Bell (Vanessa)
Peintre britannique (Londres 1879 Charleston 1961).
Fille du critique et biographe sir Leslie Stephen, sœur de Virginia Woolf, elle étudie avec John Singer Sargent à l'école de la Royal Academy (1901-1904) et fonde le Bloomsbury Group, salon où se réunissent notamment Virginia Woolf, Clive Bell, Duncan Grant, Roger Fry, et, en 1905, le club du Vendredi, avec Duncan Grant, Nevison, Gertler et Bomberg. En 1910-1912 elle découvre le Post-Impressionnisme et l'art de Matisse. Elle peint alors des portraits calmes aux formes simplifiées et aux couleurs vives (Bathers in a Lanscape, 1913-14, Londres, V. A. M.), des œuvres abstraites (Abstract Painting, 1914, Londres, Tate Gal.). Elle est également active dans le domaine des arts décoratifs, souvent associée à Duncan Grant. De 1928 à 1939 elle séjourne régulièrement en France, à Cassis. En 1938, elle enseigne à la Euston Road School fondée par Coldstream et se lie avec des artistes de la génération de Pasmore. Trois ans après sa mort, The Arts Council of Great Britain, Londres, lui consacra une exposition.
Bellange (Jacques [de])
Peintre français (Nancy fin du XVIe s. – id. [ ?] av. 1624).
Peu de documents biographiques nous permettent de retracer la vie de cet artiste, dont la carrière semble se dérouler entièrement en Lorraine. Il est, dès 1603, peintre à la cour de Nancy. En 1605, il prend, selon Sandrart, un apprenti, Claude Deruet, et, l'année suivante, restaure la Galerie des cerfs du Palais ducal. En 1606, il est amené à jouer un rôle primordial dans l'organisation des fêtes données en l'honneur du mariage d'Henri de Lorraine et de Marguerite de Gonzague. Deux ans plus tard, il est envoyé en France pour étudier le décor des châteaux royaux (Fontainebleau ?) et, à partir de 1610, orne de fresques (auj. disparues) le Palais ducal de Nancy. On perd sa trace en 1617. Si les décorations de Bellange ont été détruites, si ses tableaux de chevalet ont presque tous disparu (à l'exception de l'Ange de l'Annonciation, signé, du musée de Karlsruhe, et de la Lamentation sur le Christ mort, du musée de l'Ermitage, dessin au musée de Dijon), ses gravures et ses dessins permettent de se faire une juste idée de son style (on peut se demander, cependant, si le nom de Bellange ne couvre pas auj. l'œuvre entier d'autres artistes contemporains, notamment celui de son homonyme Thierry Bellange). Beaucoup des dessins à la sanguine qui lui étaient donnés sont aujourd'hui rendus à Saint-Igny. Les dessins de Bellange (Louvre, E. N. B. A., Musée lorrain de Nancy, cabinets des Dessins de Munich, de Berlin, de l'Ermitage), essentiellement à la sanguine ou à la plume, poussent le Maniérisme jusqu'à ses dernières limites, alors que ses précieuses gravures (l'Annonciation, le Portement de croix, les Saintes Femmes au Tombeau, le Joueur de vielle), judicieusement comparées par Mariette à celles du Siennois Salimbeni, mêlent l'élégance à la perversité.
Belle (les)
Famille de peintres français.
Alexis Simon (Paris 1674 – ? 1734) fut l'élève de François de Troy et se consacra au portrait. Employé par la petite cour du prétendant Jacques Stuart à Saint-Germain-en-Laye, il est reçu à l'Académie en 1703 (portrait de François de Troy, Versailles). Il exécute les portraits de nombreux grands personnages des cours de France et de Pologne (Marie Leszczinska et son fils, Versailles ; Mlle de Béthisy et son frère, id.). Il peint dans un style qui rappelle encore celui de Mignard, sa personnalité tendant à s'effacer devant celle de ses modèles, à la différence de Rigaud ou de Largillière.
Son fils Clément (Paris 1722 – id. 1806) est reçu en 1761 à l'Académie, dont il devient professeur en 1765, puis recteur en 1790. Il exécute des commandes provinciales (Christ en croix, 1762, musée de Dijon), des décorations (Vénus et Adonis, 1772, musée de Poitiers) et des portraits vigoureux (François Nonotte, musée de Besançon) influencés par F. Lemoyne. La composition de ses grandes œuvres allégoriques et religieuses jouant sur les diagonales, la liberté de leur métier, le raffinement de leur coloris allant jusqu'à la monochromie permettent de penser qu'il subit fortement l'influence de Restout : Réparation de la profanation (1759, Paris, église Saint-Merri), Allégorie de la Révolution (1788, dépôt du Louvre au musée de Vizille).
Son fils Augustin-Louis (Paris 1757 – id. 1841) est son élève. Il témoigne dans ses tableaux d'histoire d'un goût académisant dû en grande partie à son séjour à Rome (1785-1790) : panneau central de l'Allégorie de la France (apr. 1790, Paris, Mobilier national).
Bellechose (Henri)
Peintre franco-flamand (Brabant, connu à Dijon de 1415 à 1440).
Après des débuts inconnus, il apparaît en 1415 à Dijon, nommé peintre en titre de Jean sans Peur à la mort de Malouel. Il peint des retables pour la chartreuse de Champmol et les châteaux ducaux, puis, négligé par Philippe le Bon, qui se fixe en Flandre, il travaille pour des églises de Dijon et meurt dans la misère entre 1440 et 1444. Une seule de ses œuvres subsiste, le Retable de saint Denis (Louvre), peint pour Champmol v. 1416. Son style dérive de celui des tableaux attribués à Malouel, dont il reprend les types, mais les formes sont plus massives et plus planes, le sentiment moins lyrique, l'esprit plus décoratif : Bellechose marque la fin, en Bourgogne, du Gothique international.
Bellegambe (Jean)
Peintre flamand (Douai v. 1470 – id. [ ?] 1534/1540).
Désigné par la tradition locale sous le nom de Maître des Couleurs, loué déjà au XVIe s. par l'historien Guichardin (1483-1540) et par Vasari (son portrait figure dans le Recueil d'Arras), il était complètement tombé dans l'oubli lorsqu'il en fut tiré avec éclat en 1862 grâce à l'historien A. Wauters, qui trouva un document de 1601 désignant par son nom l'auteur du fameux polyptyque d'Anchin (musée de Douai), la plus vaste et la plus significative production de l'artiste. Sa vie reste mal connue, hormis quelques mentions dans les archives douaisiennes, la première en 1504. Très apprécié, il rayonne sur toute la région : Arras, Cambrai et les fastueuses abbayes voisines de Douai (Flines, Anchin, Marchiennes), qui sont sans doute à l'origine de la profonde science théologique — dont témoignent notamment de très nombreuses inscriptions scripturaires — et de la complexité iconographique de ses retables. L'artiste n'est pas moins malaisé à connaître que l'homme. Sa formation reste inconnue, comme ses œuvres de jeunesse, et l'hypothèse généralement retenue est celle d'un apprentissage à Valenciennes dans l'entourage de Simon Marmion et de Jan Provost. Il se montre à la fois proche de l'Anversois Metsys et du milieu brugeois (Gérard David) par sa technique légère et son coloris séduisant, voisin des maniéristes anversois et bruxellois par le goût des architectures Renaissance surchargées, l'agitation des personnages (surtout dans les petites figures massées à l'arrière-plan de ses tableaux). Bellegambe représente un milieu particulier : les Pays-Bas d'expression française (au XVIe s., Douai, en Flandre wallonne, n'appartient pas encore au roi de France) ; il peint déjà avec une sorte d'esprit français, apaisant et clarifiant les hardiesses qu'il retient du style flamand, organisant ses compositions selon une souple symétrie, comme dans l'Adoration des bergers (1528, cathédrale d'Arras), et donnant ainsi à son maniérisme gothique tardif une nuance de sagesse archaïque et traditionaliste, non dépourvue de charme. Les putti et angelots, pleins de vie et de naturel, qui contrastent avec la raideur des adultes, constituent l'un de ses motifs préférés. La majorité des œuvres de Bellegambe sont conservées en France : cathédrale d'Arras, Louvre, musées de Lille (Bain mystique), de Douai (Polyptyque d'Anchin), de Chaalis, d'Alès et d'Angers. Mais celles de l'Ermitage, du Metropolitan Museum, du musée de Varsovie et de Berlin comptent aussi parmi ses créations les plus remarquables.