Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
O

Ostendorfer (Michael)

Peintre et graveur allemand (Ratisbonne v. 1490  – id. 1559).

De multiples lettres, documents et notes d'archives de Ratisbonne fournissent des informations détaillées sur la vie de l'artiste, mais ne donnent aucune indication sur sa formation. Son œuvre pictural et gravé, qui se rattache étroitement à l'école du Danube, semble porter la marque de l'atelier d'Altdorfer. La qualité remarquable (qu'il n'atteignit plus jamais) de quelques-uns de ses premiers travaux invite à penser qu'il utilisa des motifs du maître et s'inspira de compositions qui lui étaient personnelles. Une gravure sur bois, le Pèlerinage de la belle Madone, qui date des environs de 1520, semble confirmer cette hypothèse. Outre des panneaux peints, on doit à Ostendorfer des gravures sur bois et des estampes inspirées par Ratisbonne ; d'une facture soignée, elles révèlent un artiste soucieux du détail, mais d'une médiocre imagination, ce que confirme le Saint Suaire, premier tableau connu de l'auteur (musée de Ratisbonne). Les petits formats consacrés à des thèmes simples, souvent repris par l'artiste, constituent les meilleures réalisations de ce peintre mineur. En revanche, Ostendorfer montre, par le retable à volets de la nouvelle église de Ratisbonne (auj. id.) qu'il n'était pas en mesure d'exécuter des compositions religieuses d'envergure. Il convient toutefois d'attirer l'attention sur ses portraits, qui, ainsi que ses meilleures œuvres, révèlent son appartenance à l'école du Danube. Le portrait d'un Patricien (id.) et celui d'un Abbé (id.), qui datent des années 1530, le désignent comme l'un des meilleurs portraitistes de la fin de l'époque de Dürer. Empreints de rêverie et d'une certaine passivité, les visages présentent les traits caractéristiques des portraits de l'école du Danube, et les lointains vallons, le ciel strié de nuages, permettent à Ostendorfer de déployer son talent de coloriste.

ottocento

Terme italien désignant le XIXe s.

Ouattara

Peintre ivoirien (Abidjan 1957).

Ouattara utilise dans l'esprit des graffitis de Jean-Michel Basquiat la juxtaposition de signes pictographiques et de figures néo-primitives dans une gamme chromatique très chaude et tellurique. Il insère dans ses tableaux-reliefs des objets-fétiches qui se jouent de certaines prohibitions ritualistes de l'image en Afrique. Il expose régulièrement à Paris, notamment à la galerie Fabien Boulakia.

Oudry (Jean-Baptiste)

Peintre français (Paris 1686- id. 1755).

Oudry est le fils du peintre Jacques Oudry, qui fut directeur de l'académie de Saint-Luc en 1706 et qui tenait boutique quai de la Ferraille. Selon d'Argenville, il reçoit ses premières leçons de Michel Serre, cousin de Rigaud et peintre des galères du roi à Marseille. Il entre en 1707 dans l'atelier de Largillière, où il copie (d'abord) des œuvres flamandes et hollandaises et où il étudie particulièrement les rapports des couleurs, pratique qui le mènera à la virtuosité, dont le Canard blanc (1753, anc. coll. de Cholmondeley, Londres) fournit un exemple fameux. Il est reçu en 1708 à l'académie de Saint-Luc avec un Saint Jérôme (perdu) et peint entre 1709 et 1715 plusieurs tableaux religieux (Saint Pierre délivré de prison, 1713, musée de Schwerin). Il réalise également des portraits, qui révèlent tout ce qu'il doit à Largillière (le Comte et la Comtesse de Castelblanco, v. 1716, Prado ; Portrait d'un chasseur, Champaign, University of Illinois, Krannert Art Museum). De 1719 date son morceau de réception à l'Académie royale comme peintre d'histoire, l'Abondance avec ses attributs (Versailles, Grand Trianon). À la même époque, Oudry peint ce témoignage très personnel, unique dans son œuvre, qu'est l'Hôtel-Dieu après l'incendie (1718, Paris, musée Carnavalet). Mais, dès les débuts de sa carrière, il est attiré vers la nature morte (Nature morte avec des insectes, 1712, musée d'Agen) et il est considéré très rapidement comme l'émule de Desportes, dont il reprend les brillantes compositions, groupant des animaux, des fleurs, des instruments de musique (Nature morte avec un singe et un violon, 1719, Stockholm, Nm). Ses premières compositions inspirées par le thème de la chasse datent de 1721 : ce sont les deux Retours de chasse de la Wallace Coll. (Londres) et le Chevreuil mort du musée de Schwerin, qui comptent parmi ses meilleures peintures. L'année suivante, Oudry exécute sa première scène de chasse, la Chasse au loup (1722, Ansbach, Residenz), suivie de l'Hallali du cerf (1723, Stockholm, Palais royal) — ces premiers succès lui valent une commande importante : trois Grandes Chasses pour Chantilly (deux au musée Condé, une au musée de Rouen).

   Présenté au jeune roi par Beringhen, il est nommé peintre ordinaire de la vénerie royale et il obtient un logement au Louvre. En 1726, il a le privilège d'exposer 26 de ses meilleures œuvres dans les Grands Appartements de Versailles. Grâce à la protection de l'intendant Fagon, il est aussi nommé peintre officiel de la manufacture des tapisseries de Beauvais, dont il assume la direction artistique à partir de 1734. Excellent administrateur, il réorganise la manufacture, qui connaît grâce à lui un brillant renouveau.

   En 1736, il devient en outre inspecteur aux Gobelins. Il oriente la technique des tapisseries vers une plus grande perfection du dessin et, malgré l'opposition des tapissiers, vers une reproduction plus stricte des cartons, qu'il peint comme de véritables tableaux. Il fournit successivement pour Beauvais les cartons des Chasses nouvelles (1727), des Amusements champêtres (1730), des Comédies de Molière (1732), des Métamorphoses d'Ovide (1734), des Verdures fines (1735) et des Fables de La Fontaine (1736). Mais c'est pour les Gobelins qu'il crée ses plus beaux cartons de tapisseries, les Chasses royales (esquisses au musée Nissim de Camondo ; cartons exécutés de 1733 à 1746, dont 8 sont conservés à Fontainebleau, et 1 au Louvre) ; la tenture ne fut tissée que deux fois (1736-1747, Compiègne ; 1742-1753, Florence, Pitti). Cette commande royale, dans laquelle l'artiste a porté à un rare degré de perfection l'élégance de la composition et la noblesse du décor, résulte probablement du succès obtenu par sa Chasse à vue de Saint-Germain (1728, musée de Toulouse), présentée au roi à Marly en 1730. Parallèlement, Oudry travaille pour les différentes résidences royales : dessus-de-porte à la mode et panneaux décoratifs, dont les Fables de La Fontaine pour le cabinet du Dauphin à Versailles (1747).

   La faveur d'amateurs comme le marquis de Beringhen et le comte Tessin lui vaut de nombreuses commandes privées. Le musée de Schwerin, grâce à l'admiration du duc de Mecklembourg-Schwerin, conserve un ensemble incomparable de peintures et de dessins, illustrant tous les genres traités par l'artiste. Reprenant souvent plusieurs fois un même thème, Oudry peint de nombreuses Chasses, des Chiens en arrêt devant du gibier (Louvre ; Stockholm, Nm ; musée de Schwerin), des " portraits " des Chiens du roi (Fontainebleau), des Animaux exotiques (musée de Schwerin). Ses peintures expriment peut-être davantage ses recherches pittoresques et décoratives (le Cerf qui se mire dans l'eau, 1747, Versailles) tout en montrant sa science des valeurs, des jeux de lumière, de la perspective. Bien qu'il ne parvienne pas toujours à s'affranchir de la convention (Paysage des cinq sens, Versailles), Oudry compte parmi les meilleurs paysagistes de son temps (Paysage avec chasse au loup, 1748, musée de Nantes). Ses œuvres tardives recèlent une grande admiration pour les paysages de Berchem (le Printemps, 1749, Versailles) et des recherches illusionnistes, dont témoigne le célèbre Canard blanc (1753, coll. part.). Son souci de l'exactitude peut, en effet, aller jusqu'à un goût du trompe-l'œil presque obsédant : Un lièvre et un gigot (1742, musée de Cleveland), Nature morte au faisan (1753, Louvre) ou encore les surprenantes Têtes de cerf de l'appartement des chasses à Fontainebleau. C'est dans un même esprit qu'il peint des toiles destinées à un décor fixe, comme la grande Nature morte au gibier (San Francisco, California Palace of the Legion of Honour), qui devait s'encastrer dans une boiserie de salle à manger, ou comme le Tabouret de laque (Paris, coll. part.), peint pour servir de devant de cheminée. Oudry a laissé de nombreux dessins, plus ou moins liés aux peintures et aux modèles de tapisserie, d'une exécution très soignée, avec des rehauts de lavis et de gouache sur papier teinté (le Héron, Louvre ; Combat d'onagres en plein air, Cambridge, Mass., Fogg Art Museum). D'autres études d'animaux sont traitées à l'aquarelle (Album d'oiseaux, id.). Il exécuta souvent des dessins très achevés, comme œuvres originales, reprenant certains éléments de ses tableaux (Tête de chien du musée de Schwerin). Ses dessins préparatoires pour les Chasses royales (Louvre, Ermitage) sont également d'une technique très raffinée. Son talent de dessinateur se retrouve dans les 275 dessins illustrant la grande édition des Fables de La Fontaine (1729-1734) et les 38 dessins (1726-27, Louvre ; Washington, N. G. ; coll. part.). destinés à être gravés (Oudry en grave lui-même une dizaine) pour illustrer le Roman comique de Scarron (dont la publication fut interrompue en 1736). Le sérieux de son métier, l'immense variété des genres auxquels il a touché, la modernité de sa vision ont fort heureusement été rappelés au public par la grande exposition de 1982-1983. Une exposition Ondry a été présentée à Paris (Grand Palais) en 1982-83.