Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Altichiero

Peintre italien (Vérone, seconde moitié du XIV e s.).

Les rares documents concernant sa vie et ses œuvres (de 1369 à 1384) couvrent une période trop courte pour suffire à renseigner sur une carrière qui fut féconde et s'exerça presque exclusivement dans le domaine de la fresque à Padoue et à Vérone. Il est par contre bien documenté par les sources littéraires. Altichiero, qui certainement étudia longuement les fresques de Giotto à Padoue, a également subi l'influence de l'école giottesque transplantée en Lombardie vers le milieu du XIVe s. et celle de l'école émilienne de Tommaso da Modena.

   Son nom reste surtout attaché à deux cycles de fresques qui comptent parmi les plus importants de l'Italie du Nord à cette époque : les Scènes de la vie de saint Jacques (Padoue, basilica del Santo, chapelle S. Felice) et les Scènes de la vie du Christ, de saint Georges, de sainte Lucie et de sainte Catherine (Padoue, oratorio di S. Giorgio). Certains auteurs voient dans un peintre peu connu, Jacopo Avanzi, le collaborateur d'Altichiero. En effet, certaines différences stylistiques permettent de supposer que, si Altichiero conçut seul ces fresques, il se fit aider cependant pour leur exécution. Dans ces deux cycles, il déploie un véritable génie de conteur naturaliste ; il compose magistralement les scènes (grande Crucifixion, basilica del Santo), orchestrant savamment espace et personnages ; en même temps, observateur pénétrant, il décrit avec acuité les visages et les costumes, dépeint avec finesse les gammes de sentiments. Son emploi de couleurs variées et du clair-obscur est caractéristique de la culture du nord de l'Italie. De son activité véronaise, il ne subsiste que la fresque du Tombeau Cavalli (Vérone, église S. Anastasia), exécutée probablement peu av. 1390, après son retour de Padoue, et dans laquelle les nobles chevaliers, comme pour l'hommage féodal, sont représentés agenouillés devant le trône de la Vierge. On lui attribue aussi la décoration de la loggia de l'actuel Palais de la province (autrefois Palazzo Scaligero), figurant des têtes monochromes d'empereurs et d'impératrices romains.

   Altichiero fut l'un des derniers et des plus subtils représentants du trecento, dont il concrétisa les grandes inspirations avant que n'éclose à Vérone le Gothique international sous l'impulsion de Stefano da Verona qui fut sans doute formé auprès de miniaturistes lombards, et de Pisanello.

Alviani (Getulio)

Peintre italien (Udine 1939).

À partir de 1960, Getulio Alviani a fondé sa recherche sur l'utilisation d'un matériau neutre produit mécaniquement, l'aluminium, et la recherche d'effets optiques qui sont obtenus par le brossage de façon systématique des plaques du matériau . Celui-ci y réfléchit la lumière et change d'aspect en fonction de l'angle de vue du spectateur, créant l'illusion du mouvement : Superficie à texture vibratile (1961) est une composition géométrique créée selon des principes systématiques qui rappellent ceux de l'art concret suisse. Les œuvres de Getulio Alviani qui reposent sur des phénomènes purement optiques et mécaniques appartiennent au mouvement de l'art cinétique et ont donné lieu de la part de l'artiste à des réalisations d'environnement et de décoration monumentale. Getulio Alviani a participé à de nombreuses expositions, en particulier, celles de la Nouvelle Tendance, organisée à Zagreb, à partir de 1961, par Matko Mestrovic, et Arte programmata, organisée à partir de 1962 à Milan. Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques et privées, en particulier en Italie.

Aman (Theodor)

Peintre et graveur roumain (Campulung 1831  – Bucarest 1891).

Il se forma à Paris, chez M. M. Drolling et F. Picot et exposa en 1853 un autoportrait au Salon. Il accompagna le corps expéditionnaire français dans la guerre de Crimée (Bataille de l'Alma, Camp des zouaves) ; la Bataille d'Oltenitza remporta un succès en 1854 à Paris. Rentré en 1858 à Bucarest, Aman participa à la campagne pour l'union de la Valachie et de la Moldavie, réalisée en 1859. Fondateur et directeur de l'École des beaux-arts de Bucarest (1864-1891), il fut, pendant plus d'un quart de siècle, le principal animateur de la vie artistique en Roumanie. Il garde de son intérêt pour Couture une facture large mêlant les tons chauds, et se montre alors dans certaines batailles assez proche de Decamps. Dans les années 1870, il penche vers la virtuosité de Fortuny ou Munkaczy, déployant de grandes compositions aux figures animées ; sa palette s'éclaircit. Sa peinture, de goût académique, est engagée dans le combat pour l'indépendance du nouvel État roumain. Il est le meilleur peintre d'histoire de son époque (Défaite des Turcs à Calugareni, 1872, Boyards surpris au banquet par les émissaires de Vlad Tepes) ainsi qu'un excellent portraitiste et un bon peintre de genre (Hora d'Aninoasa, Réception en famille, Femme au chien) ; ses paysages sont dépourvus de lyrisme. Ses gravures à l'eau-forte évoquent des scènes de la vie rurale. La plus grande partie de son œuvre se trouve au musée Theodor Aman, installé dans l'ancienne demeure de l'artiste et au musée de la R. S. R. à Bucarest.

amassette

Outil de bois ou fine lamelle de corne ou d'ivoire qu'utilisaient les peintres lorsqu'ils broyaient les couleurs pour les amasser sur la palette.

Amat (Frédéric)

Peintre espagnol (Barcelone 1952).

De 1969 à 1973, Amat étudie la scénographie à Barcelone auprès de Fabià Puigselver et, parallèlement, il étudie l'architecture et commence à peindre. Ses premières expositions personnelles ont lieu à Barcelone (gal. Trilce, 1970, et gal. Aquitiniu, 1971), à Madrid (gal. Redor, 1972). À partir de 1977, il vit à Oaxaca (Mexique), puis s'installe en 1979 à New York. Hétérogène et métaphorique, l'œuvre d'Amat présente une certaine complexité. Si les figures animales, les signes sexuels et de mort dominent la peinture et les œuvres sur papier, ils sont également présents à l'intérieur des actions réalisées par l'artiste de 1973 à 1981, parmi lesquelles on peut citer les Actions Zeros (Barcelone 1973, Madrid 1977, New York 1978). Les expériences qu'il fait des matières et des supports, la liberté avec laquelle il trace les figures favorisent la rencontre de styles aussi différents que l'Action Painting, le Surréalisme, l'Expressionnisme abstrait ou figuratif... Des thèmes aussi classiques que la nature morte, l'autoportrait sont violemment transgressés pour libérer un univers fantasmatique, parfois fantastique.

   À partir de 1980, la reconnaissance de l'œuvre d'Amat est internationale et consacrée par des expositions : Milan (gal. del Naviglio, 1980), Berlin (gal. Lietzow, 1982), New York (gal. Monique Knowlton, 1984, et gal. Allan Frumkin, 1985). Amat vit à Barcelone et à New York. Il est représenté par les musées de Barcelone (musée d'Art contemporain) et de Madrid (Reina Sofia).