Lopes (Gregorio)
Peintre portugais (?v. 1490 – ?v. 1550).
Probablement formé dans l'atelier de son beau-père, Jorge Afonso, où il travaillait en 1515, il participa en 1518 aux travaux de la Cour de justice de Lisbonne (Relação) sous la direction de Francisco Henriques. Nommé peintre de cour par don Manuel, il fut maintenu dans cette charge par Jean III (1522) et fait chevalier de Santiago en 1524. Sa fréquente collaboration avec Garcia Fernandes et Cristovão de Figueiredo, anciens disciples de l'atelier de Jorge Afonso, se trouve confirmée par les contrats des retables de Ferreirim (1533-34). Les travaux documentés que Lopes exécuta ensuite à Tomar, pour la rotonde des Templiers (couvent du Christ, 1536-1539) et l'église Saint-Jean-Baptiste (1536-1539), sont l'expression d'une personnalité originale empreinte du maniérisme qui caractérise les œuvres de sa maturité. À partir de ces panneaux (Martyre de saint Sébastien, Vierge à l'Enfant avec les anges, auj. à Lisbonne, M. A. A.), considérés comme le point de départ de l'identification de son œuvre, on lui attribue un rôle prépondérant dans l'exécution de grandes séries contemporaines qui présentent des affinités avec son style. Il s'agit surtout du Retable du Paradis (v. 1520-1530, id.) et du Retable de Santos-O-Novo (v. 1540, id.), auxquels on peut ajouter les 3 scènes provenant de l'église de Seteibal (aujourd'hui au musée de cette ville).
La manière élégante de Gregorio Lopes, son goût pour les architectures Renaissance factices et les armes d'apparat sont en rapport direct avec ses fonctions de peintre de cour. Mais sans souci d'intensifier les émotions, son écriture parfois frénétique, ses éclairages étranges confèrent à son œuvre un caractère expressionniste qui s'exprime avec la plus grande liberté en des scènes secondaires dans lesquelles il semble s'être longtemps spécialisé (Jésus au jardin des Oliviers, Résurrection, Retable de Santos-O-Novo, v. 1540, id.).
Lopes est sans doute, parmi ses contemporains, le peintre le plus directement marqué par la Renaissance et il occupe, comme représentant du courant maniériste au sein de l'école portugaise, une position semblable à celle d'un Barend Van Orley en Flandre.
López (Vicente)
Peintre espagnol (Valence 1772 – Madrid 1850).
Loin d'avoir le génie de Goya, López fut cependant la figure la plus marquante de la peinture de cour dans la première moitié du XIXe s. espagnol. D'une famille de peintres, il fut l'élève d'Antonio de Villanueva à l'Académie San Carlos de Valence et révéla, avec le Roi Ezequias montrant ses richesses (1789, musée de Valence), son goût pour le Néo-Classicisme ; cette œuvre lui permit d'étudier, avec une bourse, à l'Académie San Fernando de Madrid, où il obtint le premier prix en 1790 (les Rois Catholiques recevant une ambassade du roi de Fez, Madrid, S. Fernando). Après le retour du peintre à Valence, en 1792, son style — où se mêlent l'influence néo-classique de Mengs, de Bayeu, le goût des couleurs vives et une grande précision et sûreté dans le dessin — lui vaut d'importantes commandes : tableaux religieux, décors, portraits (Don Jorge Palacios de Urdaiz, v. 1789, Valence, Musée provincial ; Saint Vincent martyr, cathédrale de Valence). Promu directeur de la section peinture à l'Académie de San Carlos en 1801, il conquiert la faveur royale en 1802 lors d'une visite des souverains, qui apprécient sa Visite de Charles IV et de sa famille à l'université de Valence (Prado). Nommé peintre de Chambre, il exécute de nombreuses copies des peintres valenciens du XVIe s. pour le roi et demeure à Valence pendant la guerre d'Indépendance. À côté d'un Ferdinand VII avec l'habit de l'ordre de Charles III (mairie de Valence), on remarque plusieurs portraits du maréchal Suchet (1813).
Appelé à la cour par Ferdinand VII en 1814, il remplace en 1815 Maella, démissionné pour collaboration, comme premier peintre. Remplissant de nombreuses charges administratives, il s'occupe de l'école royale de peinture, nouvellement créée et, surtout, de la récupération des œuvres d'art dispersées par les guerres napoléoniennes et de la création du musée du Prado, dont il fut le premier directeur (1823-1826). Il est nommé directeur de peinture de l'Acad. San Fernando en 1819. À côté de quelques décors (Allégorie de la Donation du Casino à la reine Isabel de Bragance, 1818, Prado), notamment de quatre plafonds pour le Palais royal (Institution de l'ordre de Charles III, v. 1828), il est surtout le portraitiste officiel de la cour, des grandes familles, notamment les San Carlos (duc de San Carlo, 1841) et des hauts dignitaires, ecclésiastiques particulièrement. Habile et respectueux de leur statut, il souligne les moindres détails et traite avec précision, presque emphase, les tissus, les costumes chamarrés (Ferdinand VII, Banco de Espana, Madrid ; Hispanic Society, New York ; Ferdinand VII avec l'habit de l'ordre de la Toison, 1832, Rome, ambassade espagnole près le Saint-Siège ; Duque del Infantado, coll. part. Madrid). Éloignés du faste officiel, certains portraits traduisent un grand souci d'authenticité, une pénétration psychologique remarquable (l'Organiste Maximo López, 1820, Casón ; Portrait de Goya, fait lors d'un séjour de Goya à Madrid, 1826, Acad. San Fernando, Madrid). Même s'il est resté toujours attaché aux principes néo-classiques, alors que se diffusait le romantisme, ses derniers portraits révèlent l'influence d'Ingres, notamment après un séjour à Paris en 1844 (Dona Francisca de la Gandara, 1846, Madrid, Casón ; Condesa Viuda de Calderón, coll. part.). Son œuvre religieuse, influencée au départ par Maella, montre ensuite un classicisme adouci, où l'élégance ne tue pas le sentiment (Saint Augustin, 1810 ; Vierge des Désemparés, 1838). Ses deux fils Bernardo et Luis, également portraitistes, prolongèrent sa manière.
Lorck (Lorichs Melchior)
Peintre et graveur danois (Flensburg v. 1525 – Copenhague [?] v. 1583).
Artiste complexe et éclectique, également écrivain, cartographe, architecte et orfèvre, Lorck mena une vie aventureuse. Grâce à une subvention de Christian III, il voyagea la plus grande partie de sa vie en Allemagne, en Italie, en Autriche et jusqu'en Turquie (1556-1561), où il fut reçu par Soliman Ier, dont il grava le portrait. En 1580, il entra au service du roi Frédéric II. On ne connaît de lui qu'un seul tableau : la Vierge à l'Enfant avec saint Marc et des anges (1552, Copenhague, S. M. f. K.), mais nombre de ses dessins et gravures sont conservés à Copenhague (id.), à Paris (Louvre et B. N.) et au British Museum. D'une facture vigoureuse et précise, ils représentent des statues antiques, des portraits, des scènes de genre, des types et costumes populaires et exotiques, et sont de précieux documents iconographiques révélateurs de l'inlassable curiosité de leur auteur (série de gravures sur bois représentant des costumes turcs).