Nazaréens (les) (suite)
Les fresques du Casino Massimo
Après le succès remporté par les fresques de la Casa Bartholdy, le marquis Carlo Massimo, marié à la princesse Christine de Saxe, désira faire décorer sa maison de campagne du Latran, le Casino Massimo, l'ancienne Villa Giustiniani. Le travail dura dix ans, et le marquis mourut avant d'avoir vu sa commande exécutée complètement. Les 3 pièces furent décorées avec des scènes épiques tirées de Dante, du Tasse, de l'Arioste et de Pétrarque.
Cornelius devait décorer le plafond d'après " le Paradis " de Dante et Horny exécuter les guirlandes de fruits et de fleurs. Cornelius appelé à Munich, le marquis sollicita Koch, qui lui conseilla de confier la décoration à Philipp Veit, lequel ne l'acheva point, et Koch s'en chargea finalement.
Dans une autre salle, Overbeck travailla à l'exécution de la Jérusalem délivrée. À la mort du marquis en 1827, le peintre se sentit délivré de son contrat et partit pour Assise. Führich fut chargé de terminer la fresque dans la chambre du Tasse ; dans la pièce du milieu, la décoration, inspirée du Roland furieux de l'Arioste, fut confiée à Schnorr von Carolsfeld, qui l'acheva seul. Il se dégage de ces fresques un sentiment lyrique et pastoral. Les deux ensembles de la Casa Bartholdy et du Casino Massimo devaient jouer un rôle capital dans l'évolution de l'art allemand. Lorsque Schnorr travaillait au Casino Massimo, il avait déjà reçu par Louis de Bavière l'invitation d'aller rejoindre Cornelius à Munich. Führich, deux ans plus tard, retournera à Prague, et Overbeck restera le seul Nazaréen à Rome, jusqu'à sa mort, en 1869.
En 1819, les Nazaréens et quelques autres artistes de Rome organisèrent une exposition de leurs œuvres en l'honneur de la visite de l'empereur d'Autriche dans cette ville. Friedrich Schlegel, qui était conseiller aulique de Metternich, fit une longue description de cette exposition, dans laquelle il répondait aux attaques de Goethe ; mais, si l'empereur ne prêta guère attention aux Nazaréens, par contre le prince héritier de Bavière (1786-1868), qui devait régner plus tard sous le nom de Louis Ier, leur voua une très vive admiration et les invita plus tard à se rendre à Munich.
Au cercle des Nazaréens, on peut rattacher : Eduard von Steinle, qui vint à Rome en 1828 et qui accompagna Overbeck à Assise en 1829 ; Johann Evangelist Scheffer von Leonardshoff, élève de l'Académie de Vienne, qui, à l'âge de quatorze ans, prit part à la guerre de libération, vécut à Rome de 1814 à 1816, puis en 1820-21. Il fit partie de la confrérie de Saint-Luc en 1815 et mourut de consomption à l'âge de vingt-sept ans ; Friedrich Olivier, élève de l'Académie de Vienne, qui vint en 1818 à Rome ; Johann David Passavant, qui étudia à Paris avec David et Gros ; J. A. Ramboux, élève de l'Académie de Vienne, qui étudia à Paris et séjourna à Rome une première fois de 1816 à 1822, puis de 1832 à 1844.
Les Nazaréens eurent une grande influence en Italie sur le mouvement Il Purismo, qui avait pour chef de file Tommaso Minardi.
En France, ils marquèrent les peintres de l'école lyonnaise ; des artistes tels qu'Orsel, Périn, les Flandrin et même Chenavard furent en rapport avec eux. Ingres, nommé directeur de l'Académie de France à Rome en 1835, portait au groupe une admiration que celui-ci lui rendait. En Angleterre, les Nazaréens exercèrent une vive influence sur le mouvement d'Oxford et sur les préraphaélites anglais : Rossetti, Hunt, Ford Madox Brown ou le peintre religieux écossais William Dyce. Le peintre canadien Nicolas Bourassa séjourna en Italie entre 1852 et 1855 et rencontra sans doute Overbeck à Rome.