelque personnage important sur les côtes des Pays-Bas, comme le Roi d'hiver débarquant en 1613 à Flessingue (1623, Haarlem, musée Frans Hals). L'artiste est particulièrement bien représenté au Musée historique de la marine (Combat hollando-espagnol sur la mer de Haarlem, 1573), au Rijksmuseum d'Amsterdam (Combat naval devant Gibraltar, 1607) ainsi qu'à Haarlem. Il est également l'auteur de cartons de tapisseries : lord Hauwart lui commanda les dix cartons des fameuses Tapisseries de l'Armada qui décoraient autrefois la chambre des Lords.
Cornelis Hendricksz ([ ?] v. 1591 – [ ?] 1661). Fils du précédent, il est déjà mentionné comme artiste en 1621 ; membre de la gilde de Haarlem, il se sépare de celle-ci en 1642. Son œuvre, essentiellement constituée de quelques rares paysages boisés, atteste d'abord l'influence d'Elsheimer (dans le rendu minutieux et quasi graphique du feuillé) et révèle des affinités avec la manière d'Esaïas Van de Velde et de Salomon Van Ruysdael (le Paysage boisé de Londres, 1626, N. G., est son plus ancien tableau connu) ; à partir de 1630, cependant, Cornelis affirme davantage son originalité et ne laissera pas d'exercer une influence décisive sur le jeune Jacob Van Ruisdael. Ses plus belles réussites sont des vues de lisières de forêt avec des premiers plans d'eau calme (Bords de rivière, La Haye, coll. Thurkow et musée de Karlsruhe), si suggestifs par l'effet poétique de contrejour des frondaisons qui se détachent sur le ciel, constituant un trait d'union essentiel entre Adam Elsheimer et Jacob Van Ruisdael, dont Vroom tend à subir l'influence à la fin de sa carrière, par un véritable renversement de situation. Cornelis Hendricksz est également l'auteur de remarquables dessins.