Balen (Hendrik Van)
Peintre flamand (Anvers 1575 – id. 1632).
Élève d'Adam Van Noort, il est reçu maître dès 1592, mais ne commence à avoir des élèves qu'en 1602 (notamment Van Dyck et Snyders). Entre 1593 et 1602, il a dû séjourner en Italie, en particulier à Venise, où il vit Palma le Jeune, à qui il doit beaucoup pour ses types féminins et son coloris. Il est surtout redevable à Rottenhammer : il l'a parfois imité plus tard littéralement ; ce dernier est souvent confondu avec lui. Van Balen peint avec minutie, presque toujours sur cuivre, de petites figures dans un style aimable et encore maniériste, et érige pratiquement en principe le recours, si fréquent chez les peintres du Nord, à des spécialistes pour le paysage, les animaux et les architectures : Bruegel de Velours sera l'un de ses paysagistes préférés (l'Air, Louvre, 1621, dans la série des Quatre Éléments, peints pour le cardinal Borromeo). Obéissant à la vogue du tableau de cabinet chez les amateurs humanistes de cette époque, il choisit presque toujours des sujets mythologiques, avec une prédilection pour le thème du Banquet des dieux (musée d'Angers ; Louvre). Lorsqu'il se risque à un thème plus osé (le Jugement de Pâris, 1608, Bucarest), son traitement reste charmant, nullement agressif, comme l'est parfois l'école de Prague. Toute cette " petite " peinture de production facile, fort peu évolutive, reste en marge de la grande manière baroque rubénienne, qui ne commencera à marquer vraiment Van Balen qu'après 1620. Dans sa dernière période, celui-ci se remit en effet aux grands tableaux d'autel, sous l'influence de son élève Van Dyck. Ses tableaux de cabinet sont très répandus, mais ont été aussi souvent copiés. Le Brun avait un de ses tableaux dans sa collection. Van Balen a également exécuté des cartons de vitraux.
Balestra (Antonio)
Peintre et graveur italien (Vérone 1666 – id. 1740).
Il s'initia à la peinture à Venise, mais l'étape fondamentale de sa formation fut son séjour à Rome v. 1690, à l'école de C. Maratta. Il y reçut cette empreinte académique qui devait faire de lui, à son retour de Vénétie, le représentant d'un style conservateur lié à la tradition bolonaise et s'opposant à la mode rococo. Partageant son activité à partir de 1695 entre Vérone et Venise (Vierge avec les saints Stanislas Kostka, Louis et François Borgia, v. 1729, Venise, église des Jésuites ; Martyre de saint Jean l'Évangéliste, 1722, église S. Stae), il y exécuta de très nombreuses œuvres, dont la construction rigoureuse confère une apparence de solidité à un langage par ailleurs gracieux et plaisant.
Baljeu (Joost)
Peintre, sculpteur et théoricien néerlandais (Middelburg 1925 – Amsterdam 1991).
De 1954 à 1955, ses premières œuvres passent du Post-Cubisme à l'Abstraction géométrique puis, dans une évolution rapide, au Néo-Plasticisme et à l'utilisation du relief : ses compositions sont faites de plans disposés à l'intérieur d'une structure orthogonale en creux. Baljeu va introduire ensuite des épaisseurs qui vont apparenter ses reliefs à ceux de Jean Gorin, de Charles Biederman ou de Ben Nicholson (Relief V, 1955-1957, musée de Grenoble), où la lumière joue sur des surfaces blanches. De plus en plus préoccupé par l'occupation de l'espace (Relief construction III, 1957), il en vient bientôt à utiliser la troisième dimension en construisant des reliefs avec des plans disposés selon un principe horizontal-vertical et toujours assemblés par juxtaposition. Il passe franchement dans l'espace avec ses sculptures en ronde bosse, qui utilisent parfois un module répété. Ses œuvres sont souvent réalisées à l'échelle monumentale. Baljeu a cherché à appliquer ses recherches dès 1957, avec Dick Van Woerkom, à l'architecture, en réalisant des projets de maisons et des aménagements urbanistiques. Parallèlement, il a développé une importante activité sur le plan théorique en publiant des textes de réflexion (Mondrian or Miró, Amsterdam, 1958), en éditant la revue Structure, qui comptera 11 numéros publiés à Amsterdam de 1958 à 1964 et qui a été le principal bulletin de liaison du Constructivisme international au cours de ces années, en organisant des expositions (Experiment in constructie en 1962 au Stedejilk Museum d'Amsterdam), en publiant des livres d'histoire de l'art (Théo Van Doesburg, Londres, 1974). Une exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1969 à Amsterdam au Stedejilk Museum, puis en 1975-76 au Gemeentemuseum de La Haye. L'artiste est bien représenté dans les musées néerlandais.
Balke (Peder)
Peintre norvégien (Helgøya, Heldmark, 1804 – Oslo 1887).
Il fit ses études à Oslo (1827), à l'École royale de dessin, auprès de J. Munck, à Stockholm (1829-1833), où il fut l'élève de Fahlcrantz, et à Dresde (1835-1836 et 1843-1844), où il eut comme professeur son compatriote J. C. Dahl. Dès les années 1840, il se spécialisa dans la peinture de marines. Pendant son séjour à Paris (1845-1847), il reçut de Louis-Philippe la commande de 33 paysages du nord de la Norvège destinés au château de Versailles (esquisses, Paris, Louvre). La révolution de 1848 l'empêcha d'exécuter ce projet. Après deux autres années passées à Dresde (1847-1849), Balke retourna à Oslo. Il s'efforça désormais d'exprimer, dans un style très personnel, les impressions de son voyage de 1832 en Norvège septentrionale (Finnmark). Au nombre de ces peintures de caractère dramatique, citons : le Phare de Vardoc (Oslo, Ng) et la Forteresse de Vardoehus (Bergen, Billedgalleri).
Balla (Giacomo)
Peintre italien (Turin 1871 – Rome 1958).
Ses premiers paysages dérivent de la tradition de l'esquisse du XIXe s. turinois et plus précisément du courant naturaliste, imprégné de symbolisme, marqué par Eugène Carrière, et sensible aux recherches divisionnistes (Pelizza da Volpedo, Segantini et Previati). Un séjour à Paris en 1900 le met en contact plus direct avec le Divisionnisme (Faillite, 1902). Vers 1901, Boccioni et Severini fréquentent son atelier. Dès ce moment sont entreprises les recherches thématiques et formelles qui aboutiront au Futurisme. Conduit par son idéal social et humanitaire, Balla exécute des peintures évoquant le monde contemporain, progrès technique, banlieues industrielles et milieu des ouvriers (la Journée de l'ouvrier, 1904 diptyque montrant le jour et le soir sur une chantier de construction). En 1909, la Lampe à arc (New York, M. O. M. A.) fonde le Futurisme en peinture par son sujet " antiromantique ", son traitement plastique et la décomposition de la lumière, qui ouvre la voie aux travaux futurs de l'artiste.
Lorsqu'il signe en 1910 le Manifeste des peintres futuristes, il a déjà acquis une grande notoriété. Il va s'attacher à l'étude du mouvement et de la vitesse : Étude sur le vol des hirondelles (1913, New York, M. O. M. A.), Dynamisme d'un chien en laisse (1912, Buffalo, Albright-Knox, Art Gallery), qui présentent des points communs avec le photodynamisme de Bragaglia, et surtout Fillette courant sur un balcon (1912, Milan, Civica Gallerie d'Arte Moderna), qui montre le mouvement décomposé en une succession de phases juxtaposées dans une technique pointilliste et non pas en référence au Cubisme. Il s'abstient de toute élaboration théorique et fonde intuitivement ses recherches sur ses propres œuvres. Marqué ensuite par le Cubisme, il va développer jusqu'à l'extrême limite la décomposition du mouvement avec des œuvres telles que Automobile en course (1912, New York, M. O. M. A.), Vitesse abstraite, bruit (1913, Venise, fond. Guggenheim.), qui montre des séquences limitées par des arcs de cercle et traversées par des lignes obliques, et surtout Vitesse d'une automobile + lumière + bruit (1913, Zurich, Kunsthaus), qui présente un jeu de facettes traduit en clair-obscur disposé dans des registres verticaux parallèles. Il entreprend aussi en 1912 la série des Compénétrations iridescentes, qu'il poursuivra jusqu'en 1914 et qui, plus que la recherche de la traduction de mouvement, se présente comme une série d'études de la lumière et de la couleur fortement imprégnées de doctrine théosophique Compénétration iridescente n° 7, 1912, Turin, G. A. M.).
Son œuvre Mercure passant devant le Soleil (1914, Milan, coll. Mattioli ; Vienne, musée du XXe Siècle ; étude à Paris, M. N. A. M.) confirme cette volonté d'aboutir à une représentation cosmique. Il exécute en 1915 des compositions d'une abstraction dynamique en faveur de l'intervention italienne dans la guerre (Chant patriotique Piazza di Siena, Drapeaux à l'autel de la patrie, 1915. À la fin de la guerre et jusque vers 1930, il continue à peindre des tableaux où le rythme joue un rôle métaphorique (Paysage + Sensation de pastèque, v. 1918, Rome, Institut suisse) ainsi que de curieux tableaux qui anticipent parfois sur le pop art (Chiffres amoureux, 1926, qui représente les chiffres 8, 4, 5 et 3 en perspective). Balla participe en 1925 à l'exposition internationale des Arts décoratifs à Paris avec deux grandes tapisseries, Mères, voile et vent et le Génie futuriste.
Il pratiqua, en outre, diverses autres formes d'expression : sculpture, décoration (meubles ; étoffes, en particulier pour la maison Loewenstein à Düsseldorf, 1912-1914, détruite ; décors de théâtre), architecture, dessin. Il fit de sa propre habitation romaine le terrain d'application de son manifeste de 1915 " Reconstruction futuriste de l'Univers ". À partir de 1930, il revient à la peinture figurative : ses derniers paysages urbains et ses portraits en sont la plus intéressante expression. Il exposa à la Biennale de Venise pour la première fois en 1909, puis en 1926 et en 1930 avec le groupe futuriste, participant à toutes ses manifestations jusqu'en 1931. Les M. A. M. de Rome, Milan, Zurich, Amsterdam, New York et de nombreuses coll. part. (en particulier, à Rome, la coll. Balla) conservent ses peintures. La G. A. M. de Rome a organisé en 1972 une importante rétrospective de l'artiste, suivie en 1985 d'une exposition consacrée à la période 1912-1928 à Zurich.