Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Buonconsiglio (Giovanni) , dit il Marescalco

Peintre italien (Montecchio Maggiore, Vicence, v.  1465  – Venise 1536/37).

Il doit son surnom au métier de son père, Domenico, maréchal-ferrant. Il travailla dans le milieu provincial de Vicence, où il subit l'influence directe de Bartolomeo Montagna. À partir de 1494, sa présence est attestée à Venise, où, au contact de Giovanni Bellini et des Vivarini, son style s'affine (Les Saints Sébastien, Roch et Laurent, Venise, S. Giacomo dell'orio ; Saints Cosme, Thècle et Benoît, 1497, Venise Accademia). La structure " bellinienne " et le chromastime plus fondu adoucissent la solidité, héritée de Montagna, de la Madone avec des saints (1502, musée de Vicence). Il doit aussi sa réputation à la tragique Pietà (id.), à certains portraits d'une grande intensité (Portraits d'homme, Rome, Gal. Capitoline) et aux fresques de la cathédrale de Montagnana (Padoue).

Buraglio (Pierre)

Peintre français (Charenton 1939).

Après ses études à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, il travaille dans l'atelier de Roger Chastel, où il coudoie les artistes des mouvements Support-Surface (Vincent Bioulés, François Rouan, Claude Viallat) et B. M. P. T. (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni). Sous cette influence, son œuvre rompt avec la forme traditionnelle, et Buraglio se livre à une déconstruction du code pictural en ses divers composants (toile, châssis, pigments) afin de rendre compte de la vérité matérielle de l'œuvre. En 1964 apparaissent les " Recouvrements ", superposition d'une peinture sur une peinture, puis les " Agrafages ", qui sont une série de toiles découpées puis rassemblées comme dans Agrafage (1966, musée de Toulon), enfin les " Camouflages " à partir de 1968 (Mondrian camouflé, 1968). En 1969, Buraglio cesse tout travail pictural pour se consacrer à une activité politique militante et ce n'est qu'en 1974 qu'il se remet à peindre en utilisant des objets de récupération porteurs de picturalité : châssis et cadre imprégnés de couleur, fenêtres aux vitres bleues, rouges et vertes (Châssis recto-verso, 1974-75, musée de Grenoble ; Fenêtre, 1980, Paris, M. N. A. M. ; Fenêtre, 1987). Avec modestie et sobriété, Buraglio fait une œuvre qui offre une profusion de possibilités.

Burchfield (Charles)

Peintre américain (Ashtabula, Ohio, 1893  – Gardenville, New York, 1967).

Il est surtout célèbre pour ses aquarelles. Il eut comme professeur de 1912 à 1916, à la Cleveland Art School, Henry G. Keller, avant de se rendre à New York, où il exposa pour la première fois en 1916 des compositions abstraites utilisant de simples motifs floraux de manière symbolique. Vers 1920, Charles Burchfield se tourna cependant vers des formules plus réalistes (il détruisit alors la majeure partie de son œuvre antérieure) et puisa son inspiration, en fervent admirateur de l'écrivain régionaliste Sherwood Anderson, dans les paysages quotidiens de l'état de l'Ohio. Tout au long de sa carrière, il représenta ses thèmes favoris, simples maisons, forêts, en les imprégnant d'une atmosphère étrange et hautement personnelle (la Maison du mystère. 1924, Chicago. Art Inst.). En rejetant ses propres compositions abstraites, Burchfield se détourna du mouvement moderniste qui s'établissait à cette époque aux États-Unis (notamment autour de Stieglitz). Son régionalisme le conduisit à des solutions originales et typiquement américaines, sans rapport avec aucun antécédent européen. Il est représenté dans la plupart des grands musées américains et à la Tate Gal. de Londres.

Buren (Daniel)

Artiste français (Boulogne-sur-Seine 1938).

Buren se fait connaître en remportant le prix de la Biennale des jeunes en 1965. En novembre 1965, puis en automne 1967 avec Mosset, Parmentier et Toroni (B.M.P.T.), il présente des bandes verticales, égales, blanches et de couleurs alternées. Ce motif est adopté intuitivement et peut être exécuté par quiconque. Il ne se réfère à rien et constitue un fait visuel primaire. Refusant la peinture de chevalet en tant qu'objet d'échange typique de la société capitaliste, Buren a réalisé dans le monde entier des centaines de présentations où l'intérêt était chaque fois porté sur le lieu dans lequel est montrée l'œuvre. Le motif de bandes colorées peut être appliqué sur les supports les plus variés (toile, papier, plastique transparent) et toujours, par son adaptation à l'espace, il attire l'attention sur une caractéristique de cet espace. C'est en général dans le cadre des musées et des galeries que Buren est amené à montrer son travail, remettant ainsi perpétuellement en question le concept d'œuvre d'art et ses limites. Avec une constante rigueur, il se démarque très nettement de tout ce qui rattache l'artiste à la tradition romantique. Il a très nettement défini ses positions dans plusieurs textes : Limites critiques, Paris, gal. Yvon Lambert, 1970 ; À partir de là, musée de Mönchengladbach, R. F. A., 1975 ; Discordance/cohérence (en collab. avec R. M. Fuchs), Eindhoven, Van Abbe Museum, 1976 ; Rebondissements, Bruxelles, 1977. Chaque exposition est l'occasion d'une réflexion, qui porte le plus souvent sur les contradictions inhérentes aux institutions culturelles : intérieur-extérieur (le musée et la rue), le mur et la peinture (l'accrochage), le déplacement de l'œuvre et sa transformation dans le temps. En 1977, le M. N. A. M. de Paris a acquis et réalisé un projet de Buren, les Couleurs, qui consiste en 15 drapeaux, présentant des bandes verticales, accrochés sur divers bâtiments et monuments de Paris et visibles du Centre Pompidou soit à l'œil nu, soit au moyen de trois télescopes. À partir des années 80, notamment depuis " Points de vue ", sa première grande exposition à l'A. R. C. (M. A. M., Paris, 1983), vaste dispositif en corridor cachant l'architecture du lieu et ouvrant sur divers points de vue, et le " Labyrinthe " (Kunsthalle de Berne, 1983), le travail de Buren s'est considérablement amplifié. Selon son principe, Buren va adapter son " outil visuel " à des lieux monumentaux et prestigieux en réalisant des interventions in situ de plus en plus plastiques, ludiques et décoratives, appellation qu'il revendique pleinement, préférant se confronter à cette notion, qu'il considère dans son sens noble et non restrictif, plutôt que de l'éluder (château des ducs d'Épernon, Cadillac, 1984-85 ; château de Rivoli, 1985 ; Ushimado, Japon, 1985 ; Paris, M. N. A. M. ; Grenoble, musée, 1986 ; Paris, musée des Arts décoratifs, 1987). La commande publique controversée du Palais-Royal, Deux Plateaux (1986), lui a valu la reconnaissance du grand public et, à la Biennale de Venise de 1986, Buren a reçu le prix du meilleur pavillon étranger. Des " photos-souvenirs " documentent sur les œuvres, qui, la plupart du temps, sont éphémères. Cependant, elles ne remplacent pas l'œuvre et ne sont ni exposées ni vendues. Une importante exposition lui est consacrée (Bordeaux, C. A. P. C.) en 1991.