Fruhtrunk (Günter)
Peintre allemand (Munich 1923 – id. 1982).
Il étudia d'abord l'architecture (1940-41), puis, entre 1945 et 1950, il fut l'élève de William Straube. En 1952, il fréquenta l'atelier de Léger et, deux ans plus tard, il vint s'installer à Paris, où il travailla en 1955 chez Arp, rencontra les peintres de la gal. Denise René et exposa au Salon des Réalités nouvelles. Ses premiers tableaux abstraits utilisent un vocabulaire fait de surfaces géométriques disposées dans le plan et privilégient le carré, le rectangle et le cercle. Dans les œuvres des années 60, il simplifie son langage : les formes géométriques se réduisent alors à des raies et à des bandes de couleurs, qui, ordonnées dans le sens horizontal, vertical ou en oblique (Fragment, 1976) se succèdent rythmiquement en créant des effets d'optique ; la couleur pure, dans sa succession et sa gradation, devient ainsi un élément essentiel du tableau (Cantus firmus, III, 1964-65, Westfälisches Landesmuseum, Münster). En 1967, il est nommé professeur à l'Académie de Munich. Fruhtrunk est représenté dans de nombreux musées allemands ainsi qu'à Paris (M. N. A. M.), à Grenoble, Marseille et à Montréal.
Fry (Roger Eliot)
Critique d'art, peintre et érudit britannique (Londres 1866 – id. 1934).
Il étudia l'art et son histoire à Paris et en Italie après des études scientifiques à Cambridge. Auteur d'un essai sur Bellini (1899), il surprit ses contemporains en organisant en 1910, à Londres, aux Grafton Galleries, une grande confrontation internationale, " Manet et les post-impressionnistes ", qui, renouvelée en 1912, provoqua dans les milieux d'avant-garde une prise de conscience des évolutions de la peinture moderne, particulièrement en France. Fry promut ainsi, avec le New English Art Club, une influence de la peinture française sur l'art anglais du début du XXe s. Il fut aussi l'instigateur des Omega Workshops (1913-1919), ateliers créés dans la tradition des Arts and Crafts (1861) ; ils proposaient de nouvelles formules décoratives appliquées au mobilier et préfiguraient par certains aspects de leur programme l'entreprise germanique du Bauhaus (1919).
Depuis 1888, Fry pratiquait une peinture qui relevait d'un cézannisme mêlé au souvenir de Friesz (décoration de la salle à manger de la Borough Polytechnic, fragments à la Tate Gal. de Londres), et, en 1927, il consacra une étude à Cézanne (Cézanne, a Study of his Development). Familier du Bloomsbury Group, qu'animait Virginia Woolf (biographe de Fry, Duncan Grant, Clive et Vanessa Bell), très informé de l'art ancien grâce à ses nombreux voyages en Italie et en France (Giotto, 1900-1901), mais aussi ouvert à tous les courants contemporains (Seurat, 1926), il exposa ses théories dans Vision and Design, édité à Londres en 1920. Ses titres de conservateur du Metropolitan Museum (1905-1910), de rédacteur du Burlington Magazine (à partir de 1903) et de professeur à Oxford (1933) lui conférèrent une grande autorité, à laquelle porta atteinte l'inimitié de Wyndham Lewis, qui lui opposa dès 1913 le Rebel Art Center. La publication, par Denys Sutton, en 1972, de ses Lettres permit la réhabilitation du critique.
Sa collection, léguée au Courtauld Inst. de Londres, comprend un choix de ses propres peintures et des œuvres importantes de Bonnard, Rouault, Derain, Seurat, Sickert et Duncan Grant.
Fuchs (Ernst)
Peintre et graveur autrichien (Vienne 1930).
Il prit ses premières leçons de peinture et de sculpture à l'âge de treize ans et s'inscrivit en 1945 à l'Académie des beaux-arts de Vienne, où il fut de 1946 à 1950 l'élève de Gütersloh. C'est à cette époque que lui-même, Brauer, Hausner, Hutter et Lehmden formèrent le groupe qui allait devenir " l'école viennoise du réalisme fantastique ". Fuchs voyagea aux États-Unis (1954-1956) et séjourna fréquemment à Paris (1950-1959). Dès l'âge de seize ans, il notait ses visions de villes bibliques avec une maîtrise et une véhémence saisissantes. Tout d'abord séduit par l'art de Klimt et de Schiele, par celui de Pechstein, Campendonk, Munch, Moore, ainsi que par les monstres de Picasso, il s'efforça, à partir de 1946, d'atteindre à la minutie des maîtres anciens. Il prit pour modèles Grünewald, Altdorfer, Dürer, Schongauer, tout en étant sensible à l'art de Léonard de Vinci, à celui de Grosz et de Dix, dont l'influence se fait jour dans les œuvres qu'il exécuta jusqu'en 1955, notamment dans le Christ devant Pilate (1955-56, dessin au pinceau, coll. de l'artiste). En 1956, il se convertit au catholicisme et se consacra à la peinture religieuse. Les trois grands Rosaires (1958-1961, Vienne, église du Rosaire de Hetzendorf-Meidling) qui succédèrent au Moïse au buisson ardent (1956-57, Vienne, Österr. Gal.) constituent le chef-d'œuvre de cette période. Depuis 1961, l'artiste est à la recherche de ce qu'il désigne par le " style disparu ". William Blake, Gustave Moreau, le Symbolisme et l'Art nouveau exercent une grande influence sur son œuvre. Celle-ci s'enrichit, en outre, d'emprunts aux arts babylonien, hittite, assyrien et à l'art ancien américain, créant de grands décors lithiques (le Signe de Moïse, 1977-78). On doit à Fuchs des cycles de gravures tels que Samson (1960-1964), Esther (1964-1967) et Sphinx (1966-67). Il continue par la suite à peindre, dans des teintes très vives, des personnages mythiques dans des paysages (Arcadie, 1982-1984).
À travers une conception néoplatonicienne de l'artiste comme prophète, essentiellement religieux et mythologiques, les thèmes choisis par lui abordent aussi tous les aspects de l'individu et ceux du monde contemporain.
Füger (Heinrich)
Peintre autrichien (Heilbronn 1751 – Vienne 1818).
Il fit son apprentissage chez Guibal à Ludwigsburg, puis à Leipzig chez Oeser, qui avait déjà influencé Winckelmann et appris le dessin à Goethe. Il connut son premier succès à Dresde en peignant des portraits en miniature. En 1774, il se rendit à Vienne qu'il quitta en 1776 pour l'Italie grâce à une bourse donnée par la Maison impériale. Une miniature représentant l'Impératrice Marie-Thérèse entourée de sa famille (Albertina) est un témoignage de sa reconnaissance pour ses protecteurs. Il travailla d'abord à Rome chez Mengs, puis à la cour de Naples. Malgré ses relations avec Mengs et Trippel, il devint peintre d'histoire (deux esquisses sur l'histoire d'Hercule, Augsbourg, Staatsgalerie).
À partir de 1783, Füger résida à Vienne ; en 1795, il fut nommé directeur de l'Académie, où il joua un rôle capital et dont il fit le temple de l'enseignement néo-classique et de la tradition. Son importante culture classique lui permit de peindre des œuvres qui, comme au théâtre, devaient à la fois produire un effet esthétique et apporter une leçon morale. Il acquit une grande popularité grâce à ses illustrations de la Messiade de Klopstock. Sa manière très fluide, la grâce de ses personnages lui assurèrent le succès. Pourtant, v. 1810, de jeunes artistes de tendance romantique, dont Overbeck et Pforr, venus d'Allemagne à Vienne, protestèrent contre cet enseignement traditionnel et abandonnèrent l'Académie. En 1806, Füger exerça également les fonctions de directeur de la Galerie impériale autrichienne ; en 1809, devant l'approche des armées napoléoniennes, il dut mettre à l'abri les œuvres dont il avait la charge ; quelques tableaux destinés au musée Napoléon et restitués en 1815 durent, cependant, être remis à Vivant-Denon. Füger fut alors en butte au mécontentement des romantiques, qui lui reprochaient d'avoir abandonné de préférence des œuvres médiévales ; on sait aujourd'hui que Denon préférait la " naïve limpidité " de la peinture primitive allemande à la perfection de la Renaissance et qu'il n'eût pas été possible de l'en dissuader. L'activité de Füger comme miniaturiste et peintre d'histoire s'est surtout exercée avant 1800. Füger perdit progressivement la vue, ce qui explique peut-être en partie l'épuration de son style durant sa dernière période. Il existe de nombreux portraits de cet artiste, d'une parfaite maîtrise, parmi lesquels on peut distinguer celui, en buste, de la Baronne Saurau (1797, musée de Graz), celui de la chanteuse Theresia Saal, interprète du rôle d'Ève dans la Création de Haydn, un Autoportrait exécuté peu après 1800 et un portrait de la Baronne Dupont, de 1813 (tous trois à Vienne, Österr. Gal.). Füger est le principal représentant de la peinture néo-classique dans les pays germaniques.