Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Schad (Christian)

Peintre allemand (Miesbach 1894  – Keilberg 1982).

En 1913, Schad se forme à l'école des Beaux-Arts de Munich. Prenant le chemin de l'exil en 1915 pour échapper à la guerre, il s'établit à Zurich et collabore aux revues d'avant-garde die Weissen Blätter et die Aktion. Walter Serner le rencontre au moment de la création de sa revue Sirius. Ses dessins et ses peintures sont alors largement influencés par l'Expressionnisme et le Cubisme. À cette date, Schad est en relation avec Hans Arp, Hugo Ball et Emmy Hennings. Se rendant à Genève en 1916, il expose au salon Neri et organise avec Serner le bal Dada. En 1918, une technique proche des " Rayographs " de Man Ray qui consiste à saisir l'empreinte des objets réels sur du papier sensible lui permet de réaliser ses premières " photographies sans caméra " : ces œuvres sont, avec les reliefs colorés, sa principale contribution au mouvement Dada. Tzara les baptise " Schadographies ", du nom de leur auteur, en 1920 dans Dadaphone. De retour à Munich en 1920, Schad prend conscience qu'un bouleversement général des valeurs est en train de s'opérer. C'est alors le séjour en Italie, le retour aux vieux maîtres, la leçon de la Renaissance et le long cheminement vers une figuration objective. En 1920, partant pour Rome, il rencontre Prampolini et Evola puis gagne Naples, où apparaissent ses premiers tableaux réalistes (Maria et Annunziata du port, 1923, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza). Les peintures exécutées entre 1925 et 1930, surprenantes par l'effet de distanciation des modèles, constituent le sommet de son œuvre. À Vienne (1925) et à Berlin (1928), il donne de la société contemporaine une galerie de portraits unique en son genre (Autoportrait, 1927, coll. part. ; Portrait du comte Saint-Genois d'Anneaucourt, 1927 ; Sonia, 1928 ; Agosta, l'homme ailé, et Rasha, la colombe noire, 1929 ; Opération, 1929, Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus). Il est considéré comme l'un des principaux représentants de la Nouvelle Objectivité, et la galerie Wurthle lui consacre à Vienne en 1927 sa première grande exposition personnelle : à cette occasion, Max Osborn publie une importante monographie. En 1933, cherchant à faire oublier aux nazis son passé de dadaïste, il se retire à Keilberg pour peindre des paysages. En 1942, la ville d'Aschaffenburg lui commande une copie de la Vierge de Stuppach de Grünewald. Schad semble néanmoins avoir donné le meilleur de lui-même avant la Seconde Guerre mondiale, comme si son art, aussi attentif à traduire les sentiments de son époque, ne pouvait que finir avec elle.

Schadow (Wilhelm von)

Peintre allemand (Berlin 1788  – Düsseldorf 1862).

Fils du sculpteur et directeur de l'Académie de Berlin G. von Schadow, il entre à l'Académie en 1808. Grâce à l'aide de Humbolt, il séjourne en Italie (1811), où il appartient au cercle d'Overbeck et à l'Académie de Saint-Luc ; il collabore à la décoration de la Casa Bartholdy. En 1826, il remplace Cornelius comme directeur de l'Académie de Düsseldorf jusqu'en 1859, en réorganise l'enseignement et fait de Düsseldorf un centre artistique de premier plan : Lessing, Rethel, Feuerbach y seront élèves.

   Sa peinture très idéalisée, aux thèmes religieux mais aussi poétiques et lyriques, est fortement influencée par la haute Renaissance italienne (les Vierges sages et les vierges folles, 1837, Düsseldorf, Kunstmuseum ; Portrait de B. Thorvaldsen, Wilhelm et Robert von Schadow, 1814, musées de Berlin). Son coloris peu à peu plus chaleureux l'oppose aux Nazaréens (Jeune Romaine, 1818, Munich, Neue Pin.).

Schaffner (Martin)

Peintre allemand (Ulm 1477/78  – id. 1546/1549).

Dernier représentant de la tradition ulmoise, Schaffner, dont l'œuvre est vaste, subit l'attraction de B. Zeitblom, avant de se rallier à l'esthétique nouvelle de Dürer. Contemporain de Schaufelein, à qui il emprunte une certaine amabilité et des dons de conteur (Adoration des mages, musée de Nuremberg), il lui est supérieur par ses recherches des effets décoratifs et sa traduction de l'espace (Retable des augustins de Wattenhausen, 1523-24, Munich, Alte Pin.). Artiste éclectique, nourri des leçons italienne et flamande (Retable Hutz, maître-autel de la cathédrale d'Ulm, 1521), il fait preuve dans ses portraits d'un réalisme sincère et parfois pathétique (Eitel Hans Besserer I von Schnürpflingen, 1529-30, Munich, Alte Pin.) et d'un sens raffiné des couleurs dû sans doute à son origine souabe et à des contacts avec les peintres d'Augsbourg.

Schalcke (Cornelis Symonsz Van der)

Peintre néerlandais (Haarlem 1611  – id. 1671).

Sacristain de Saint-Bavon à Haarlem, membre du corps des archers de Saint-Georges (il figure sur le tableau de Frans Hals de 1639), il s'adonna également à la peinture entre 1640 et 1664, se spécialisant dans le paysage, où il subit l'influence de son compatriote Adriaen Van Ostade. Comme ce dernier — indirecte conséquence du passage de Brouwer à Haarlem et signe du rembranisme alors à la mode —, il affectionne les nocturnes : Porc écorché au clair de lune (1644, Mauritshuis). Ses plus beaux paysages — sa production datée connue remonte à 1640 — sont des vues de dunes boisées traitées en frottis brun doré sous une chaude lumière et avec une sorte de tension expressionniste qui révèle la connaissance de Rembrandt. À cette influence s'ajoute plus tard la leçon traditionnelle de Molyn, Van Goyen et enfin de Van Ruisdael, dont Schalcke en d'autres occasions se montre fort proche (dessin de 1660, Paris, Inst. néerlandais). Comme bons exemples de l'art un peu méconnu de Schalcke, on citera le Paysage (1645) de la coll. Bok à Philadelphie, qui a été décrit comme son chef-d'œuvre, le Paysage très voisin, jadis attribué à Brouwer, du Louvre et la Vue de dunes (1652) des musées de Berlin.

Schalcken (Godfried Cornelisz)

Peintre et graveur néerlandais (Made, près de Dordrecht, 1634  – La Haye 1706).

Il fut d'abord l'élève de Samuel Van Hoogstraten, à Dordrech entre 1656 et 1662, puis surtout celui de Gerrit Dou à Leyde. Indirectement donc, il relève de Rembrandt, puisque ses deux maîtres ont été des élèves de celui-ci. Sa brillante carrière se déroule à La Haye, à la cour de Guillaume III d'Angleterre (1692-1697) et à Düsseldorf, où siège l'Électeur palatin, Johann Wilhelm (1703). Son œuvre, considérable, qui concerne tous les genres, est représentée notamment à Amsterdam, Dresde, La Haye, Londres, Paris et Munich. Schalcken est surtout connu par ses éclairages artificiels à la bougie (Portrait de Guillaume III, Rijksmuseum ; Madeleine pénitente, musée de Brest ; Couple éclairé par une bougie, Louvre), bien que ses œuvres exécutées à la lumière du jour soient nombreuses (Portrait de Guillaume III, Mauritshuis). Il fut longtemps un simple imitateur de Gerrit Dou, puis, en abordant le portrait et les sujets mythologiques, il renouvela sa conception de l'éclairage artificiel au contact de l'art de Rembrandt. Schalcken prolonge jusqu'au XVIIIe s. le goût d'une peinture finie, lisse et délicate ; ses réussites sont souvent comparables aux plus belles œuvres de Werff ou de Mieris. Parmi ses nombreux élèves, il eut le peintre de genre Carel de Moor (1656-1738), sa sœur Marie et son neveu Jacob (1683-1783).