Abildgaard (Nicolai Abraham)
Peintre danois (Copenhague 1743 – Frederiksdal 1809).
Il se forma à Rome (1772-1777) où il fut marqué par l'art antique et par Michel-Ange. Nommé en 1778 professeur à l'Académie de Copenhague, dont il deviendra directeur, il se fixa dans cette ville. Son œuvre la plus vaste, un cycle historique pour le palais de Christiansborg, disparut (à l'exception d'un tableau) dans l'incendie qui détruisit le château en 1794. Dans les esquisses conservées à Copenhague (S. M. f. K.), on reconnaît l'influence du Néo-Classicisme, jointe à un sentiment préromantique que son Philoctète blessé (1775, id.) laissait déjà pressentir. Il faut y déceler la marque de ses contacts avec Füssli, qu'il avait rencontré à Rome. Représentant sans doute le plus connu de la peinture néo-classique danoise, Abildgaard marqua de son empreinte l'art de son temps, influençant en particulier son élève, le jeune Thorvaldsen, auquel il confia une partie de la décoration intérieure d'un des palais d'Amalienborg. Le S. M. f. K. de Copenhague conserve, outre des peintures, une importante collection de ses dessins.
Abstraction-Création
Dans le dessein de reconstituer le groupe " Cercle et carré ", qui venait d'être dissous, et d'en perpétuer l'esprit, Georges Vantongerloo eut l'idée, en 1931, de rassembler des membres anciens comme Herbin, le sculpteur Beothy, Valmier, Kupka, Gleizes et de créer une association en s'appuyant sur des principes déjà formulés, comme celui de la mise en valeur d'un art nouveau susceptible de s'intégrer dans une société hautement technologique et améliorée par les acquis de la science.
Abstraction-Création connut une existence réelle durant cinq ans et, à partir de 1932, elle édita un album annuel et organisa des manifestations dans un local de l'avenue de Wagram. Elle compta jusqu'à 400 membres, originaires de tous les pays, dans sa période la plus active. En 1934, elle publia son dernier album, qui trouva un juste écho dans ceux qu'éditera le Salon des réalités nouvelles, lui aussi acquis à la même conception d'un art raisonné. L'ensemble des documents édités par Abstraction-Création constitue une somme intéressante sur l'Abstraction de 1932 à 1936. En 1978 une exposition sur Abstraction-Création a été organisée par le Landesmuseum de Münster et le musée d'Art moderne de la Ville de Paris.
abstraction géométrique
L'Abstraction géométrique désigne une forme d'expression artistique très souvent non figurative dans laquelle se sont illustrés plusieurs courants historiques et qui a recours à l'utilisation de formes géométriques et de couleurs disposées en aplats dans un espace bidimensionnel. L'Abstraction géométrique se trouve dès le début dans la plupart des manifestations des " pionniers " de l'Art abstrait. En effet, une partie de l'œuvre de František Kupka, les tableaux abstraits de Robert et de Sonia Delaunay avant 1914, les peintures de Mondrian à partir de 1913-14 et par la suite le Néo-Plasticisme, l'œuvre des membres du Stijl (Van Doesburg, Bart Van der Leck, Georges Vantongerloo), le Suprématisme de Malévitch à partir de 1915, puis le Constructivisme russe de Tatline, de Rodtchenko et de Lissitsky et le Constructivisme allemand, en particulier celui de Laszlo Moholy-Nagy avec le foyer du Bauhaus, ensuite de nombreuses tendances françaises qui se sont exprimées par l'intermédiaire de l'association Abstraction-Création (Hélion, Herbin, Gorin) à partir de 1930, ensuite l'art concret suisse de Max Bill, Richard-Paul Lohse et Camille Graeser dans les années 40 se rattachent directement à ce courant, qui n'a jamais été qualifié à cette époque de cette façon mais plutôt d'art abstrait et opposé au Surréalisme. L'Abstraction géométrique s'est manifestée à de nombreuses reprises telles que, à Paris, la création de Cercle et carré et d'Art concret en 1930, la série des expositions d'Abstraction-Création, l'exposition Konstruktivisten à la Kunsthalle de Bâle en 1937, l'exposition Konkrete Kunst au même endroit en 1944. C'est surtout après la Libération, en 1945, que l'Abstraction géométrique s'est imposée en tant que courant opposé à l'Abstraction lyrique, appelée également informelle par contraste et en réaction contre elle, l'Abstraction lyrique ayant une variante intitulée le Paysagisme abstrait. L'Abstraction géométrique a été à cette époque dominée par les personnalités de Magnelli, de Domela et de Herbin, qui s'exprimaient notamment au Salon des réalités nouvelles et dans la galerie Denise René : elle a trouvé de nouveaux adeptes tels que Jean Dewasne (Hommage à Marat, 1951, Paris, M. N. A. M.) ou encore Victor Vasarely et Richard Mortensen, d'autres artistes plus jeunes tels qu'Aurélie Nemours. Aux États-Unis, Josef Albers, en inaugurant sa série d'Hommage au carré, a pris de plus en plus d'importance. C'est au cours des années 50 que se sont développées en Europe de nouvelles tendances utilisant le vocabulaire de l'Abstraction géométrique et reprenant certaines de ses préoccupations et qui se sont exprimées notamment dans les recherches du peintre américain Ellsworth Kelly et du Français François Morellet, de même que dans les œuvres d'Ad Reinhardt aux États-Unis. À la fin des années 50, l'Abstraction géométrique a pu trouver un prolongement dans certaines créations de l'Art cinétique, ainsi qu'en changeant de nature dans les œuvres du Minimal Art américain : les premières périodes de Frank Stella, Sol LeWitt, Carl Andre, Donald Judd, et dans l'Art conceptuel.
abstraction lyrique
Expression employée pour désigner, en opposition à l'Abstraction géométrique ou constructiviste, la tendance à l'expression directe de l'émotion individuelle. Cette liberté du langage plastique s'était déjà manifestée chez Kandinsky dans les " improvisations " et " compositions " de sa première période dramatique (1910-1914), même si celui-ci devait aussitôt s'attacher à en dégager les lois. La volonté de l'expression pure et libre s'affirme aussi chez Hartung, dès ses débuts en 1920-1922 (dessins et aquarelles). Mais c'est vers 1947, dans la jeune génération de l'école de Paris d'après-guerre, que l'opposition aux contraintes géométriques s'est généralisée et qu'un fort courant d'Abstraction lyrique s'est développé sous des aspects divers. On peut y rattacher, à plus ou moins juste titre, la démarche amorphique de l'Art informel (qui comprenait aussi des peintres figuratifs), l'expression calligraphique de la Peinture gestuelle et surtout, en tenant compte de la confusion créée par une certaine vulgarisation, la grande vague du Tachisme qui a déferlé en 1954.