Schöffer (Nicolas)
Artiste français d'origine hongroise (Kalocsa 1912 – Paris 1992).
Après avoir fréquenté l'École des beaux-arts de Budapest, Schöffer se fixe dès 1936 à Paris, où il complète sa formation. À partir de 1950, il applique avec rigueur sa réflexion sur ce qu'il appelle le " spatiodynamisme ", avant de montrer, en 1956, sa première Sculpture cybernétique. Les sculptures spatiodynamiques de Schöffer, qui ne sont pas sans évoquer le Néoplasticisme, installent sur un bâti vertical, investissant l'espace, un réseau de formes carrées ou rectangulaires, le plus souvent en acier inoxydable. À cette formulation première, Schöffer ajoute la couleur, la lumière et le mouvement, utilisant la cybernétique : ainsi dans la Tour spatiodynamique et cybernétique de Liège, exécutée en 1962, associant en une structure de 52 mètres de haut soixante-six miroirs tournants et cent vingt projecteurs contrôlés électroniquement. Il réalise aussi la même année à Paris un Spectacle audiovisuel luminodynamique projeté sur la façade du palais des Congrès. Schöffer devient vite un des représentants majeurs de l'art cinétique. Son grand projet, dont il présente une première maquette en 1963, est celui de Tour Lumière cybernétique, qu'il souhaite réaliser à la Défense. Un ordinateur y aurait reçu des informations très diverses sur l'intensité de la circulation, les données météorologiques, les événements sociaux ou politiques, etc., et commandé selon ces données l'animation d'éclairage de la tour. Schöffer tient à montrer l'importance sociale du créateur, dont les œuvres, par le moyen des techniques les plus modernes, doivent pénétrer tout le tissu social et opérer en chemin " une modification [...] dans le sens de la transcendance, de la sublimation et de l'enrichissement spirituel ". Si l'art cinétique a fait long feu, l'idée d'" art et programmation " a continué à intéresser Schöffer, qui enseigne sur ce thème de 1969 à 1971 à l'École des beaux-arts. S'ouvrant plus tôt que les autres pays de l'Est, la Hongrie a fait de Schöffer un véritable héros national, lui consacrant un musée. Sa présence au Jewish Museum de New York, au M. A. M. de la Ville de Paris dès 1959, au M. N. A. M. ou à la G. A. M. de Rome, ne donne qu'une idée restrictive de la diffusion de la pensée et de l'action de Schöffer, théoricien, conférencier, créateur de films et de spectacles cybernétiques.
Scholderer (Otto)
Peintre allemand (Francfort 1834 – id. 1902).
Il fréquente le Städel. Inst. de Francfort, où il est l'élève de Passavant et de Jacob Becker, qui le forment dans l'esprit des Nazaréens et lui enseignent la peinture de genre de Düsseldorf. Ce sera pourtant Courbet, découvert grâce à son futur gendre Victor Müller, qui lui donnera un choc décisif. Au cours de ses séjours à Paris (1858-1859 et 1868-1870), Scholderer fréquente l'atelier de Courbet et le cercle de Manet, mais se rapproche surtout de Fantin-Latour (il figure dans l'Atelier aux Batignolles, 1870). À partir de 1866, il se fixe à Düsseldorf et entretient également des relations d'amitié avec le jeune Thoma, qu'il guidera dans sa vocation.
Scholderer, qui, dans le cercle des peintres de plein air de Kronberg, avait peint les paysages du Taunus et de la Forêt-Noire au cours des années 1860, se rend en 1871 à Londres, où il s'efforce pendant vingt-huit ans de satisfaire au goût du public, tout d'abord par des portraits, puis par des tableaux inspirés de la littérature. Ses œuvres de jeunesse sont les plus significatives et il excelle notamment dans la nature morte (Harengs et œufs, Francfort, Städel. Inst.). Ses thèmes, sans prétention, sont traités dans une touche sensible et nuancée, formée à l'école de la France, qui capte la lumière sans toutefois dissoudre l'objet (Bouquetière, 1869, Brême, Kunsthalle).
Scholte (Rob)
Peintre néerlandais (Amsterdam 1958).
Après des études à la Minerva Academy de Groningue (1975-76) puis à la Gerrit Rietveld Academy d'Amsterdam (1977-1982), où il étudie les techniques audiovisuelles, Scholte commence à peindre des séries de tableaux. Grand consommateur d'images tirées de l'iconographie de la peinture classique, de la publicité ou de la réalité, juxtaposées sans souci de hiérarchie, Scholte se montre peu intéressé par les qualités sensuelles de la matière picturale et met un accent particulier sur la technique précise et réaliste. Cet usage du caractère imitatif de la peinture, qui confère à ses œuvres la perfection de produits standardisés, banalise les images et défie, sous forme de dérision, la peinture elle-même, tel ce clown mécanique peignant, de manière automatique, le Cri de Munch (le Cri, 1985). Inventant des rencontres d'images qu'il fixe sur la toile, Scholte joue avec les caractéristiques techniques, visuelles, linguistiques des images et piège les composantes qui s'entrechoquent dans des séries de toiles, ainsi dans l'Étoile polaire, à la fois constellation, étoile de cinéma, navire... (exposition gal. Living Room, Amsterdam, 1984), ou dans les Portraits, où sont combinés des éléments connotés (Nachtlicht, 1984).
Son œuvre, présentée dans plusieurs manifestations internationales (XVIIIe biennale de São Paulo, 1985 ; Documenta 8, Kassel, 1987), a fait l'objet d'expositions à Lyon, musée Saint-Pierre, 1987, et à Rotterdam, B. V. B., 1988 ; elle est représentée aux Pays-Bas (Amsterdam, Stedelijk Museum ; Rotterdam, B. V. B.) ainsi qu'à Lyon, musée d'Art contemporain (la Théorie des dominos, 1987).
Schönberg (Arnold)
Peintre et compositeur autrichien (Vienne 1874 – Los Angeles 1951).
Dès 1910, Arnold Schönberg présente une cinquantaine de dessins et aquarelles lors d'une exposition personnelle à la librairie d'art de Hugo Heller. Cette activité reste cependant marginale par rapport à ses recherches musicales. Elle est principalement due à son amitié avec le peintre Richard Gerstl qui le décidera à adopter le pinceau. Ses œuvres les plus connues sont les portraits et autoportraits qui émergent chaque fois comme des apparitions fantasques sur des fonds monochromes. S'il peint une douzaine de paysages dans lesquels se lit clairement la double influence expressionniste de Van Gogh et de Munch, Schönberg est surtout reconnu pour la force convulsive et parfois quasi abstraite de ses visages dont certains se réduisent à un œil esquissé par des couleurs vives. On retient aussi de sa production plastique quelques études préparatoires pour les mises en scène de certains de ses drames, notamment les esquisses abstraites et lumineuses pour Glückliche Hand. Ses liens privilégiés avec Kandinsky sont déterminants pour comprendre l'importance de la théorie des correspondances entre les sons et les couleurs dans l'émergence de l'abstraction. Wassily Kandinsky consacre d'ailleurs en 1912 un texte aux œuvres de Schönberg qu'il qualifie de " peintures de l'essentiel ". Le M. A. M. de la Ville de Paris a présenté en 1995 une importante exposition sur les portraits de Schönberg.